Trump s’en prend au ministère de l’éducation

La secrétaire à l’éducation Linda Mc Mahon est en fonction depuis le 3 mars. Lors de son audition par le congrès, étape obligatoire, elle confirme la feuille de route du président. Elle doit « se mettre elle-même au chômage » par son action gouvernementale. L’objectif est bien d’entrer dans une démarche de service privé de l’éducation. Elle a répondu aux questions des membres du Congrès en annonçant un renforcement de la compétence des Etats, au libre choix des parents et à une réduction des tâches administratives des enseignant·es. L’objectif poursuivi est celui d’une soi-disante « débureaucratisation » et d’économies majeures sur le dos du secteur éducatif. L’ancienne directrice de la fédération de catch (WWE) n’est pas précise concernant comment elle compte s’y prendre. En revanche elle a déjà prévu de licencier la moitié des effectifs de son ministère. Il ne seront plus que 2200 agents sur 4100. L’état fédéral veut se désengager totalement du système éducatif. Les écoles seront complètement gérées par les politiques publiques locales. En laissant le choix aux parents, c’est une concurrence féroce qui s’annonce.

Par exemple, le système des « vouchers » (« chéques éducation ») va signer l’arrêt de mort du service public : comprendre par là que les écoles qui obtiendront les inscriptions des enfants, obtiendront les financements de l’état. Ces vouchers sont des chèques éducation distribués aux parents. Ils permettent de payer une partie de la scolarité. Les enfants handicapés ou victimes de troubles d’apprentissage pourraient être abandonnés. Ils sont plus souvent pris en charge dans le public que dans le privé. La discrimination raciale va être renforcée. Le public visait essentiellement à couvrir les besoins minimaux des personnes défavorisées socialement. Si le public n’est plus correctement financé, ce sont ses usagers qui vont en pâtir. Et ses usagers le sont par défaut. Les vouchers se substitueront au financement par les états du système public. Celui-ci scolarise pourtant 90% des enfants. La subvention fédérale au public n’est que de 13% du budget des écoles publiques. Elles sont pourtant essentielles pour les écoles destinées aux familles à faibles revenus et aux élèves ayant des troubles de l’apprentissage. Les inégalités déjà fortes de la société américaine seront alors renforcées.

Le NEA est entré en résistance dès la mise en place de l’administration Trump (voir ce lien). Leurs avocats ont rapidement mis à jour leurs conseils aux éducateurs sur les questions d’immigration. Ce sont des recommandations sur la manière dont les éducateurs peuvent s’engager en toute sécurité sur ce sujet. Par exemple, il leur est recommandé de s’exprimer en dehors du lieu et du temps de travail. Ils doivent prendre garde à leurs expressions en ligne si elles concernent leurs obligations de travail. Il faut faire attention à ses propos et son comportement envers les élèves, les parents et les collègues. Dans le guide, on trouve également des éléments de langages en cas d’arrestations de familles par des officiers de l’immigration.

La seconde organisation syndicale de l’éducation, l’AFT, a également publié en ligne un kit « protégeons nos enfants » et un communiqué de presse pour réagir à cette attaque sans précédent contre le département de l’éducation. Le syndicat propose aux adhérents d’écrire à leurs parlementaires. Par des articles de blogs sur des situations locales, ils souhaitent alerter la presse régionale. La stratégie de résistance s’appuie ici sur des exemples concrets, des témoignages.