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Un ministre peut-il dire ça ?

Hier soir en direct sur le média en ligne Brut, Jean-Michel Blanquer a réitéré ses propos sur l’utilisation d’une partie de l’allocation de rentrée scolaire qui servirait à acheter des téléviseurs « écran plat », suggérant ainsi que les classes populaires utiliseraient mal les aides fournies. Toutes les enquêtes et informations disponibles le démontrent pourtant : une telle affirmation est fausse et ne repose sur rien, hormis une condescendance pour les plus démunis de la société française.

Chaque année, on entend quelques commentateurs ou responsables politiques qui s’échinent à dire que l’allocation de rentrée scolaire serait utilisée pour tout autre chose que sa fonction première, à savoir aider à la rentrée des enfants écoliers, étudiants ou apprentis de 6 à 18 ans. Environ 3 millions de familles bénéficient  de cette aide sociale, d’un montant de 370,31 euros à 404, 28 euros par enfant selon l’âge. Alors que la situation économique des plus modestes est fragilisée par une crise sanitaire qui perdure, on a encore entendu ces jours-ci des propos stigmatisant les milieux populaires.

Cela ne mériterait pas une seconde d’attention si Jean-Michel Blanquer n’avait pas repris de telles affirmations galvaudées. Les intentions sont évidentes : montrer que l’ARS n’est pas un dispositif efficace et que les familles modestes gaspillent l’argent que l’État et la communauté nationale leur attribuent. Il est vrai que si c’est pour dépenser « un pognon de dingue » (pour citer le Président de la République), si c’est pour qu’une partie de la société gaspille cet argent, il vaut mieux changer ce système d’aide de rentrée créée en 1974. Mais est-ce vraiment le cas ? Les familles touchant l’ARS achètent-elles en masse des écrans plats à la rentrée plutôt que des fournitures scolaires ?

Non ! Tout cela est faux. Et ce n’est pas un avis ou un jugement, c’est ce que plusieurs médias ont révélé, preuves à l’appui. On ne compte plus les nombreux journaux ou rédactions de chaînes de TV qui ont abordé depuis deux jours ce sujet. Mais rien n’y fait et le ministre continue d’affirmer que l’ARS sert à payer des écrans plats. Et au fond, si c’était vraiment le cas, cela serait-il grave ? Ne peut-on pas concevoir l’écran de télévision comme un relais éducatif ? N’a-t-on pas le droit lorsqu’on est issu d’un milieu modeste ou précaire, de vouloir distraire ses enfants ?

Il faudrait retrouver davantage de sérénité sur ce sujet en cette nouvelle rentrée scolaire. À l’heure où les inégalités se développent en France et où le système scolaire peine à réduire les fractures sociales, il ne faut pas se tromper de diagnostic. Ce n’est pas de condescendance dont ont besoin les plus modestes. La solidarité, au cœur de notre modèle social, ce n’est pas la charité.  La cohésion nationale, ce n’est pas le mépris envers celles et ceux qui ont peu. L’éducation est un levier essentiel pour lutter contre les inégalités sociales et l’UNSA Éducation agit et agira sans faille pour améliorer notre système éducatif et renforcer notre modèle social afin que chacun et chacune puisse vivre décemment avec des revenus suffisants.

La prise de position du SE-UNSA: « Allocation de rentrée scolaire : non à la suspicion envers les familles précaires » 

Le décryptage des faits par Libération

(De nombreux médias ont abordé ce sujet, nous citons celui-ci à titre d’exemple)

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