Temps et contretemps d’une réforme

Un décret complémentaire accompagné de sa circulaire d’application va bientôt paraître. Ce sera la première contribution du nouveau ministre de l’Éducation nationale à l’épineux dossier de l’aménagement des rythmes. S’il ne règle pas tout, ce texte se veut un point d’équilibre entre ceux qui ne veulent rien changer et ceux qui revendiquent une transformation radicale.

Un décret complémentaire accompagné de sa circulaire d’application va bientôt paraître. Ce sera la première contribution du nouveau ministre de l’Éducation nationale à l’épineux dossier de l’aménagement des rythmes. S’il ne règle pas tout, ce texte se veut un point d’équilibre entre ceux qui ne veulent rien changer et ceux qui revendiquent une transformation radicale. Lèvera-t-il tous les blocages ? Certainement pas. En fait c’est du terrain lui-même et d’une réelle mise en œuvre que les solutions naîtront.

Tous les observateurs et acteurs de l’Éducation le savent, l’aménagement des rythmes et, au-delà, des actions éducatives sont dans l’air du temps depuis plus de trente ans. Ce qui était difficile hier l’est encore aujourd’hui. Mais progressivement, les mentalités évoluent. Il faut en tenir compte, mais là aussi, le faire dans le bon rythme.

Il y a certainement eu, au démarrage de la réforme actuellement en cours, un trop grand enthousiasme du ministre Peillon, trop persuadé –et à juste titre- qu’il fallait en finir avec cette aberration de la semaine de 4 jours, trop lourde pour les élèves et dénoncée par tous les acteurs éducatifs. S’il avait raison sur le fond, il n’a pas vu les résistances se transformer en blocages, parfois d’ailleurs avec une très grande hypocrisie de la part de ceux qui affirmaient vouloir changer les rythmes et mettaient dans la rue les opposants à toute évolution.

Le recul du Président de la République devant les craintes des élus locaux, permettant de déroger d’une année, donna –sur l’air de «aujourd’hui peut-être ou alors demain»- l’impression qu’en hurlant encore un peu plus fort, les plus hostiles auraient la peau de la réforme et qu’une fois de plus, on se contenterait de quelques expérimentations çà ou là, sans jamais en tirer d’enseignements généraux.

Enfin et surtout, la plus grande des erreurs aura été de ne pas s’inscrire dans le bon cadre : celui de l’inter-ministérialité. Car toucher aux temps scolaires, c’est modifier les temps éducatifs hors scolaires. Et charger le seul ministre de l’Éducation nationale de le mener à bien, c’est avancer sur une seule jambe, alors que tout équilibre nécessiterait au moins d’en avoir deux (avec Jeunesse et Sports), voire quatre (avec la Culture et la Ville).

On lit ici ou là que la réforme s’est enlisée dans l’organisation du périscolaire alors qu’elle devait uniquement être un changement des temps scolaires. C’est une vision réductrice. La même qui oublie l’enfant pour ne voir que l’élève. Tous les temps éducatifs sont liés. C’est donc tous qu’il convient d’articuler et d’organiser conjointement.

Dorénavant, ce que les textes n’ont pas fait, le terrain le construira. Il y a eu beaucoup d’incompréhensions, pas mal de confusions –certaines fois volontairement entretenues-, mais il y a aussi plus de bonne volonté que l’on ne veut le dire ou le montrer.

D’abord parce que chacun est conscient qu’il en va prioritairement du bien-être, de l’épanouissement et de la réussite des enfants.

Ensuite, parce que l’intelligence collective mise en œuvre produit davantage d’invention et d’innovation que le repli sur soi et ses petits avantages personnels.

Enfin, parce que les textes ouvrent le champ de possibles non autorisés jusqu’alors.

Des difficultés demeurent. Certains aménagements horaires ne sont pas encore rendus possibles, comme par exemple des matinées un peu plus longues. Les PEDT ne sont pas obligatoires, même s’ils tendent à devenir le cadre normal d’application de la réforme. Le ministère en charge de la Jeunesse et des Sports tarde à prendre toute sa place et à mobiliser ses personnels techniques et pédagogiques pour accompagner les communes et leurs partenaires associatifs.

Mais globalement est à présent venu le temps de la réalisation et de la mise en œuvre. Quel que soit le baroud d’honneur qu’ils agiteront jusqu’à la rentrée scolaire prochaine, les réfractaires de tout poil ont perdu. Il faut dorénavant valoriser ce qui se fait marche. Et donner du temps aux régulations nécessaires, aux évolutions indispensables, aux améliorations souhaitables.

