Quelques sombres remous, mais pas de vagues.

Il n’y aura pas de député supplémentaire (enfin pas cette fois) pour s’ajouter aux deux députés, deux sénateurs et 12 maires du Front national qui forment le « laboratoire » dont la présidente se sert pour sa stratégie de dédiabolisation du parti d’extrême droite. L’exercice du pouvoir est en effet un enjeu essentiel pour donner de la crédibilité au fait que le FN serait un parti fréquentable et apte à gouverner.

Il n’y aura pas de député supplémentaire (enfin pas cette fois) pour s’ajouter aux deux députés, deux sénateurs et 12 maires du Front national qui forment le « laboratoire » dont la présidente se sert pour sa stratégie de dédiabolisation du parti d’extrême droite. L’exercice du pouvoir est en effet un enjeu essentiel pour donner de la crédibilité au fait que le FN serait un parti fréquentable et apte à gouverner. Aussi le siège national veille et donne des consignes. L’objectif est d’éviter les vagues et les attitudes « trop extrême droite ». Cet encadrement fonctionne assez bien, même s’il n’évite pas quelques dérapages qui remettent au premier plan la vraie nature du parti des Le Pen.

Bien sûr, il y a les tensions –souvent bien orchestrées d’ailleurs- entre le père et la fille, ou la tante et la nièce. Elles permettent de maintenir bien des ambiguïtés, donnant une image renouvelée tout en maintenant un discours extrémiste qui satisfait la vieille garde et rappelle l’idéologie même du parti.

Chacun a également en tête l’attitude incompréhensible des députés frontistes refusant de s’associer, au lendemain des événements tragiques de ce début d’année, à l’hommage unanime à l’Assemblée nationale, à l’image même du boycott de la manifestation nationale par la présidente de leur parti.

Mais au niveau local, les choses tentent de rester dans « la normalité ».

Certes, il y a les dépassements des budgets et l’opacité des comptes de campagnes de certains élus ou l’augmentation de leurs indemnités. Mais cela, étant –hélas- le cas de plusieurs candidats de tout bord prouve juste que le FN est un parti comme les autres –y compris dans leurs pires travers.

Les actions relèvent davantage des symboles dans beaucoup d’endroits. Des villes plus propres, plus fleuries, avec des drapeaux français (et pas de drapeaux de l’Europe). Ici une fête du cochon, là une crèche de Noël à la mairie. Ici pas de danses orientales lors d’une fête municipale, là plus d’abonnement à Libération à la médiathèque. Partout une diminution des subventions pour des associations sous prétexte de rigueur budgétaire. Démarche qui conduit jusqu’à réduire des aides sociales comme la gratuité de la cantine pour les familles les plus démunies ou contraindre (par étouffement financier) la fermeture d’un centre social.

Toutes ces attitudes ne sont certes pas neutres. Drapées dans la vertu de la bonne gestion, elles cachent mal la volonté d’afficher l’identité nationale, la préférence aux Français et le rejet des différences, ce qui est le programme même du parti d’extrême droite. Mais –bien qu’observées avec beaucoup de vigilance- les élus des mairies du Front national ont évité jusque-là les erreurs de leur prédécesseurs des années 1990. Plus subtil et ayant retenu la leçon, le parti de Madame Le Pen avance masqué. Ainsi, il attire davantage à lui ceux qui se sentent proches de ses idées et à qui il ne fait plus peur.

La stratégie est payante. Les élections législatives dans le Doubs viennent de le rappeler avec acuité. Le FN fait jeu égal avec le PS et l’UMP. Et même si le troisième député n’a pas été atteint cette fois (et heureusement), l’écart de voix n’est pas immense (900 sur 30000) et le non-choix de l’UMP n’est pas prêt de clarifier la situation.

Ni vagues provocatrices, ni renoncement à son idéologie, le FN creuse son sillon mortifère et n’en est que plus dangereux.

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Il n’y aura pas de député supplémentaire (enfin pas cette fois) pour s’ajouter aux deux députés, deux sénateurs et 12 maires du Front national qui forment le « laboratoire » dont la présidente se sert pour sa stratégie de dédiabolisation du parti d’extrême droite. L’exercice du pouvoir est en effet un enjeu essentiel pour donner de la crédibilité au fait que le FN serait un parti fréquentable et apte à gouverner. Aussi le siège national veille et donne des consignes. L’objectif est d’éviter les vagues et les attitudes « trop extrême droite ». Cet encadrement fonctionne assez bien, même s’il n’évite pas quelques dérapages qui remettent au premier plan la vraie nature du parti des Le Pen.

Bien sûr, il y a les tensions –souvent bien orchestrées d’ailleurs- entre le père et la fille, ou la tante et la nièce. Elles permettent de maintenir bien des ambiguïtés, donnant une image renouvelée tout en maintenant un discours extrémiste qui satisfait la vieille garde et rappelle l’idéologie même du parti.

Chacun a également en tête l’attitude incompréhensible des députés frontistes refusant de s’associer, au lendemain des événements tragiques de ce début d’année, à l’hommage unanime à l’Assemblée nationale, à l’image même du boycott de la manifestation nationale par la présidente de leur parti.

Mais au niveau local, les choses tentent de rester dans « la normalité ».

Certes, il y a les dépassements des budgets et l’opacité des comptes de campagnes de certains élus ou l’augmentation de leurs indemnités. Mais cela, étant –hélas- le cas de plusieurs candidats de tout bord prouve juste que le FN est un parti comme les autres –y compris dans leurs pires travers.

Les actions relèvent davantage des symboles dans beaucoup d’endroits. Des villes plus propres, plus fleuries, avec des drapeaux français (et pas de drapeaux de l’Europe). Ici une fête du cochon, là une crèche de Noël à la mairie. Ici pas de danses orientales lors d’une fête municipale, là plus d’abonnement à Libération à la médiathèque. Partout une diminution des subventions pour des associations sous prétexte de rigueur budgétaire. Démarche qui conduit jusqu’à réduire des aides sociales comme la gratuité de la cantine pour les familles les plus démunies ou contraindre (par étouffement financier) la fermeture d’un centre social.

Toutes ces attitudes ne sont certes pas neutres. Drapées dans la vertu de la bonne gestion, elles cachent mal la volonté d’afficher l’identité nationale, la préférence aux Français et le rejet des différences, ce qui est le programme même du parti d’extrême droite. Mais –bien qu’observées avec beaucoup de vigilance- les élus des mairies du Front national ont évité jusque-là les erreurs de leur prédécesseurs des années 1990. Plus subtil et ayant retenu la leçon, le parti de Madame Le Pen avance masqué. Ainsi, il attire davantage à lui ceux qui se sentent proches de ses idées et à qui il ne fait plus peur.

La stratégie est payante. Les élections législatives dans le Doubs viennent de le rappeler avec acuité. Le FN fait jeu égal avec le PS et l’UMP. Et même si le troisième député n’a pas été atteint cette fois (et heureusement), l’écart de voix n’est pas immense (900 sur 30000) et le non-choix de l’UMP n’est pas prêt de clarifier la situation.

Ni vagues provocatrices, ni renoncement à son idéologie, le FN creuse son sillon mortifère et n’en est que plus dangereux.