S’éduquer au travail coopératif

Une fois de plus, les résultats des élèves français mis en évidence par les évaluations PISA sont en dessous de la moyenne internationale. Cette fois, l’étude porte sur « la résolution collaborative de problème ». Conduite par Andreas Schleicher, de l’OCDE et publiée le 21 novembre 2017, elle montre que la France ne compte que 6,6 % d’élèves très performants contre 7,9 % dans l’OCDE et qu’un élève français sur trois est jugé peu performant.

Ainsi, 30% des élèves sont en difficulté pour « mener à bien des tâches compliquées de résolution de problèmes dont la composante collaborative est très complexe, rester conscients des dynamiques de groupe, et à prendre l’initiative, entreprendre des actions ou formuler des requêtes afin de surmonter les obstacles et de résoudre les désaccords« .

Quatre éclairages complémentaires viennent alimenter l’analyse de l’OCDE.

Ils révèlent que les filles ont globalement de meilleurs résultats que les garçons. C’est également le cas des élèves des écoles rurales. La capacité des élèves à travailler ensemble est aussi facilitée lorsque les parents se connaissent, comme lorsque les enseignants punissent moins et obtiennent sans peine rapidement le calme dans leur classe.

Enfin, le rapport rappelle qu’il n’y a pas de corrélation entre la capacité de résoudre un problème seul et celle de le faire de manière collective.

Ces éléments ne sont pas surprenants. Ils éclairent le mode d’enseignement porté prioritairement par notre système scolaire, encore trop centré sur le travail individuel.

Ils mettent également en évidence les liens entre le territoire, le climat scolaire -dans l’école et avec les partenaires- et les modes d’apprentissage.

Surtout, ils affirment que le travail coopératif s’apprend, et qu’il s’apprend à l’Ecole.

Les pédagogies coopératives ne sont pas nouvelles. Non seulement elles existent, mais elles sont mises en œuvre dans de nombreuses classes et dans de nombreux cours. Elles ne sont, par contre, pas suffisamment portées par l’administration de l’Education nationale, alors qu’il est indispensable de les amplifier.

Elles s’appuient sur l’idée que le collectif est producteur de savoirs. C’est souvent autour de cette conception que les formes d’éducation hors-scolaire se sont développées.

On peut rappeler que dans les centres de vacances ou de loisirs (et ce depuis l’origine des colonies de vacances et des centres aérés) la dimension collective a toujours été au cœur de leur projet éducatif. Il s’agit de faire et donc de découvrir, d’apprendre ensemble.

Nombre d’ateliers culturels ou d’activités sportives sont également structurés autour de cet enrichissement collectif.

Ce dimension collective est une première étape.

Mais elle n’est pas suffisante.

Ce que met en évidence l’étude de l’OCDE, est la nécessité d’éduquer au travail coopératif en vue de résoudre des situations problèmes. Il ne s’agit pas seulement de partager des tâches à faire en commun, mais bien de construire ensemble. Cela veut également dire de s’opposer, de confronter ses idées, ses pistes, ses modes de réflexion. Le groupe s’enrichit alors de la diversité.

Comprendre et savoir gérer la dynamique d’un groupe est également en jeu dans cette approche.

Cela implique de ne pas travailler automatiquement avec des groupes homogènes, de valoriser l’apport de tous les enfants, jeunes ou élèves participant à un travail de groupe. D’intégrer que les raisonnements de chacune et chacun apportent à l’ensemble.

Evidemment l’enjeu est éducatif, même scolaire. Puisqu’il y a là un important impact sur les résultats scolaires. On le sait, la capacité à élaborer collectivement fait monter le niveau commun et ce contexte est favorable aussi à un meilleur niveau pour tous, y compris pour les meilleurs élèves.

Mais l’enjeu est aussi sociétal.

L’évolution de notre société, pour qu’elle devienne plus juste, plus humaine, plus solidaire, appelle de plus en plus la nécessité de savoir mettre en œuvre et participer à des démarches coopératives. Dans le monde du travail, dans la vie citoyenne, dans ses loisirs…

Et construire les coopérations de demain, c’est éduquer aujourd’hui à la coopération.

