Se découvrir, évoluer et transformer le monde

Hasard des calendriers culturels ou préoccupations de l’époque, plusieurs œuvres ce mois-ci invitent à s’interroger sur l’articulation entre les découvertes et évolutions personnelles et la participation à la transformation du monde. Explorées comme les deux faces d’une même pièce, ces deux démarches complémentaires résonnent forcément comme une référence à l’Éducation.

Hasard des calendriers culturels ou préoccupations de l’époque, plusieurs œuvres ce mois-ci invitent à s’interroger sur l’articulation entre les découvertes et évolutions personnelles et la participation à la transformation du monde. Explorées comme les deux faces d’une même pièce, ces deux démarches complémentaires résonnent forcément comme une référence à l’Éducation.

Primé à Cannes et à Deauville, le film Captain Fantastic de Matt Ross est actuellement à l’affiche. S’il met en scène de manière dynamique et interrogative le mythe du bon sauvage, il n’en est pas moins une réflexion sur l’éducation. Celle choisie et donnée par les parents. Dans leur liens -ou ici en l’occurrence- dans leur refus du système scolaire ou universitaire. Education antisystème pour une vision du monde alternative qui se révèle incapable d’être la solution miracle à tous les maux. En effet, cette approche décalée du monde ne sauvera pas la mère -malade psychiatrique- du suicide, pas plus qu’elle ne permet aux enfants de se sentir à l’aise dans leur relation au monde quotidien et aux autres. Il leur faudra à tous changer (changement symbolisé par le fait que le père se rase la barbe et le fils ainé se coupe les cheveux) afin de changer de vie et d’agir ainsi sur la transformation de leur environnement et par conséquence, modestement sur celle du monde.

Dans un tout autre genre, le film de John Carney Sing Street parle également de cette double dimension de transformation. Cette fois c’est au sein de l’institution scolaire américaine que la musique et la constitution d’un groupe va changer la vie d’une bande d’adolescents mais aussi celle d’un quartier défavorisé.

Davantage intimiste, le très réussi film d’animation Ma vie de Courgette de Claude Barras montre l’évolution d’un jeune garçon persuadé d’être responsable de la mort de sa mère. Mais c’est aussi un changement de regard sur ce groupe d’orphelins qui s’opère tout au long du film.

Evidemment, il y a souvent dans les récits d’initiation, comme le sont, dans des approches différentes, les trois films cités, une mise en parallèle entre l’évolution individuelle et la capacité à intervenir, trouver une place et avoir une influence sur son environnement proche ou plus large.

C’est aussi le mythe du super-héros qui est ainsi sous-jacent : l’individu normal acquiert de supers pouvoir qui lui permettent de sauver le monde…

L’exposition The color line proposée par le musée du Quai Branly participe également de cette même réflexion, mais en prenant un recul sociétal plus large, puisqu’il s’agit de voir ici l’évolution et l’impact des artistes « dits de couleur», sur la prise en compte de l’esclavage et de l’apartheid. Une manière pour l’art d’agir sur la transformation des mentalités et sa déclinaison sur la conduite de notre société.

Changer de regard, c’est encore à cela qu’invite l’exposition intitulée Corps rebelles présentée au musée des Confluences à Lyon. Elle montre la danse contemporaine comme un langage universelle, présente son évolution et celle de ses acteurs, inscrites dans une transformation des perceptions et des représentations du monde. Ici, art et société se complètent, l’un et l’autre rendant compte des transformations de l’autre et de l’un…

La liste des œuvres actuelles (livres, films, expositions…) qui mettent ainsi en corrélation changement personnel et transformation du monde est particulièrement longue actuellement.

Certainement parce que nous sentons bien qu’une évolution de nos univers est en cours. Plus, qu’elle est indispensable et que nous pouvons en être les acteurs. Pour se faire encore faut-il nous-mêmes, reconsidérer nos manières d’être et de vivre et les mettre en cohérence avec le monde que nous souhaitons voir émerger.

L’Education, dans son objectif d’émancipation individuelle et collective, n’a-t-elle pas d’autre vocation en agissant pour la formation de l’Humain et du Citoyen? Ne s’agit-il pas justement de découvrir, de se découvrir et de devenir acteurs des changements, les siens et ceux de notre société?

