Prévention des suicides dans l’Éducation nationale : tout reste à faire !
Le CHSCT ministériel s’est réuni le mercredi 6 novembre. Cette réunion exceptionnelle avait été demandée suite au suicide de notre collègue Christine Renon intervenu le 21 septembre dernier et qui a bouleversé l’ensemble de notre profession.
Enfin la transparence
Nous les réclamions depuis de nombreuses années et enfin, au cours de cette réunion, le ministère a enfin été en mesure de nous communiquer des éléments chiffrés sur les suicides et les tentatives de suicide au sein du ministère de l’Éducation nationale.
Lors de l’année scolaire 2018-2019, il y a eu 58 suicides parmi nos collègues (37 hommes et 21 femmes). Parmi ces 58 agents, 29 étaient des enseignants du second degré, 13 des professeurs des écoles, 5 des personnels administratifs, 2 des personnels de direction, 2 AED, 2 AESH, 2 CPE, un médecin scolaire, une psychologue, et une documentaliste. 12 de ces collègues étaient non-titulaires.
Les tranches d’âges les plus exposées au suicide sont les 45/54 ans suivies des 55/64 ans.
S’il est difficile de faire des comparaisons fiables sur les années antérieures en l’absence de remontées complètes, les chiffres communiqués pour le début de l’année scolaire 2019-2020 sont très inquiétants car en l’espace de 2 mois, 11 collègues ont déjà mis fin à leurs jours, ce qui est beaucoup plus important que lors des mois de septembre et octobre 2018.
C’est une des traductions les plus macabres du malaise grandissant que ressentent nos collègues dans les établissements scolaires et les services et sur lequel nous alertons le ministère depuis de longs mois.
Quelles solutions ?
À ce stade, aucune solution concrète immédiate nous a été présentée pour stopper les différentes causes du malaise que constituent notamment : l’augmentation de la charge de travail et des tâches chronophages, le manque de moyens humains et matériels adaptés pour y faire face, le sentiment d’isolement renforcé par le manque de temps pour s’approprier les changements collectivement et exercer sereinement ses missions, les demandes faites en urgence engendrant du stress qui se répercute tout au long de la chaîne hiérarchique…
Néanmoins, le ministère s’est engagé sur plusieurs points qui vont dans le bon sens :
- Un groupe de travail du CHSCT ministériel dédié à la prévention de l’alerte suicidaire ainsi que le développement d’une offre de formation à destination des acteurs de la prévention et des encadrants.
- La transparence sur les chiffres des suicides et de ses tentatives qui seront désormais communiquées annuellement.
- Une campagne nationale de recrutement de médecin de prévention sera lancée via la presse spécialisée.
Par ailleurs, le ministère a confirmé son engagement à traiter dans la durée la question des directeur·trice·s d’école au cours de groupes de travail dédiés pour aboutir à l’annonce de mesures concrètes tout au long de l’année.
Si nous saluons la volonté du ministère de vouloir avancer concrètement sur ce dossier et sortir du déni, l’UNSA Éducation regrette que de tels travaux ne soient pas élargis à tous les métiers car le sentiment de dégradation des conditions de travail touche bien l’ensemble des personnels.
Il est donc nécessaire maintenant que des chantiers métiers traitant de la question des missions dans leur globalité soient ouverts très rapidement.
Notre déclaration liminaire est à retrouver ici : https://nuage.unsa.org/index.php/s/Elmv7eVLS9MYMto