Analyses et décryptages

Santé mentale des jeunes : Un constat alarmant

Le Haut conseil de la famille de l’enfance et de l’âge (HCFEA) vient de publier un rapport sur la santé mentale des 6-17 ans*. Le constat est alarmant : l’étude fait valoir une explosion de la médication de psychotropes chez les jeunes. Il semble urgent de réagir.

Une hausse de près de 50 % pour les antipsychotiques, de plus de 60 % pour les antidépresseurs, de 78 % pour les psychostimulants et de 155 % pour les hypnotiques : telles sont les évolutions des prescriptions des médecins généralistes à l’égard des patients mineurs sur la décennie 2010-2021. Des chiffres qui font l’effet d’une bombe quant à la situation actuelle des jeunes en matière de bien-être et de santé mentale.

Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer ce phénomène inquiétant. D’abord des états anxiogènes liés à des sujets de société tels que l’écologie, la crise sanitaire ou encore les conflits mondiaux (guerre en Ukraine notamment). S’y ajoutent les comportements addictifs de type jeux vidéo, réseaux sociaux, consommation de stupéfiants etc. Enfin, la prise en charge de ces troubles mentaux s’avère insuffisante au niveau de l’offre médicale pédiatrique, pédopsychiatrique et médico-sociale face à une demande de soins qui explose.

Prescriptions inadaptées

Autre point négatif cité par l’étude : la majorité des consultations de l’enfant sont réalisées par des médecins généralistes qui ne prescriraient pas, toujours selon la HCFEA, les médicaments correspondant aux troubles des patients. Ce qui aurait pour conséquences néfastes et durables chez les jeunes une aggravation de leur état de santé, des passages à l’acte suicidaire, et donc une augmentation des hospitalisations en urgence.

L’étude conclut enfin sur la grave pénurie de personnels soignants et sociaux en capacité de répondre à cette forte demande.

Ce constat alarmant vaut aussi, selon l’UNSA Éducation, pour l’Éducation nationale. En effet, nous dénonçons depuis longtemps le manque d’effectifs dans le domaine des métiers de la santé et du social (assistant·e social·e, infirmier·e, psychologue et médecin scolaires) au sein de nos écoles et de nos établissements scolaires, alors que ceux-ci sont idéalement des lieux de prévention, de repérage et de diagnostic précoce en matière de santé mentale. Il conviendrait que les pouvoirs publics en prennent pleinement conscience et que les récentes annonces faites en matière de création de postes chez les Psy EN soient vraiment à la hauteur des enjeux ; rappelons que cette question de santé mentale s’est traduite récemment par des tragédies ayant fait la Une de la presse nationale.

 

* Quand les enfants vont mal, comment les aider ? (www.hcfea.fr, mars 2023)

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