Denis ADAM, le 2 novembre 2016

Sélectionnés pour vous
+ d’actualités nationales

Hasard des calendriers culturels ou préoccupations de l’époque, plusieurs œuvres ce mois-ci invitent à s’interroger sur l’articulation entre les découvertes et évolutions personnelles et la participation à la transformation du monde. Explorées comme les deux faces d’une même pièce, ces deux démarches complémentaires résonnent forcément comme une référence à l’Éducation.

Primé à Cannes et à Deauville, le film Captain Fantastic de Matt Ross est actuellement à l’affiche. S’il met en scène de manière dynamique et interrogative le mythe du bon sauvage, il n’en est pas moins une réflexion sur l’éducation. Celle choisie et donnée par les parents. Dans leur liens -ou ici en l’occurrence- dans leur refus du système scolaire ou universitaire. Education antisystème pour une vision du monde alternative qui se révèle incapable d’être la solution miracle à tous les maux. En effet, cette approche décalée du monde ne sauvera pas la mère -malade psychiatrique- du suicide, pas plus qu’elle ne permet aux enfants de se sentir à l’aise dans leur relation au monde quotidien et aux autres. Il leur faudra à tous changer (changement symbolisé par le fait que le père se rase la barbe et le fils ainé se coupe les cheveux) afin de changer de vie et d’agir ainsi sur la transformation de leur environnement et par conséquence, modestement sur celle du monde.

Dans un tout autre genre, le film de John Carney Sing Street parle également de cette double dimension de transformation. Cette fois c’est au sein de l’institution scolaire américaine que la musique et la constitution d’un groupe va changer la vie d’une bande d’adolescents mais aussi celle d’un quartier défavorisé.

Davantage intimiste, le très réussi film d’animation Ma vie de Courgette de Claude Barras montre l’évolution d’un jeune garçon persuadé d’être responsable de la mort de sa mère. Mais c’est aussi un changement de regard sur ce groupe d’orphelins qui s’opère tout au long du film.

Evidemment, il y a souvent dans les récits d’initiation, comme le sont, dans des approches différentes, les trois films cités, une mise en parallèle entre l’évolution individuelle et la capacité à intervenir, trouver une place et avoir une influence sur son environnement proche ou plus large.

C’est aussi le mythe du super-héros qui est ainsi sous-jacent : l’individu normal acquiert de supers pouvoir qui lui permettent de sauver le monde…

L’exposition The color line proposée par le musée du Quai Branly participe également de cette même réflexion, mais en prenant un recul sociétal plus large, puisqu’il s’agit de voir ici l’évolution et l’impact des artistes « dits de couleur», sur la prise en compte de l’esclavage et de l’apartheid. Une manière pour l’art d’agir sur la transformation des mentalités et sa déclinaison sur la conduite de notre société.

Changer de regard, c’est encore à cela qu’invite l’exposition intitulée Corps rebelles présentée au musée des Confluences à Lyon. Elle montre la danse contemporaine comme un langage universelle, présente son évolution et celle de ses acteurs, inscrites dans une transformation des perceptions et des représentations du monde. Ici, art et société se complètent, l’un et l’autre rendant compte des transformations de l’autre et de l’un…

La liste des œuvres actuelles (livres, films, expositions…) qui mettent ainsi en corrélation changement personnel et transformation du monde est particulièrement longue actuellement.

Certainement parce que nous sentons bien qu’une évolution de nos univers est en cours. Plus, qu’elle est indispensable et que nous pouvons en être les acteurs. Pour se faire encore faut-il nous-mêmes, reconsidérer nos manières d’être et de vivre et les mettre en cohérence avec le monde que nous souhaitons voir émerger.

L’Education, dans son objectif d’émancipation individuelle et collective, n’a-t-elle pas d’autre vocation en agissant pour la formation de l’Humain et du Citoyen? Ne s’agit-il pas justement de découvrir, de se découvrir et de devenir acteurs des changements, les siens et ceux de notre société?

Denis ADAM, le 2 novembre 2016