Réforme de l’AEFE, être entendus plus que simplement écoutés poliment

Nous avons représenté l'UNSA Education à la réunion d'échange avec le secrétaire d'Etat Jean-Baptiste Lemoyne le 6 Mai 2019 concernant les futures orientations de l'enseignement français à l'étranger.

Nous avons représenté l’UNSA Education à la réunion d’échange avec le secrétaire d’Etat Jean-Baptiste Lemoyne le 6 Mai 2019 concernant les futures orientations de l’enseignement français à l’étranger.

Nous nous sommes interrogés sur la méthode de réforme du réseau d’enseignement français à l’étranger. Au terme de presque deux ans de discussions et échanges nous constatons que l’essentiel s’est décidé en coulisse et que les concertations actuelles concernent une série d’ajustements importants mais qui ne permettront pas aux organisations syndicales d’avoir véritablement voix au chapitre sur l’essentiel (Budget de l’agence, conditions d’emploi des personnels à l’étranger, valorisation de leur expérience au moment du retour en France). Etre écoutés poliment, c’est bien, être entendus c’est toujours mieux. Nous sommes également très sceptiques par rapport à une double consultation, le 6 Mai et le 20 Mai, sur des dates très rapprochées et des formats parfois étonnants (les organisations syndicales n’ayant pas d’élus au comité technique ont été invitées, pourquoi ?).

Le dialogue social n’est pas qu’un simple exercice formel mais doit être l’occasion de faire des propositions dans une logique partenariale. Nous avons pu rappeler notre ligne rouge : Au sein d’un système largement privatisé dans son financement, nous souhaitons que l’Etat continue à assumer ses responsabilités. Nous sommes conscients que les parents sont des acteurs importants qui doivent participer pleinement à la gouvernance des établissements, à être informés et consultés, mais nous refusons néanmoins la vision du « parent actionnaire » décideur en dernier ressort des grands choix financiers ou RH dans les établissements à gestion directe, en autre. A cet égard le rapport Cazebonne, qui est une boite à outils comportant une myriade de propositions, comportait des propositions auxquelles nous n’adhérons pas, même si le dialogue avec la FAPEE et la FCPE doit se poursuivre pleinement sur ce sujet.

Le ministre a pu confirmer ce que nous avions déjà compris d’échanges antérieurs (notamment avec les responsables de la DGM et de l’AEFE) : L’opérateur public devrait être préservé. Il n’y a « pas de plan de privatisation » dans les tiroirs, malgré la coupe des 33 millions d’euros en 2017 qui y ressemblait. La question de la rebudgétisation, bien que complexe, est posée « on a besoin d’un socle plus fort en terme budgétaire pour travailler sereinement ». Nous en sommes également convaincus.

Le secrétaire d’Etat a voulu associer les syndicats à une journée de concertation prévue le 20 Mai. Bien que nous nous interrogions sur l’articulation de cette journée avec la concertation du 6 Mai, nous y participerons. Le rapport commandé à l’inspection générale du MEAE pour baliser la réforme devrait nous être diffusé d’ici là.

Dans les pistes de réflexion à mener, le rôle et la configuration d’une future « cellule d’accompagnement des homologations » qui serait renforcée, et la question de la « mixité scolaire » ont été évoquées comme celles de la « gouvernance » de l’AEFE et du pilotage par zone géographique.

Nos interventions syndicales ont porté sur la question essentielle des ressources humaines : Alors que l’UNSA est la seule organisation a avoir soutenu sous condition les nouvelles modalités d’emploi de résident, nous trouvons avec le recul que l’expérience est non aboutie : Aucune fluidité sur les renouvellements de détachement n’est constatée. Dans le primaire notamment, les freins et empêchements de renouvellement de détachements sont une nouvelle fois très problématiques. Comme nous l’avons dit « nous sommes réformistes, oui, mais surtout pas les ravis de la crêche » qui approuveront tout ce qu’on leur propose.

Nous avons attiré l’attention du ministre sur les situations de concurrence agressive posées par la montée en puissance d’opérateurs privés comme Odyssey. Nous regrettons le débauchage de certains personnels du réseau AEFE ou le départ vers des opérateurs privés juste après la retraite. SI nous ne sommes pas opposés par principe aux passages entre le privé et le public, nous avons le sentiment que des règles de déontologie ne sont pas toujours appliquées et qu’il appartient à l’Etat de saisir la commission de déontologie chaque fois que nécessaire.

Nous pensons que l’identité de notre réseau à vocation universelle tient à la diversité des publics qui peuvent s’y côtoyer et marquons notre vigilance sur le budget des bourses scolaires et l’accès au réseau AEFE des élèves issus de familles modestes.

SI la concurrence dans le domaine éducatif à l’étranger s’est renforcée, nous sommes persuadés de la « compétitivité » de notre réseau qui tient, notamment, à la qualité des enseignements académiques dispensés, au système de formation des personnels et à leur recrutement. Et comme, plus que jamais, « il n’est de richesse que d’Homme », la juste valorisation des personnels et des parcours professionnels à l’étranger doivent se poursuivre.

