Sans portable ?

Le 6 février est une date qui doit plaire à Emmanuel Macron et à Jean-Michel Blanquer. C’est en effet celle de la journée sans téléphone mobile. Belle occasion pour se passer de cet appendice numérique qui semble nous être devenu indispensable. Et donc de rappeler leur volonté de l’interdire… à l’école.

Oui, car l’histoire ne nous dit pas, si le président de la République en visite en Corse et son ministre de l’éducation nationale ont laissé éteint leurs smartphones pour cette journée, tout au moins durant quelques heures.

En fait, l’injonction gouvernementale à se passer de portable ne concerne que les élèves…en cours.

Logique, puisse que ce temps dédié aux apprentissages nécessite de l’écoute, de la concentration, voire (du moins il faut l’espérer) de la participation. Et chacun s’accorde pour reconnaitre, qu’à de rares exceptions près, il est difficile, voire impossible, de faire deux choses en même temps. En tout cas de les faire toutes les deux bien.

Faut-il pour autant interdire ?

J’ai connu, privilège (?) de l’âge, une époque où l’on interdisait aux enfants de regarder la télévision. En tout cas s’il y avait classe le lendemain. Pour évier la fatigue, bien sûr. Mais aussi pour le contenu des programmes. A l’école, seule la télévision scolaire avait droit d’entrer. Nulle éducation à l’image. Pas de réflexion sur l’envers du décor, sur la fabrication, sur le réel et la fiction… Un non-lieu.  Un impensé pédagogique et éducatif. Et qui le demeure pour la plupart des enfants d’aujourd’hui.

On sait, malgré tous les plans et toutes les déclarations de bonnes intentions, la part plus que réduite qu’occupe encore aujourd’hui l’informatique et le numérique dans le temps scolaire. Les travaux du Clémi ou de la commission européenne sont édifiants sur le sujet. Ainsi en 2013, plus 20 % des élèves européens âgés de 13 ans environ n’avaient jamais ou presque jamais utilisé d’ordinateur en classe, qu’en est-il aujourd’hui ? Alors que le quotidien en dehors de l’école impose pourtant partout des écrans avec lesquels les enfants, les jeunes et donc les adultes de demain, n’auront pas, ou peu, éduqués.

Doit-on faire de même avec les téléphones portables ?

Il faut l’affirmer avec force, les élèves ne peuvent passer leur temps en classe à envoyer des SMS, lire leurs messages ou surfer sur des sites de jeux. Pas plus que ne devraient le faire les adultes en réunion, en entretien, dans toutes les situations professionnelles qui ne l’exigent pas.

Mais le téléphone numérique peut aussi être un outil pédagogique utile. Autant donc apprendre à bien s’en servir.

Il s’agit, comme pour la calculatrice en mathématique ou en physique, comme le dictionnaire en français ou en langue, comme les atlas en géographie…, de l’utiliser à bon escient et donc de connaitre ses fonctionnalités, les aides qu’il peut apporter, les dangers qu’il peut présenter.

Lorsque, pédagogiquement, il n’est pas nécessaire, il est rangé, éteint. La consigne est claire, expliquée. Et la sanction peut tomber en cas d’infraction à la règle.

Lorsqu’il peut servir pédagogiquement, alors il devient un outil pertinent dont il convient d’apprendre à l’utiliser efficacement.

L’école n’est pas en dehors du monde. Quelle que soit la hauteur des murs et des grilles qui l’entourent, elle est au cœur du monde, car les élèves ne déposent pas leur vie d’enfant ou d’adolescent aux porte-manteaux avant d’entrer en classe.

Plutôt que de chercher, trop souvent en vain, à rééduquer des adultes dépendant de objets numériques, si on tentait déjà d’éduquer les plus jeunes, confiés à l’école. Afin qu’ils apprennent à bien vivre avec et sans portable !

