Sortir de l’enfermement disciplinaire

Malgré son titre, cet article n’est pas consacré à une analyse critique des pratiques pénitentiaires, mais bien à l’éducation et à la place prédominante des disciplines au sein du système scolaire.

A ne pas s’en soucier, en effet, professeurs et élèves se retrouvent prisonniers d’un cadre stricte et étroit dont il est souvent difficile de sortir. Or pour comprendre le monde, il est indispensable de pouvoir l’appréhender dans sa complexité, difficilement compatible avec le découpage qu’imposent les matières scolaires. Bases indispensables, celles-ci doivent permettre des mises en synergie qui dépassent leur seule juxtaposition. Ainsi s’agit-il d’ « éduquer au-delà des frontières disciplinaires » comme le suggère le dernier dossier de veille de l’IFÉ daté de mars 2015 (n° 100).

Dépasser les frontières des disciplines ce n’est pas nier l’importance et la nécessité des disciplines ou plus justement des matières scolaires. Au contraire, c’est même reconnaître leur statut de bases indispensables pour construire les savoirs. Mais c’est aussi mettre en évidence la nécessité de faire agir les disciplines ensemble afin  d’aider à appréhender et à  comprendre la complexité du monde qui nous entoure. Il n’y a pas d’interdisciplinarité sans discipline.

En prolongeant cette réflexion, force et de reconnaître qu’il n’y a pas de corrélations automatiques entre les matières scolaires et les disciplines scientifiques. A l’école, les matières sont le fruit de constructions liées à ce qui est cherché à être transmis. Ainsi certaines matières recoupent plusieurs disciplines alors que d’autres non pas directement de référence à des contenus scientifiques. De plus, l’histoire scolaire a inventé et imposé une hiérarchie entre les matières sans réelles justifications, mais qui là encore entrainent parfois –et-trop souvent encore- des replis, des oppostions, des concurrences.

Les besoins en éducation nécessitent de faire évoluer les contenus de l’Ecole. Cela conduit régulièrement à s’interroger sur l’introduction de nouveaux éléments. Se pose alors la question de savoir si cela nécessite de fonder une nouvelle matière, d’inclure ce nouveau contenu dans une matière existante ou de construire un espace différent : transdisciplinaire.

Le dossier de l’Ifé met ainsi en évidence ces interrogations par rapport à l’introduction du développement durable dans les programmes. Il en va de même pour nombre « d’éducation à » dont celles liées à des questions de vivre ensemble regroupées sous l’étiquette « d’éducation à la citoyenneté » et qui fait à la fois appel à l’éducation civique et à l’éducation aux médias, par exemple. 

Interroger ainsi les disciplines pour penser leur place dans l’enseignement et l’indispensable dialogue qu’elles doivent nourrir entre elles, ne dénature pas leur contenu ni n’affaiblit les compétences des enseignants. Cela permet de faire du sens, de créer des liens, de donner des visions complémentaires et donc de faire appel à toutes les formes d’intelligence et de compétences tant pour les élèves que pour les enseignants. Un enrichissement et une ouverture qui évitent, pour tous, les enfermements.                                                                      

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Malgré son titre, cet article n’est pas consacré à une analyse critique des pratiques pénitentiaires, mais bien à l’éducation et à la place prédominante des disciplines au sein du système scolaire.

A ne pas s’en soucier, en effet, professeurs et élèves se retrouvent prisonniers d’un cadre stricte et étroit dont il est souvent difficile de sortir. Or pour comprendre le monde, il est indispensable de pouvoir l’appréhender dans sa complexité, difficilement compatible avec le découpage qu’imposent les matières scolaires. Bases indispensables, celles-ci doivent permettre des mises en synergie qui dépassent leur seule juxtaposition. Ainsi s’agit-il d’ « éduquer au-delà des frontières disciplinaires » comme le suggère le dernier dossier de veille de l’IFÉ daté de mars 2015 (n° 100).

Dépasser les frontières des disciplines ce n’est pas nier l’importance et la nécessité des disciplines ou plus justement des matières scolaires. Au contraire, c’est même reconnaître leur statut de bases indispensables pour construire les savoirs. Mais c’est aussi mettre en évidence la nécessité de faire agir les disciplines ensemble afin  d’aider à appréhender et à  comprendre la complexité du monde qui nous entoure. Il n’y a pas d’interdisciplinarité sans discipline.

En prolongeant cette réflexion, force et de reconnaître qu’il n’y a pas de corrélations automatiques entre les matières scolaires et les disciplines scientifiques. A l’école, les matières sont le fruit de constructions liées à ce qui est cherché à être transmis. Ainsi certaines matières recoupent plusieurs disciplines alors que d’autres non pas directement de référence à des contenus scientifiques. De plus, l’histoire scolaire a inventé et imposé une hiérarchie entre les matières sans réelles justifications, mais qui là encore entrainent parfois –et-trop souvent encore- des replis, des oppostions, des concurrences.

Les besoins en éducation nécessitent de faire évoluer les contenus de l’Ecole. Cela conduit régulièrement à s’interroger sur l’introduction de nouveaux éléments. Se pose alors la question de savoir si cela nécessite de fonder une nouvelle matière, d’inclure ce nouveau contenu dans une matière existante ou de construire un espace différent : transdisciplinaire.

Le dossier de l’Ifé met ainsi en évidence ces interrogations par rapport à l’introduction du développement durable dans les programmes. Il en va de même pour nombre « d’éducation à » dont celles liées à des questions de vivre ensemble regroupées sous l’étiquette « d’éducation à la citoyenneté » et qui fait à la fois appel à l’éducation civique et à l’éducation aux médias, par exemple. 

Interroger ainsi les disciplines pour penser leur place dans l’enseignement et l’indispensable dialogue qu’elles doivent nourrir entre elles, ne dénature pas leur contenu ni n’affaiblit les compétences des enseignants. Cela permet de faire du sens, de créer des liens, de donner des visions complémentaires et donc de faire appel à toutes les formes d’intelligence et de compétences tant pour les élèves que pour les enseignants. Un enrichissement et une ouverture qui évitent, pour tous, les enfermements.