Trop, vraiment ?
La mobilisation dans la Fonction publique, lors de la journée d’action du 10 octobre, doit être prise au sérieux. Au-delà des contentieux à régler sur le pouvoir d’achat, c’est la reconnaissance de l’utilité sociale des agents publics qui est en cause. Ils répondent présents au quotidien pour garantir l’accès à des services publics efficaces et indispensables tant pour la solidarité que pour le bon fonctionnement de la sphère économique. Ils en ont assez qu’on leur dise qu’il y a trop de fonctionnaires ou qu’ils soient ramenés au coût qu’ils représentent. La dépense publique est aussi un investissement, un investissement pour la cohésion sociale et un investissement productif.
Si certains trouvent qu’il y a trop de fonctionnaires, alors il faut dire lesquels et donc lesquels ne servent à rien : ceux qui éduquent ? Ceux qui soignent ? Ceux qui assurent notre sécurité ? Ceux qui garantissent des normes sanitaires ? Ceux qui interviennent de jour comme de nuit pour sauver des vies ou protéger des biens ? Ceux qui font de la Recherche ? Ceux qui sur tous les territoires et dans les collectivités locales accueillent en proximité tous les publics ? Ceux qui accompagnent ? Ceux qui font vivre la Culture ? Ou encore tous ceux qui ont des missions d’appuis et de soutien à tous ceux-là ? La liste pourrait être encore longue. Mais pour comprendre le malaise des agents publics et le sentiment d’injustice qui grandit chez eux, il faut comprendre la violence symbolique qu’ils ressentent en étant assimilés à une économie à faire.
Une des plus-values de l’action publique est qu’elle est menée au nom de l’intérêt général. Elle protège des dérives mercantiles pour les biens et droits fondamentaux. Elle assure une indépendance des services face aux groupes de pressions. Elle intègre une vision de long terme indispensable et même vitale dans un monde en crise. Les agents publics ne tirent aucun orgueil de leur travail, en revanche ils en sont fiers et ils ont raison. Ils représentent un atout et une force pour notre pays. Le gouvernement serait bien inspiré de le comprendre.
Laurent Escure
Secrétaire général de l’UNSA Éducation