Rencontres en terrains d’éducation, 3ème épisode : l’École publique, parcours de réussite

Non, il ne passe pas rien dans les écoles et établissements scolaires publics.
Non, tou.tes les élèves ne sont pas condamné.es à échouer.
Malgré quelques destructions récentes de tours HLM et la proximité du RER, l’enclavement de la cité est notoire dès l’arrivée dans le quartier. On se doute qu’ici les nouvelles grilles et le nouveau portail n’empêchent en rien les agitations du quotidien d’entrer dans le collège avec les élèves et même avec les personnels. Une première impression compensée par la présence d’une Micro Folie jouxtant l’entrée de l’établissement scolaire et par les aménagements en cours dans le quartier. Mais pour être rassuré, voire séduit, il faut passer la porte et se laisser guider ici dans la serre professionnelle et les jardins, là dans les ateliers cuisine de la SEGPA. Au détour des couloirs décorés par des fresques réalisées par les élèves, on découvre le piano et l’espace lecture du CDI comme la salle polyvalente où tout un groupe s’entraîne au step.
Au collège Évariste Galois de Sevran, comme dans tous les collèges publics de France, on suit le programme des enseignements mais ce qui marque, c’est la multiplication des projets qui les accompagnent et les complètent.
Dans le cadre des « Rencontres en terrain d’Éducation » menées par l’UNSA Éducation, une délégation de la fédération conduite par Morgane Verviers, sa secrétaire générale, a eu l’occasion d’échanger avec les personnels qui pilotent et réalisent ces projets.
Petit retour sur l’ambition de faire réussir tou.tes les élèves
Au point de départ, il y a de la part des personnels éducatifs du collège la conviction que « tous les enfants peuvent réussir et qu’il faut le leur faire savoir ». Chacune de leurs réussites fait grandir leur confiance en elles-eux et la conviction progressive qu’iels peuvent réussir encore, ailleurs…
Ainsi en est-il du « Marché des connaissances », une journée de fin janvier, début février, durant laquelle chaque élève de 6ème se transforme en transmetteur et se charge d’apprendre à d’autres enfants et adultes un savoir appris.
C’est aussi le cas du « projet réussite », contrat avec l’élève (de la 6ème à la 3ème), ses parents et l’équipe pédagogique de vivre des ateliers hors de la classe pour une période de 6 à 7 semaines, afin de reprendre pied sur les apprentissages comme sur l’aspect comportemental.
Pour les 5ème, le projet « Non au harcèlement » conduit chaque classe à élaborer une affiche qui seront toutes exposées lors de la journée de lutte contre le harcèlement scolaire, prétexte à des échanges, des rencontres, des débats et le concours de l’affiche la plus « parlante ».
A cela il faudrait ajouter, une comédie musicale conduite par les professeures de français-théâtre, EPS et éducation musicale, la classe CHAM, les ateliers d’orientation en 4ème et 3ème, l’UP2A, les travaux de liaison CM2-6ème, le tout inscrit dans le fonctionnement collectif de la cité éducative.
Un engagement au quotidien des personnels
Un tel déploiement de projets repose sur l’investissement de tous les personnels et sur le travail d’équipe. L’’équipe de direction organise l’emploi du temps pour permettre les temps de réunion de l’équipe enseignante. Professeur.es, AESH et AED participent pleinement aux différents projets. Plusieurs partenariats sont construits également avec des structures extérieures, à commencer par la « Micro Folie » voisine.
Inutile de dire que dans ce collège l’ensemble des personnels ne s’est pas laissé enfermer dans les mesures du « Chocs des savoirs » avec ses groupes de niveaux. L’adaptation du dispositif a permis du travail en petits groupes dans lequel tous les enfants tournent à chaque période (entre deux vacances) afin de mieux répondre à leurs besoins et développer leurs compétences.
Les personnels de direction et d’inspection reconnaissent l’engagement des personnels au service de la réussite des élèves. Dommage que le ministère soit incapable, lui, de s’appuyer sur de telles démarches pour valoriser l’investissement professionnel et lui donner les moyens de se développer partout, dans la mission quotidienne de l’École publique.
Montrer les réussites pour en faire la base de nos revendications
En allant ainsi à la rencontre des personnels, des élus, des associations, des chercheurs, des partenaires sur les terrains d’Éducation à travers la France (hexagonale et ultramarine), l’UNSA Éducation combat l’idée trop souvent rabâchée d’un déclinisme scolaire qui se nourrit d’un « c’était mieux avant » douteux. Le but est de montrer que partout des collègues s’engagent, donnent de leur temps, de leur énergie avec la seule reconnaissance d’aider des enfants, des adolescent.es à réussir, à prendre confiance en eux, à dépasser leurs échecs pour trouver leur voie dans la société, dans la collectivité, dans la vie professionnelle.
Ce message, trop peu entendu, se traduit par des revendications encore plus fortes envers nos dirigeants, mais aussi envers tous les décideurs qui croient en l’école publique comme creuset de l’apprentissage du vivre ensemble, de l’émancipation et le la réussite.
Alors que l’École publique, l’université publique, l’Éducation de tou.tes est remise en cause dans des « entre-soi » choisis par les plus riches et subis par les familles les plus éloignées de la culture scolaire, il est essentiel de montrer les réussites et de revendiquer les moyens indispensables à leur généralisation.