Après une année heurtée par des annonces de restructuration, puis une concertation ouverte avec les personnels et interrompue depuis mars, Réseau Canopé attend d’en savoir plus sur son devenir depuis la rentrée. Le Réseau a assuré pendant le confinement et après, en mobilisant son savoir-faire réparti sur tous les territoires pour répondre aux besoins des personnels par le biais de formations dans l’urgence. Bilan : 100 000 participants aux webinaires liés à la continuité éducative. Comment faire fructifier cette réussite ? Quel avenir et quel mode d’organisation pour le Réseau ? Quelles missions seront conservées, abandonnées, remodelées ? Autant de questions qui n’ont pas encore toutes leurs réponses…
Quel nouveau modèle opératif ?
Rappelons que Réseau Canopé est organisé en un siège national (Chasseneuil du Poitou), 13 directions territoriales et 101 ateliers départementaux. Ses missions et réalisations sont très diversifiées avec des réussites économiques et des mises en œuvre très inégales, selon les territoires. Il mobilise plus d’un millier de personnels aux métiers, statuts et compétences fort variés.
Le Ministère fait valoir une ambition forte autour de la formation continue de ses personnels, dans laquelle il entend bien repositionner l’opérateur Réseau Canopé, et les Inspé depuis plus d’un an. Pour l’heure, si les dernières annonces faites aux personnels de Canopé les ont plutôt rassurés, de nombreuses problématiques sont sur la table de la co-construction de la nouvelle feuille de route de l’opérateur. La notion de « démantèlement » s’éloigne mais pour autant un nouveau modèle d’organisation doit se négocier dans chaque région académique avec les acteurs locaux. Démarrer cette nouvelle ambition avec des suppressions de postes budgétaires (- 45 postes au PLF2021) n’est pas un bon signal !
Un réseau, force de réactivité et mutualisation
La force de Réseau Canopé est inscrite dans son nom : c’est un réseau. Réseau capable en un temps record de récupérer ce qui se fait à Chartres pour alimenter une formation à Nancy. La future nouvelle organisation ne devra pas affaiblir cette capacité. Envisager des collaborations rapprochées avec les rectorats suppose des instances de dialogue dont ne devront pas être écartés les personnels. Car la culture professionnelle du Réseau est participative et comment faire adhérer des personnels sans les engager dans la réflexion liée à leur travail ? Insistons également sur la qualité de service offert dans les zones rurales, (ateliers décentralisés, médiations dans les écoles et les EPLE, prêts de ressources) qu’il faudra bien évidemment conserver voire amplifier.
Avec quel modèle économique ?
Réseau Canopé est un opérateur qui vit sur subvention du Ministère pour mission de service public et sur fonds propres, donc de la vente de biens et services. En recentrant ses missions sur la formation au numérique et par le numérique pour les enseignants, les directions nationale, territoriales et les ateliers seront-ils toujours en capacité de se démener pour chercher ces fonds propres ? Comment faire plus ou tout à fait autrement avec moins de personnels ? Comment combler la perte constatée de compétences car la période d’incertitude n’incite pas à rester dans le navire ? Et enfin, comment seront accompagnés les personnels qui verront leurs missions transformées ? (en terme de formation ou en terme de reconversion)
L’UNSA Éducation ne lâche pas l’affaire Canopé ! La concertation nationale sur son avenir semble se clore. Si c’est dans les régions que va se jouer son devenir, les représentants UNSA Éducation des académies s’empareront du sujet pour défendre les qualités reconnues des services offerts par Réseau Canopé sans les diluer et encore moins les étouffer dans les services rectoraux.