Boris Faure et Adrien Guinemer.

Pour l’UNSA Education.

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Nous avons représenté l’UNSA Education à la réunion d’échange avec le secrétaire d’Etat Jean-Baptiste Lemoyne le 6 Mai 2019 concernant les futures orientations de l’enseignement français à l’étranger.

Nous nous sommes interrogés sur la méthode de réforme du réseau d’enseignement français à l’étranger. Au terme de presque deux ans de discussions et échanges nous constatons que l’essentiel s’est décidé en coulisse et que les concertations actuelles concernent une série d’ajustements importants mais qui ne permettront pas aux organisations syndicales d’avoir véritablement voix au chapitre sur l’essentiel (Budget de l’agence, conditions d’emploi des personnels à l’étranger, valorisation de leur expérience au moment du retour en France). Etre écoutés poliment, c’est bien, être entendus c’est toujours mieux. Nous sommes également très sceptiques par rapport à une double consultation, le 6 Mai et le 20 Mai, sur des dates très rapprochées et des formats parfois étonnants (les organisations syndicales n’ayant pas d’élus au comité technique ont été invitées, pourquoi ?).

Le dialogue social n’est pas qu’un simple exercice formel mais doit être l’occasion de faire des propositions dans une logique partenariale. Nous avons pu rappeler notre ligne rouge : Au sein d’un système largement privatisé dans son financement, nous souhaitons que l’Etat continue à assumer ses responsabilités. Nous sommes conscients que les parents sont des acteurs importants qui doivent participer pleinement à la gouvernance des établissements, à être informés et consultés, mais nous refusons néanmoins la vision du « parent actionnaire » décideur en dernier ressort des grands choix financiers ou RH dans les établissements à gestion directe, en autre. A cet égard le rapport Cazebonne, qui est une boite à outils comportant une myriade de propositions, comportait des propositions auxquelles nous n’adhérons pas, même si le dialogue avec la FAPEE et la FCPE doit se poursuivre pleinement sur ce sujet.

Le ministre a pu confirmer ce que nous avions déjà compris d’échanges antérieurs (notamment avec les responsables de la DGM et de l’AEFE) : L’opérateur public devrait être préservé. Il n’y a « pas de plan de privatisation » dans les tiroirs, malgré la coupe des 33 millions d’euros en 2017 qui y ressemblait. La question de la rebudgétisation, bien que complexe, est posée « on a besoin d’un socle plus fort en terme budgétaire pour travailler sereinement ». Nous en sommes également convaincus.

Le secrétaire d’Etat a voulu associer les syndicats à une journée de concertation prévue le 20 Mai. Bien que nous nous interrogions sur l’articulation de cette journée avec la concertation du 6 Mai, nous y participerons. Le rapport commandé à l’inspection générale du MEAE pour baliser la réforme devrait nous être diffusé d’ici là.

Dans les pistes de réflexion à mener, le rôle et la configuration d’une future « cellule d’accompagnement des homologations » qui serait renforcée, et la question de la « mixité scolaire » ont été évoquées comme celles de la « gouvernance » de l’AEFE et du pilotage par zone géographique.

Nos interventions syndicales ont porté sur la question essentielle des ressources humaines : Alors que l’UNSA est la seule organisation a avoir soutenu sous condition les nouvelles modalités d’emploi de résident, nous trouvons avec le recul que l’expérience est non aboutie : Aucune fluidité sur les renouvellements de détachement n’est constatée. Dans le primaire notamment, les freins et empêchements de renouvellement de détachements sont une nouvelle fois très problématiques. Comme nous l’avons dit « nous sommes réformistes, oui, mais surtout pas les ravis de la crêche » qui approuveront tout ce qu’on leur propose.

Nous avons attiré l’attention du ministre sur les situations de concurrence agressive posées par la montée en puissance d’opérateurs privés comme Odyssey. Nous regrettons le débauchage de certains personnels du réseau AEFE ou le départ vers des opérateurs privés juste après la retraite. SI nous ne sommes pas opposés par principe aux passages entre le privé et le public, nous avons le sentiment que des règles de déontologie ne sont pas toujours appliquées et qu’il appartient à l’Etat de saisir la commission de déontologie chaque fois que nécessaire.

Nous pensons que l’identité de notre réseau à vocation universelle tient à la diversité des publics qui peuvent s’y côtoyer et marquons notre vigilance sur le budget des bourses scolaires et l’accès au réseau AEFE des élèves issus de familles modestes.

SI la concurrence dans le domaine éducatif à l’étranger s’est renforcée, nous sommes persuadés de la « compétitivité » de notre réseau qui tient, notamment, à la qualité des enseignements académiques dispensés, au système de formation des personnels et à leur recrutement. Et comme, plus que jamais, « il n’est de richesse que d’Homme », la juste valorisation des personnels et des parcours professionnels à l’étranger doivent se poursuivre.

Boris Faure et Adrien Guinemer.

Pour l’UNSA Education.