SNU : si difficile à organiser avec si peu de moyens humains
Le séjour de cohésion de la seconde vague du SNU est en cours, 18000 jeunes volontaires y sont accueillis. L’organisation des séjours a mis en tension les personnels Jeunesse et Sports, leur sens des responsabilités a été mis à rude épreuve. Premiers éléments d’analyse sur le fond et la forme.
Un coût humain trop important dans la phase préparatoire
Les services Jeunesse et Sports sont en sous-effectifs depuis longtemps, de nombreuses missions leur sont dévolues. Le SNU est venu durant six mois focaliser toutes les énergies. Du recrutement des animateurs de séjours aux commandes des uniformes, en passant par la réservation des bus pour déplacer les jeunes, tout a posé difficultés. Les errements du pilotage national ont ralenti, voire obstrué cette organisation. La décision finale d’organiser les séjours de 2021 a été précédée d’une attente beaucoup trop longue, elle-même ensuite soumise à validation par le ministère de la santé, plaçant les personnels en postures délicates d’indécisions.
Le travail en partenariat avec les services Éducation Nationale a été freiné également par l’atterrissage délicat des personnels Jeunesse et Sports en période d’intégration, elle aussi insuffisamment et inégalement préparée.
Les séjours se dérouleront du mieux possible, espérons que les « couacs » seront limités dans l’intérêt des jeunes mineurs engagés volontaires. Mais cela ne pourra indéfiniment reposer sur le sens des responsabilités et du service public des personnels chargés de la mise en œuvre de cette promesse présidentielle.
Les orientations éducatives
L’objectif affiché du séjour de cohésion SNU est le suivant : « Le SNU vous donne l’opportunité de découvrir la vie collective au sein d’un centre accueillant environ 200 jeunes venus de toute la France pour créer ainsi des liens nouveaux et développer votre culture de l’engagement et ainsi affirmer votre place dans la société. C’est également l’occasion pour vous de découvrir un autre territoire. » Si, dans les départements, les équipes ont cherché à mettre en œuvre, par des partenariats notamment associatifs, des démarches d’éducation populaire dans les domaines de l’éducation à l’environnement, du sport, de la découverte du patrimoine ou de l’engagement, la communication officielle repose surtout, dès le premier jour, sur le lever du drapeau, la revue de troupe bien droite dans l’uniforme, la Marseillaise chantée en chœur. Une fois encore, l’éducation vue du côté des corps en uniforme est principalement mise en avant. Si les contenus éducatifs sont cadrés par un cahier des charges national, chaque centre a sa propre coloration, et la qualité éducative ne peut être assurée partout, notamment à cause de la diffculté à recruter des personnels formés pour encadrer les séjours de ces adolescents.
L’UNSA Éducation voyait dans ce SNU, qui n’a jamais pu être véritablement discuté en amont avec le Ministère, une opportunité pour renforcer la citoyenneté et la culture de l’engagement, dans la pluralité de démarches éducatives complémentaires. Mais l’engagement ne peut être que volontaire et c’est dans l’optique d’un parcours citoyen beaucoup plus réfléchi que l’UNSA Éducation est prête à dialoguer. Il est problématique de réduire la question de l’engagement à une inscription obligatoire dans un dispositif unique créé par l’État. De nombreuses formes d’engagement existent déjà. Certaines s’affranchissent des cadres formels et d’autres sont au contraire portées et proposées par d’autres acteurs publics ou les acteurs associatifs.
Le SNU est actuellement dans sa seconde phase d’expérimentation, il sera absolument impératif de tenir compte de retours d’expérience objectifs et analysés par un tiers indépendant pour améliorer le processus de mise en œuvre. Et absolument impératif de faire reposer l’ambition de montée en puissance de ce SNU avec des recrutements de personnels de pilotage et d’encadrement. Dans le respect des missions statutaires des fonctionnaires, sans instrumentalisation des acteurs associatifs ni création d’emplois précaires. Les limites de rupture ont été atteintes. La jeunesse mérite mieux. La citoyenneté aussi.