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Territoires Éducatifs Ruraux (TER) : une évaluation d’étape

Durant cinq ans, de nombreux dispositifs « expérimentaux » ont vu le jour, certains ont été évalués au bout de quelques mois avant de se multiplier. Des rapports d’évaluation partielle paraissent ces derniers jours. C’est le cas pour les TER, dispositifs calqués sur les « cités éducatives » les moyens financiers et humains en moins, une différence de taille ! Un manque d’ambition pour la politique éducative des territoires ruraux, ses acteurs enjoints à faire mieux avec autant de moyens.

Des difficultés avérées et identifiées
Les jeunes ruraux font des études plus courtes que leurs homologues urbains, ils subissent un manque de fluidité dans leurs parcours de formation et d’insertion professionnelle. Leur ambition scolaire est limitée par l’absence ou l’insuffisance des transports publics, les difficultés d’accès à des solutions de logement. Les politiques locales sont souvent focalisées sur l’enfance voire la petite enfance ; ainsi « sauver son école » est encore un objectif qui se suffit en soi pour de nombreuses communes rurales. Bien évidemment, la situation rurale n’est pas homogène, ce sont là de grandes tendances.
Le Ministère de l’éducation nationale de la jeunesse et des sports a donc lancé en janvier 2021 « Territoires Éducatifs Ruraux » avec trois objectifs :
–       Mobiliser un réseau de coopérations locales autour de l’Ecole comme point d’ancrage territorial
–       Garantir aux jeunes ruraux un véritable pouvoir d’agir pour leur propre avenir
–       Mieux accompagner les personnels afin de renforcer l’attractivité et la professionnalisation de l’Ecole Rurale.
Juillet 2021, six IGESR rendent une note d’étape sur ces TER et en septembre, le dispositif est étendu à 37 territoires de plus, dans 7 académies. Avril 2022, la note en question est rendue publique. Drôle de conception de l’expérimentation ! A peine le temps de commencer, qu’on évalue et étend le dispositif. Politique de façade, certes, mais qui mobilise des équipes d’encadrement sommées d’appliquer ces directives.
Principaux enseignements
Les 3 académies ciblées depuis janvier 2021 ont noté des points positifs au dispositif TER, mais il est encore loin de pouvoir les percevoir au plus près des acteurs de terrain, celles et ceux qui sont face aux enfants et leurs familles. TER est surtout et encore une dynamique de l’encadrement et des décideurs élus et professionnels des collectivités.
Ce dispositif a eu pour mérite de faire un bilan approfondi des forces et faiblesses des territoires choisis, de rechercher des actions efficientes et innovantes pour pallier les difficultés émergeantes, de donner un nouveau souffle aux partenariats, et de développer des rencontres entre 1er et second degré de l’éducation nationale. Une prise de conscience de l’ouverture du champ des possibles pour les jeunes ruraux, s’est révélée indispensable, en valorisant les parcours et développant l’ambition scolaire.
Deux défis principaux sont pointés par les IGESR, et sous investis par les acteurs : la politique RH et les moyens financiers. L’optimisation des moyens existants a des limites, celles de freiner ambition et innovation. Le dispositif TER doit s’inscrire dans un temps long au moins de 8 ans, correspondant à une cohorte d’enfants de CM2 qui va jusqu’au bac. Et s’adjoindre de moyens financiers lui permettant une inscription dans la réalité d’action possible.

Ce que défend l’UNSA Éducation pour la ruralité
L’UNSA Éducation considère que le rôle d’impulsion et de régulation de l’État est essentiel pour corriger les déséquilibres entre territoires. Les politiques éducatives locales doivent être élaborées à partir d’un diagnostic territorial. Il appartient aux services de l’État de veiller à ce que l’action des collectivités vise à réduire les inégalités. La ruralité fait l’objet d’une politique scolaire par défaut, elle est peu harmonisée et en devient peu visible nationalement. L’UNSA Éducation revendique une stratégie éducative dédiée à la réussite des élèves issus du milieu rural, notamment celles et ceux des territoires isolés en développant l’ambition scolaire. Pour cela, il faut lever les freins importants sociologiques, psychologiques et financiers à la mobilité dans le bac-3/+3.
Ainsi un dispositif tel que « Territoires Éducatifs Ruraux », s’il a vocation à perdurer, ne le devra qu’inscrit dans la durée, avec des moyens spécifiques car en milieu rural aussi certains territoires concentrent des populations fragiles dans des zones paupérisées. L’UNSA Éducation affirme la nécessité d’y mettre des moyens renforcés.

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