 

Denis Adam, le 22 novembre 2017
 

 

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Une fois de plus, les résultats des élèves français mis en évidence par les évaluations PISA sont en dessous de la moyenne internationale. Cette fois, l’étude porte sur « la résolution collaborative de problème ». Conduite par Andreas Schleicher, de l’OCDE et publiée le 21 novembre 2017, elle montre que la France ne compte que 6,6 % d’élèves très performants contre 7,9 % dans l’OCDE et qu’un élève français sur trois est jugé peu performant.

Ainsi, 30% des élèves sont en difficulté pour « mener à bien des tâches compliquées de résolution de problèmes dont la composante collaborative est très complexe, rester conscients des dynamiques de groupe, et à prendre l’initiative, entreprendre des actions ou formuler des requêtes afin de surmonter les obstacles et de résoudre les désaccords« .

Quatre éclairages complémentaires viennent alimenter l’analyse de l’OCDE.

Ils révèlent que les filles ont globalement de meilleurs résultats que les garçons. C’est également le cas des élèves des écoles rurales. La capacité des élèves à travailler ensemble est aussi facilitée lorsque les parents se connaissent, comme lorsque les enseignants punissent moins et obtiennent sans peine rapidement le calme dans leur classe.

Enfin, le rapport rappelle qu’il n’y a pas de corrélation entre la capacité de résoudre un problème seul et celle de le faire de manière collective.

Ces éléments ne sont pas surprenants. Ils éclairent le mode d’enseignement porté prioritairement par notre système scolaire, encore trop centré sur le travail individuel.

Ils mettent également en évidence les liens entre le territoire, le climat scolaire -dans l’école et avec les partenaires- et les modes d’apprentissage.

Surtout, ils affirment que le travail coopératif s’apprend, et qu’il s’apprend à l’Ecole.

Les pédagogies coopératives ne sont pas nouvelles. Non seulement elles existent, mais elles sont mises en œuvre dans de nombreuses classes et dans de nombreux cours. Elles ne sont, par contre, pas suffisamment portées par l’administration de l’Education nationale, alors qu’il est indispensable de les amplifier.

Elles s’appuient sur l’idée que le collectif est producteur de savoirs. C’est souvent autour de cette conception que les formes d’éducation hors-scolaire se sont développées.

On peut rappeler que dans les centres de vacances ou de loisirs (et ce depuis l’origine des colonies de vacances et des centres aérés) la dimension collective a toujours été au cœur de leur projet éducatif. Il s’agit de faire et donc de découvrir, d’apprendre ensemble.

Nombre d’ateliers culturels ou d’activités sportives sont également structurés autour de cet enrichissement collectif.

Ce dimension collective est une première étape.

Mais elle n’est pas suffisante.

Ce que met en évidence l’étude de l’OCDE, est la nécessité d’éduquer au travail coopératif en vue de résoudre des situations problèmes. Il ne s’agit pas seulement de partager des tâches à faire en commun, mais bien de construire ensemble. Cela veut également dire de s’opposer, de confronter ses idées, ses pistes, ses modes de réflexion. Le groupe s’enrichit alors de la diversité.

Comprendre et savoir gérer la dynamique d’un groupe est également en jeu dans cette approche.

Cela implique de ne pas travailler automatiquement avec des groupes homogènes, de valoriser l’apport de tous les enfants, jeunes ou élèves participant à un travail de groupe. D’intégrer que les raisonnements de chacune et chacun apportent à l’ensemble.

Evidemment l’enjeu est éducatif, même scolaire. Puisqu’il y a là un important impact sur les résultats scolaires. On le sait, la capacité à élaborer collectivement fait monter le niveau commun et ce contexte est favorable aussi à un meilleur niveau pour tous, y compris pour les meilleurs élèves.

Mais l’enjeu est aussi sociétal.

L’évolution de notre société, pour qu’elle devienne plus juste, plus humaine, plus solidaire, appelle de plus en plus la nécessité de savoir mettre en œuvre et participer à des démarches coopératives. Dans le monde du travail, dans la vie citoyenne, dans ses loisirs…

Et construire les coopérations de demain, c’est éduquer aujourd’hui à la coopération.

 

Denis Adam, le 22 novembre 2017