Rapport sur la place des mathématiques : Décryptage
Enseigner différemment les mathématiques et repenser l’évaluation
Le rapport sur la place des mathématiques, rappelle les alertes sur le niveau insuffisant des jeunes constaté par les professeurs du supérieur et par les professionnels, surtout en voie scientifique. Ajouté à des résultats faibles sur les différentes enquêtes comparatives internationales, ce constat interroge alors que nous sommes le pays ayant le plus d’heure d’enseignement de cette matière. Le cursus lycée ne saurait être le seul à se remettre en question et les préconisations du rapport Villani-Torossian de 2018 implique tout le monde éducatif en insistant sur l’école primaire.
La représentation moindre des filles dans les formations nécessitant des mathématiques ne commencent pas à l’entrée du lycée, mais sont constitués très en amont.
Une réforme qui interroge mais qui a besoin de temps
La question posée suite à la réforme sur la place des mathématiques intervient alors que la discipline était sortie du tronc commun, pour n’être suivie par les élèves intéressés. La désaffection des jeunes, notamment les filles pour cette matière a fait réagir les acteurs de l’éducation. Le rapport évoque la capacité à faire vivre un enseignement de « mathématiques pour toutes et tous ».
Néanmoins il note que même si le recul est insuffisant, la réforme semble améliorer la formation des futurs scientifiques qui choisissent clairement leurs spécialités pour leur orientation.
Un enseignement supplémentaire pour donner une culture mathématique à plus d’élèves pour 2022
Le comité propose cinq mesures à mettre en place pour la rentrée 2022, dont celle d’étoffer l’enseignement scientifique pour les élèves de première ne suivant pas la spécialité mathématique (1h30-2h supplémentaires) afin de les outiller pour leur vie de citoyen et leur donner accès à l’option mathématiques complémentaires en terminale. Un renforcement de la transdisciplinarité sur l’enseignement scientifique est également envisagé pour donner du sens aux mathématiques comme langage commun des sciences.
Faire évoluer les pratiques et les approches
Le rapport mettant en évidence un besoin d’évolution des pédagogies et des méthodes d’évaluation, il invite à travers des Assises Nationales de mathématiques à s’interroger sur les pratiques. Il rejoint sur ce point un rapport d’EURYDIS sur l’enseignement des mathématiques en Europe, qui pointait déjà la nécessité de mixer les différentes pédagogies associant les projets transdisciplinaires, les applications pratiques et les méthodes plus traditionnelles de résolution de problèmes.
Un accompagnement des professeurs à travers la formation continue permettrait des synergies entre pairs et du travail transdisciplinaire. Il souligne que ce travail devrait s’insérer dans un projet pédagogique plus global de réussite dans toutes le disciplines.
Après avoir constaté que la réforme n’induisait pas de biais genré mais plutôt une mise en évidence d’une situation existante, il préconise plutôt d’accentuer la politique volontariste pour orienter plus de filles vers l’option mathématiques expertes afin d’augmenter leur flux vers les formations supérieures scientifiques. Pour faire évoluer la féminisation des sciences, il faudra attendre les effets des mesures prises en amont (rapport Béjean-Roiron-Ringard sur l’égalité filles/garçons au sein du LEGT).
Une réflexion à plus long terme à partir de 2023
A plus long terme, le comité propose une évolution des programmes de seconde et une généralisation de l’Enseignement Scientifique et Mathématique (ESM) à l’ensemble des élèves comme tous les enseignements du tronc commun, ce qui amènerait à une modification du programmes de mathématiques de première. Le groupe d’experts propose l’évolution des deux options de terminale, mathématiques expertes et mathématiques complémentaires qui devraient être proposées systématiquement dans les établissements, notamment au niveau de leur dénomination pour les rendre plus explicite. Cette mise en place devra être accompagnée d’une réflexion autour des marges horaires dans la dotation pour ne pas amputer les moyens qui devraient servir à l’adaptation pédagogique pour les établissements.
l’UNSA soutient les initiatives qui reconnaissent le travail en équipe et l’accompagnement par la formation des enseignants permettant la mise en place de dispositifs pédagogiques pour la réussite de toutes et tous. L’éducation à l’orientation doit également être reconnue comme un enjeu majeur pour permettre une orientation choisie.