QATAR : les incidents se multiplient dans les établissements français à Doha.

Depuis plusieurs mois des incidents se traduisant par un départ précipité des chefs d’établissements se multiplient.

Début septembre, le proviseur du lycée Bonaparte de Doha, dépendant de l’AEFE, a été « exfiltré » d’urgence en France après avoir été brièvement arrêté pour « attitude antimusulmane ».

Selon plusieurs médias (le Nouvel Observateur, MEDIAPART, …) l’accusation d’«attitude antimusulmane » de notre collègue aurait pour origine un banal différend professionnel opposant ce proviseur à la directrice financière, du Lycée. A cela s’ajouteraient des reproches portant sur l’application du principe de laïcité dans cet établissement.
Soucieuse de ne pas mettre en péril la sécurité de ce fonctionnaire ainsi que celle de sa famille, l’Agence Française pour l’Enseignement Français à l’Étranger (AEFE) a très rapidement organisé son retour en France.
Il est bon de rappeler qu’un incident très sérieux s’était déjà produit, fin 2012, à Doha au lycée Voltaire de la Mission Laïque Française (MLF). Il s’agissait alors de conflits sur les programmes et de censure les livres scolaires. Là encore, l’éviction du chef d’établissement ne s’est pas faite attendre. Son successeur a subi le même sort, accusé pour l’occasion de pédophilie. Cet établissement, dont le conseil d’administration est présidé par le Procureur général de Doha, accueille les grandes familles qataries. Il est donc sous contrôle constant des autorités du pays. Devant cette attitude et le peu de soutien apporté par la diplomatie française, la Mission Laïque, a été contrainte de se retirer du pays.
Dans les deux cas, les chefs d’établissement incriminés n’ont fait que mettre en œuvre les consignes données par les opérateurs (MLF, AEFE) concernant les principes de laïcité qui sont appliquées dans tous les établissements français à l’étranger.
Il est donc difficile, dès lors, de comprendre l’attitude du gouvernement français qui, au nom d’intérêts économiques, ferme les yeux sur les atteintes aux valeurs de la République et désavoue ses fonctionnaires, alors que, dans le même temps, le ministre de l’éducation, Vincent Peillon, met en œuvre une charte de la laïcité qui s’applique à tous les établissements français placés sous sa tutelle .
Au plan international, il est aussi regrettable de constater que le Qatar a été accueilli à bras ouverts au sein de la Francophonie et intégré directement comme membre associé sans passer par le statut d’observateur. Ce choix est pour le moins hasardeux car la francophonie porte des valeurs qui ne semblent pas être celles que cet État semble mettre en œuvre aujourd’hui. Il convient donc de rappeler aux autorités Qataries la belle phrase de Léopold Sédar Senghor :
« La Francophonie est l’expression d’une certaine culture, d’un certain esprit d’humanisme, d’habitudes de penser et de réagir, une manière de poser les problèmes et d’en chercher les solutions. »
Il est encore plus curieux de mesurer l’écart entre les intentions affichées au dernier sommet de Wise sur l’éducation qui vient de se tenir à Doha et les procédures d’intimidation utilisées à l’encontre de l’enseignement français et des valeurs humanistes qu’il porte. Peut-être, là encore, pourrait-on relire avec intérêt l’intervention d’Edgar Morin lors de cette rencontre et de conclure avec lui : « Il faut éduquer à vivre. Il ne suffit pas d’acquérir des connaissances, des éléments de calcul, une formation professionnelle,…Il faut être armé pour affronter les erreurs et les illusions que la vie personnelle réserve. Vivre c’est naviguer dans un océan d’incertitudes à travers des archipels de certitudes ».
Face à cette situation, l’UNSA Éducation rappelle l’intervention de son secrétaire général, Laurent Escure, auprès de la nouvelle directrice de l’AEFE, Madame Farnaud-Defromont, le 02 octobre dernier. Interrogée sur l’application à l’AEFE de la charte sur la Laïcité celle-ci avait indiqué : « L’AEFE est un réseau fédéré par des valeurs, la laïcité étant la plus forte ». Dans ce domaine elle indique aussi qu’il s’agit « d’un contrat obligatoire pour lequel il convient d’avoir une vision ouverte supposant le dialogue et la recherche de solutions lorsque les problèmes se présentent. Les établissements ayant un lien très fort avec les postes diplomatiques, il est aussi nécessaire d’offrir un discours partagé face à nos interlocuteurs ».
Les évènements mentionnés plus haut nous incitent à penser qu’il y a une sérieuse distorsion entre les intentions affichées et les situations vécues sur le terrain.

L’UNSA Éducation tient donc à manifester son inquiétude en ce qui concerne la sécurité de nos agents à l’étranger, chargés de par leurs fonctions de porter les valeurs de notre système éducatif et de mettre en œuvre les politiques impulsées par le ministère de l’Éducation Nationale.
L’UNSA Éducation demande aux autorités françaises de suivre de très prés la situation au Qatar mais aussi dans les autres pays où une situation similaire pourrait se présenter et d’apporter aux fonctionnaires qui les représentent le légitime appui qu’ils sont en mesure d’attendre dans la réalisation des missions qui leur sont confiées.

