Sanctuariser les lieux d’Éducation ?

La « sanctuarisation » aura été le mot clé, le mot de la fin (peut-être ?) de l’« affaire Léonarda ». « Sanctuarisation de l’école et du périscolaire », aurait affirmé le Président de la République – qui n’a d’ailleurs pas prononcé le mot -, comme le demandaient le ministre de l’Éducation Nationale, la ministre du Logement et même la femme du Président.

Le mot renvoie-t-il à son sens anglophone (to sanctuarize) de « protéger » ? S’agit-il de s’approcher – dans l’idée, moins que dans le droit – du statut spécifique de la « franchise universitaire » (acquise depuis le Moyen Âge et qui interdit, sauf dans quelques cas extrêmes, l’intervention de la police dans l’enceinte d’une université sans l’autorisation de son président) ? Alors oui, nous ne pouvons que nous réjouir de cette affirmation forte et de la circulaire qui la mettra en œuvre.

Mais le terme « sanctuariser » possède une forte connotation religieuse. L’idée de fermer les portes et d’instaurer des frontières n’est jamais très éloignée de la clôture séparant le sacré du profane, le clergé des fidèles. Pour Claude Lelièvre, nous devons le rapprochement à Durkheim qui considère l’École comme remplaçant l’Église. François Bayrou, alors ministre de l’Éducation Nationale (1993-1997), a réhabilité le mot en jouant fortement sur son ambiguïté. Ne nous y trompons pas. Nous ne voulons pas d’une École renfermée sur elle-même, sacralisant un savoir doctrinaire dont les enseignants seraient les prêtres, les missionnaires.

La Refondation de l’Éducation s’appuie sur quelques idées fortes, au premier rang desquelles la construction d’une coopération renforcée entre les différents acteurs éducatifs. La complémentarité des temps éducatifs, l’élaboration conjointe de Projets Éducatifs de Territoires (PEDT), des modules de formation commune dans les ESPé doivent en être les instruments.

L’École – ouverte sur le monde et aux autres – et l’ensemble des lieux et des parcours éducatifs doivent donc être vécus par tous comme des espaces de protection, de confiance, de respect.

C’est l’esprit même de notre République. Cela nécessite certainement une circulaire pour le rappeler et… un peu de discernement pour l’appliquer !

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La « sanctuarisation » aura été le mot clé, le mot de la fin (peut-être ?) de l’« affaire Léonarda ». « Sanctuarisation de l’école et du périscolaire », aurait affirmé le Président de la République – qui n’a d’ailleurs pas prononcé le mot -, comme le demandaient le ministre de l’Éducation Nationale, la ministre du Logement et même la femme du Président.

Le mot renvoie-t-il à son sens anglophone (to sanctuarize) de « protéger » ? S’agit-il de s’approcher – dans l’idée, moins que dans le droit – du statut spécifique de la « franchise universitaire » (acquise depuis le Moyen Âge et qui interdit, sauf dans quelques cas extrêmes, l’intervention de la police dans l’enceinte d’une université sans l’autorisation de son président) ? Alors oui, nous ne pouvons que nous réjouir de cette affirmation forte et de la circulaire qui la mettra en œuvre.

Mais le terme « sanctuariser » possède une forte connotation religieuse. L’idée de fermer les portes et d’instaurer des frontières n’est jamais très éloignée de la clôture séparant le sacré du profane, le clergé des fidèles. Pour Claude Lelièvre, nous devons le rapprochement à Durkheim qui considère l’École comme remplaçant l’Église. François Bayrou, alors ministre de l’Éducation Nationale (1993-1997), a réhabilité le mot en jouant fortement sur son ambiguïté. Ne nous y trompons pas. Nous ne voulons pas d’une École renfermée sur elle-même, sacralisant un savoir doctrinaire dont les enseignants seraient les prêtres, les missionnaires.

La Refondation de l’Éducation s’appuie sur quelques idées fortes, au premier rang desquelles la construction d’une coopération renforcée entre les différents acteurs éducatifs. La complémentarité des temps éducatifs, l’élaboration conjointe de Projets Éducatifs de Territoires (PEDT), des modules de formation commune dans les ESPé doivent en être les instruments.

L’École – ouverte sur le monde et aux autres – et l’ensemble des lieux et des parcours éducatifs doivent donc être vécus par tous comme des espaces de protection, de confiance, de respect.

C’est l’esprit même de notre République. Cela nécessite certainement une circulaire pour le rappeler et… un peu de discernement pour l’appliquer !