Refondation : acte II ?

Scène 1 : Ce mercredi, en Conseil des ministres, la Ministre de l’Éducation nationale communique les grandes lignes de la réforme du collège. Scène 2 : Le lendemain, demain jeudi, le rideau s’ouvre sur la salle du Conseil Supérieur de l’Éducation, exceptionnellement présidé par la Ministre de l’Éducation nationale. Elle est porteuse du document définissant le socle commun et des différents amendements déposés par les syndicats et organisations éducatives. Scène 3 : Avril 2015, de nouveau au CSE, est débattu la réforme du collège et la ministre annonce ses décisions quant à l’évaluation.

Scène 1 : Ce mercredi, en Conseil des ministres, la Ministre de l’Éducation nationale communique les grandes lignes de la réforme du collège.

Scène 2 : Le lendemain, demain jeudi, le rideau s’ouvre sur la salle du Conseil Supérieur de l’Éducation, exceptionnellement présidé par la Ministre de l’Éducation nationale. Elle est porteuse du document définissant le socle commun et des différents amendements déposés par les syndicats et organisations éducatives.

Scène 3 : Avril 2015, de nouveau au CSE, est débattu la réforme du collège et la ministre annonce ses décisions quant à l’évaluation.

L’enjeu est triple et il consiste à inverser les logiques scolaires en œuvre actuellement :
– celle de faire reposer la réussite sur le seul élève,
– celle de situer le collège comme un pré-lycée,
– celle de privilégier l’évaluation-sanction.

Au contraire, l’esprit de la Refondation implique que l’institution offre à chaque jeune les moyens de réussir, en lui permettant qu’acquérir et de développer les compétences du socle dans une démarche curriculaire, inscrite dans le temps long de la scolarité obligatoire et rythmée par les étapes intermédiaires des cycles. Dans cette approche, les mêmes droits d’accéder aux savoirs sont garantis par le renforcement du collège unique structuré autour d’un tronc commun d’enseignements disciplinaires et de « parcours » complémentaires, trans et multidisciplinaires, mobilisant les élèves dans des démarches actives de production. L’évaluation, envisagée comme une aide aux apprentissages, doit donc être privilégiée dans sa dimension formative. Pour cela, elle doit être bienveillante, mettre en évidence les progrès, rendre compte des acquisitions, donner envie de poursuivre, au lieu d’enfermer dans l’échec et démotiver en ne sanctionnant que les erreurs.

Pas de doutes, les décisions à prendre sont d’importance. Elles nécessitent de l’ambition pour l’Éducation et du courage politique pour ne pas céder aux sirènes de ceux qui veulent que rien ne change.

« Ainsi donc, en quelques semaines, c’est l’acte II de la Refondation qui se joue », pourrait-on même affirmer sur un ton dramatique –certes légèrement exagéré, mais à peine forcé.

En effet, selon ce qui sera définitivement décidé pour définir le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, engager la réforme du collège, concevoir l’évaluation, la Refondation pourra se réaliser ou elle sera définitivement enterrée, renvoyant à longtemps la prochaine réforme positive et en profondeur de notre système scolaire.
Ne nous y trompons pas, les projets libéraux pour l’Éducation sont déjà affutés par les états-majors de certains partis politiques, niant les actuelles pistes d’évolutions. Or la question n’est pas que scolaire, elle est démocratique. Quelle société construisons-nous effectivement avec une École qui exclut et condamne à l’échec ?

La Refondation est donc indispensable. Après les textes, elle doit être concrètement mise en œuvre dans toutes les écoles et établissements. Socle commun, collège, évaluation, les trois coups sont frappés (de bon sens). Reste à lever le rideau sur son acte II.

 

Denis ADAM, le 11 mars 2015

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Scène 3 : Avril 2015, de nouveau au CSE, est débattu la réforme du collège et la ministre annonce ses décisions quant à l’évaluation.

L’enjeu est triple et il consiste à inverser les logiques scolaires en œuvre actuellement :
– celle de faire reposer la réussite sur le seul élève,
– celle de situer le collège comme un pré-lycée,
– celle de privilégier l’évaluation-sanction.

Au contraire, l’esprit de la Refondation implique que l’institution offre à chaque jeune les moyens de réussir, en lui permettant qu’acquérir et de développer les compétences du socle dans une démarche curriculaire, inscrite dans le temps long de la scolarité obligatoire et rythmée par les étapes intermédiaires des cycles. Dans cette approche, les mêmes droits d’accéder aux savoirs sont garantis par le renforcement du collège unique structuré autour d’un tronc commun d’enseignements disciplinaires et de « parcours » complémentaires, trans et multidisciplinaires, mobilisant les élèves dans des démarches actives de production. L’évaluation, envisagée comme une aide aux apprentissages, doit donc être privilégiée dans sa dimension formative. Pour cela, elle doit être bienveillante, mettre en évidence les progrès, rendre compte des acquisitions, donner envie de poursuivre, au lieu d’enfermer dans l’échec et démotiver en ne sanctionnant que les erreurs.

Pas de doutes, les décisions à prendre sont d’importance. Elles nécessitent de l’ambition pour l’Éducation et du courage politique pour ne pas céder aux sirènes de ceux qui veulent que rien ne change.

« Ainsi donc, en quelques semaines, c’est l’acte II de la Refondation qui se joue », pourrait-on même affirmer sur un ton dramatique –certes légèrement exagéré, mais à peine forcé.

En effet, selon ce qui sera définitivement décidé pour définir le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, engager la réforme du collège, concevoir l’évaluation, la Refondation pourra se réaliser ou elle sera définitivement enterrée, renvoyant à longtemps la prochaine réforme positive et en profondeur de notre système scolaire.
Ne nous y trompons pas, les projets libéraux pour l’Éducation sont déjà affutés par les états-majors de certains partis politiques, niant les actuelles pistes d’évolutions. Or la question n’est pas que scolaire, elle est démocratique. Quelle société construisons-nous effectivement avec une École qui exclut et condamne à l’échec ?

La Refondation est donc indispensable. Après les textes, elle doit être concrètement mise en œuvre dans toutes les écoles et établissements. Socle commun, collège, évaluation, les trois coups sont frappés (de bon sens). Reste à lever le rideau sur son acte II.

 

Denis ADAM, le 11 mars 2015