 

Denis ADAM, le 7 février 2018
 

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Le 6 février est une date qui doit plaire à Emmanuel Macron et à Jean-Michel Blanquer. C’est en effet celle de la journée sans téléphone mobile. Belle occasion pour se passer de cet appendice numérique qui semble nous être devenu indispensable. Et donc de rappeler leur volonté de l’interdire… à l’école.

Oui, car l’histoire ne nous dit pas, si le président de la République en visite en Corse et son ministre de l’éducation nationale ont laissé éteint leurs smartphones pour cette journée, tout au moins durant quelques heures.

En fait, l’injonction gouvernementale à se passer de portable ne concerne que les élèves…en cours.

Logique, puisse que ce temps dédié aux apprentissages nécessite de l’écoute, de la concentration, voire (du moins il faut l’espérer) de la participation. Et chacun s’accorde pour reconnaitre, qu’à de rares exceptions près, il est difficile, voire impossible, de faire deux choses en même temps. En tout cas de les faire toutes les deux bien.

Faut-il pour autant interdire ?

J’ai connu, privilège (?) de l’âge, une époque où l’on interdisait aux enfants de regarder la télévision. En tout cas s’il y avait classe le lendemain. Pour évier la fatigue, bien sûr. Mais aussi pour le contenu des programmes. A l’école, seule la télévision scolaire avait droit d’entrer. Nulle éducation à l’image. Pas de réflexion sur l’envers du décor, sur la fabrication, sur le réel et la fiction… Un non-lieu.  Un impensé pédagogique et éducatif. Et qui le demeure pour la plupart des enfants d’aujourd’hui.

On sait, malgré tous les plans et toutes les déclarations de bonnes intentions, la part plus que réduite qu’occupe encore aujourd’hui l’informatique et le numérique dans le temps scolaire. Les travaux du Clémi ou de la commission européenne sont édifiants sur le sujet. Ainsi en 2013, plus 20 % des élèves européens âgés de 13 ans environ n’avaient jamais ou presque jamais utilisé d’ordinateur en classe, qu’en est-il aujourd’hui ? Alors que le quotidien en dehors de l’école impose pourtant partout des écrans avec lesquels les enfants, les jeunes et donc les adultes de demain, n’auront pas, ou peu, éduqués.

Doit-on faire de même avec les téléphones portables ?

Il faut l’affirmer avec force, les élèves ne peuvent passer leur temps en classe à envoyer des SMS, lire leurs messages ou surfer sur des sites de jeux. Pas plus que ne devraient le faire les adultes en réunion, en entretien, dans toutes les situations professionnelles qui ne l’exigent pas.

Mais le téléphone numérique peut aussi être un outil pédagogique utile. Autant donc apprendre à bien s’en servir.

Il s’agit, comme pour la calculatrice en mathématique ou en physique, comme le dictionnaire en français ou en langue, comme les atlas en géographie…, de l’utiliser à bon escient et donc de connaitre ses fonctionnalités, les aides qu’il peut apporter, les dangers qu’il peut présenter.

Lorsque, pédagogiquement, il n’est pas nécessaire, il est rangé, éteint. La consigne est claire, expliquée. Et la sanction peut tomber en cas d’infraction à la règle.

Lorsqu’il peut servir pédagogiquement, alors il devient un outil pertinent dont il convient d’apprendre à l’utiliser efficacement.

L’école n’est pas en dehors du monde. Quelle que soit la hauteur des murs et des grilles qui l’entourent, elle est au cœur du monde, car les élèves ne déposent pas leur vie d’enfant ou d’adolescent aux porte-manteaux avant d’entrer en classe.

Plutôt que de chercher, trop souvent en vain, à rééduquer des adultes dépendant de objets numériques, si on tentait déjà d’éduquer les plus jeunes, confiés à l’école. Afin qu’ils apprennent à bien vivre avec et sans portable !

 

Denis ADAM, le 7 février 2018