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Début septembre, le proviseur du lycée Bonaparte de Doha, dépendant de l’AEFE, a été « exfiltré » d’urgence en France après avoir été brièvement arrêté pour « attitude antimusulmane ».

Selon plusieurs médias (le Nouvel Observateur, MEDIAPART, …) l’accusation d’«attitude antimusulmane » de notre collègue aurait pour origine un banal différend professionnel opposant ce proviseur à la directrice financière, du Lycée. A cela s’ajouteraient des reproches portant sur l’application du principe de laïcité dans cet établissement.
Soucieuse de ne pas mettre en péril la sécurité de ce fonctionnaire ainsi que celle de sa famille, l’Agence Française pour l’Enseignement Français à l’Étranger (AEFE) a très rapidement organisé son retour en France.
Il est bon de rappeler qu’un incident très sérieux s’était déjà produit, fin 2012, à Doha au lycée Voltaire de la Mission Laïque Française (MLF). Il s’agissait alors de conflits sur les programmes et de censure les livres scolaires. Là encore, l’éviction du chef d’établissement ne s’est pas faite attendre. Son successeur a subi le même sort, accusé pour l’occasion de pédophilie. Cet établissement, dont le conseil d’administration est présidé par le Procureur général de Doha, accueille les grandes familles qataries. Il est donc sous contrôle constant des autorités du pays. Devant cette attitude et le peu de soutien apporté par la diplomatie française, la Mission Laïque, a été contrainte de se retirer du pays.
Dans les deux cas, les chefs d’établissement incriminés n’ont fait que mettre en œuvre les consignes données par les opérateurs (MLF, AEFE) concernant les principes de laïcité qui sont appliquées dans tous les établissements français à l’étranger.
Il est donc difficile, dès lors, de comprendre l’attitude du gouvernement français qui, au nom d’intérêts économiques, ferme les yeux sur les atteintes aux valeurs de la République et désavoue ses fonctionnaires, alors que, dans le même temps, le ministre de l’éducation, Vincent Peillon, met en œuvre une charte de la laïcité qui s’applique à tous les établissements français placés sous sa tutelle .
Au plan international, il est aussi regrettable de constater que le Qatar a été accueilli à bras ouverts au sein de la Francophonie et intégré directement comme membre associé sans passer par le statut d’observateur. Ce choix est pour le moins hasardeux car la francophonie porte des valeurs qui ne semblent pas être celles que cet État semble mettre en œuvre aujourd’hui. Il convient donc de rappeler aux autorités Qataries la belle phrase de Léopold Sédar Senghor :
« La Francophonie est l’expression d’une certaine culture, d’un certain esprit d’humanisme, d’habitudes de penser et de réagir, une manière de poser les problèmes et d’en chercher les solutions. »
Il est encore plus curieux de mesurer l’écart entre les intentions affichées au dernier sommet de Wise sur l’éducation qui vient de se tenir à Doha et les procédures d’intimidation utilisées à l’encontre de l’enseignement français et des valeurs humanistes qu’il porte. Peut-être, là encore, pourrait-on relire avec intérêt l’intervention d’Edgar Morin lors de cette rencontre et de conclure avec lui : « Il faut éduquer à vivre. Il ne suffit pas d’acquérir des connaissances, des éléments de calcul, une formation professionnelle,…Il faut être armé pour affronter les erreurs et les illusions que la vie personnelle réserve. Vivre c’est naviguer dans un océan d’incertitudes à travers des archipels de certitudes ».
Face à cette situation, l’UNSA Éducation rappelle l’intervention de son secrétaire général, Laurent Escure, auprès de la nouvelle directrice de l’AEFE, Madame Farnaud-Defromont, le 02 octobre dernier. Interrogée sur l’application à l’AEFE de la charte sur la Laïcité celle-ci avait indiqué : « L’AEFE est un réseau fédéré par des valeurs, la laïcité étant la plus forte ». Dans ce domaine elle indique aussi qu’il s’agit « d’un contrat obligatoire pour lequel il convient d’avoir une vision ouverte supposant le dialogue et la recherche de solutions lorsque les problèmes se présentent. Les établissements ayant un lien très fort avec les postes diplomatiques, il est aussi nécessaire d’offrir un discours partagé face à nos interlocuteurs ».
Les évènements mentionnés plus haut nous incitent à penser qu’il y a une sérieuse distorsion entre les intentions affichées et les situations vécues sur le terrain.

L’UNSA Éducation tient donc à manifester son inquiétude en ce qui concerne la sécurité de nos agents à l’étranger, chargés de par leurs fonctions de porter les valeurs de notre système éducatif et de mettre en œuvre les politiques impulsées par le ministère de l’Éducation Nationale.
L’UNSA Éducation demande aux autorités françaises de suivre de très prés la situation au Qatar mais aussi dans les autres pays où une situation similaire pourrait se présenter et d’apporter aux fonctionnaires qui les représentent le légitime appui qu’ils sont en mesure d’attendre dans la réalisation des missions qui leur sont confiées.