Analyses et décryptages

Sortir du silence et agir contre les violences sexuelles faites aux enfants

La déflagration n’a pas fini de se faire entendre dans tous les pans de la société française : le rapport de la CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église) remis par Jean Marc Sauvé il y a quelques semaines, a dévoilé l’ampleur du scandale de la pédocriminalité dans les milieux catholiques. En parallèle, la CIIVISE (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) vient de débuter ses propres travaux. Ce long travail salutaire met fin au silence assourdissant à propos des violences faites aux plus jeunes.

Trop longtemps, les victimes, jeunes enfants ou personnes devenues adultes, n’ont pas été entendues et on les a cantonnées au silence et au traumatisme. Mais plusieurs affaires médiatiques ont permis une première prise de conscience. Les deux commissions, qui se sont penchées sur les violences sexuelles faites aux enfants, ont permis de libérer la parole, de donner des diagnostics précis, et aussi d’envisager les solutions pour réparer et combattre ces phénomènes.

La CIASE et le rapport Sauvé

La CIASE s’est réuni la première fois au début de l’année 2019 et pendant 2 ans et demi a effectué un énorme travail pour étudier la pédocriminalité dans l’Église catholique : les chiffres font froid dans le dos. Le but était de faire la lumière sur les violences sexuelles en son sein depuis les années 1950 : plus de 330 000 personnes ont été ainsi recensées comme victimes d’abus de personnes en lien avec l’administration catholique. Des dizaines d’auditions ont été menées partout en France, de nombreuses victimes ont été entendues et plusieurs enquêtes parallèles ont été menées par cette commission avec l’apport de nombreux spécialistes des sciences sociales. Ainsi, le profil des prêtres agresseurs a été dressé avec les archives, la couverture médiatique de tels faits a été analysée, et l’ensemble des données qualitatives et quantitatives ont été étudiées par des spécialistes.

Cette commission pointe plus particulièrement les responsabilités de l’Église catholique qui n’a pas pris la mesure du phénomène ni n’a pris la défense des victimes. C’est tout un système de déni, d’oppression et d’omerta qui est dévoilé au fil des pages de ce rapport. Plusieurs recommandations accompagnent le travail de la commission Sauvé afin d’éviter à l’avenir de tels actes. Affronter la vérité, trouver la juste réparation, mieux former également, ce sont autant de préconisations que l’administration catholique devra suivre pour affronter ce choc qui a bouleversé la société française.

La CIIVISE et l’inceste

Rompre le silence et écouter le silence, c’est aussi l’objectif de la CIIVISE, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, qui vient de débuter ses travaux après avoir été installée officiellement en mars. Cette commission, qui a été voulue après la parution du livre de Camille Kouchner, doit formuler une série de propositions en vue de l’élaboration de politiques publiques pour prévenir et lutter contre l’inceste. Pour cela, il faut écouter les victimes, et c’est pourquoi plusieurs déplacements dans toute la France sont prévus. Pour le moment, plus de 4 000 témoignages ont déjà été recueillis, mais ce chiffre devrait augmenter au vu de l’ampleur des violences faites aux enfants. Écouter les victimes et trouver les moyens de protéger les plus jeunes, c’est le principal objectif de cette commission qui s’inspire des méthodes employées par la CIASE. Ce travail devrait prendre plusieurs mois.

Le site de la CIASE 

Une synthèse très bien faite du rapport Sauvé sur le site du journal La Croix 

Le site de la CIIVISE 

Comment agir ?

On estime qu’il y a aujourd’hui en France plus de 5,5 millions de personnes adultes qui ont subi des violences durant leur enfance. Et chaque année, ce sont 160 000 enfants qui sont victimes d’incestes ou de violences sexuelles. Ces actes ont lieu dans la sphère familiale, mais aussi pour une part non négligeable dans des institutions privées, tout comme à l’école publique ou dans des institutions dépendantes de l’État.

 Pour l’UNSA Éducation, le travail de ces commissions est salutaire et permet de briser la loi du silence. Cela doit permettre également d’agir pour mieux protéger les plus jeunes. Les politiques en faveur de l’enfance et de la jeunesse doivent être réfléchies, concertées et harmonisées en vue de garantir l’intérêt supérieur des enfants et des jeunes comme le précise la Convention internationale des droits de l’enfant.

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