Après ces contretemps, il est temps de rythmer la réforme sur le terrain et sur l’enjeu éducatif !

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Un décret complémentaire accompagné de sa circulaire d’application va bientôt paraître. Ce sera la première contribution du nouveau ministre de l’Éducation nationale à l’épineux dossier de l’aménagement des rythmes. S’il ne règle pas tout, ce texte se veut un point d’équilibre entre ceux qui ne veulent rien changer et ceux qui revendiquent une transformation radicale. Lèvera-t-il tous les blocages ? Certainement pas. En fait c’est du terrain lui-même et d’une réelle mise en œuvre que les solutions naîtront.

Tous les observateurs et acteurs de l’Éducation le savent, l’aménagement des rythmes et, au-delà, des actions éducatives sont dans l’air du temps depuis plus de trente ans. Ce qui était difficile hier l’est encore aujourd’hui. Mais progressivement, les mentalités évoluent. Il faut en tenir compte, mais là aussi, le faire dans le bon rythme.

Il y a certainement eu, au démarrage de la réforme actuellement en cours, un trop grand enthousiasme du ministre Peillon, trop persuadé –et à juste titre- qu’il fallait en finir avec cette aberration de la semaine de 4 jours, trop lourde pour les élèves et dénoncée par tous les acteurs éducatifs. S’il avait raison sur le fond, il n’a pas vu les résistances se transformer en blocages, parfois d’ailleurs avec une très grande hypocrisie de la part de ceux qui affirmaient vouloir changer les rythmes et mettaient dans la rue les opposants à toute évolution.

Le recul du Président de la République devant les craintes des élus locaux, permettant de déroger d’une année, donna –sur l’air de «aujourd’hui peut-être ou alors demain»- l’impression qu’en hurlant encore un peu plus fort, les plus hostiles auraient la peau de la réforme et qu’une fois de plus, on se contenterait de quelques expérimentations çà ou là, sans jamais en tirer d’enseignements généraux.

Enfin et surtout, la plus grande des erreurs aura été de ne pas s’inscrire dans le bon cadre : celui de l’inter-ministérialité. Car toucher aux temps scolaires, c’est modifier les temps éducatifs hors scolaires. Et charger le seul ministre de l’Éducation nationale de le mener à bien, c’est avancer sur une seule jambe, alors que tout équilibre nécessiterait au moins d’en avoir deux (avec Jeunesse et Sports), voire quatre (avec la Culture et la Ville).

On lit ici ou là que la réforme s’est enlisée dans l’organisation du périscolaire alors qu’elle devait uniquement être un changement des temps scolaires. C’est une vision réductrice. La même qui oublie l’enfant pour ne voir que l’élève. Tous les temps éducatifs sont liés. C’est donc tous qu’il convient d’articuler et d’organiser conjointement.

Dorénavant, ce que les textes n’ont pas fait, le terrain le construira. Il y a eu beaucoup d’incompréhensions, pas mal de confusions –certaines fois volontairement entretenues-, mais il y a aussi plus de bonne volonté que l’on ne veut le dire ou le montrer.

D’abord parce que chacun est conscient qu’il en va prioritairement du bien-être, de l’épanouissement et de la réussite des enfants.

Ensuite, parce que l’intelligence collective mise en œuvre produit davantage d’invention et d’innovation que le repli sur soi et ses petits avantages personnels.

Enfin, parce que les textes ouvrent le champ de possibles non autorisés jusqu’alors.

Des difficultés demeurent. Certains aménagements horaires ne sont pas encore rendus possibles, comme par exemple des matinées un peu plus longues. Les PEDT ne sont pas obligatoires, même s’ils tendent à devenir le cadre normal d’application de la réforme. Le ministère en charge de la Jeunesse et des Sports tarde à prendre toute sa place et à mobiliser ses personnels techniques et pédagogiques pour accompagner les communes et leurs partenaires associatifs.

Mais globalement est à présent venu le temps de la réalisation et de la mise en œuvre. Quel que soit le baroud d’honneur qu’ils agiteront jusqu’à la rentrée scolaire prochaine, les réfractaires de tout poil ont perdu. Il faut dorénavant valoriser ce qui se fait marche. Et donner du temps aux régulations nécessaires, aux évolutions indispensables, aux améliorations souhaitables.

Après ces contretemps, il est temps de rythmer la réforme sur le terrain et sur l’enjeu éducatif !