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Pologne et Union européenne : des tensions de plus en plus fortes

Depuis son arrivée au pouvoir en 2015 le gouvernement ultraconservateur polonais du PiS (le parti Droit et justice en français, d’extrême-droite et eurosceptique) cherche à contrôler le pouvoir judiciaire et à mettre à mal l'État de droit au mépris des traités que la Pologne a elle-même ratifié. Dernier rebondissement de l’opposition du PiS à l’Union européenne (UE) et ses institutions, le 7 octobre le Tribunal constitutionnel polonais proche du PiS a rendu un jugement contestant la primauté du droit européen sur le droit national. Inquiète, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a répondu avec fermeté. L’UNSA Éducation fait le point sur cette question sensible qui fragilise la construction européenne.

L’opposition entre l’UE et le gouvernement polonais

Cela fait cinq années que l’UE et la Pologne s’opposent un bras de fer sur les réformes de la justice mises en œuvre par le gouvernement polonais. Les initiatives politiques et juridiques de l’UE pour demander au PiS de revenir à une organisation à même de garantir l’indépendance de la justice sont tenues en échec. La décision du 7 octobre vient accentuer les tensions, alors même que des dizaines de milliers de Polonais.es ont manifesté le 11 octobre pour montrer leur attachement à l’UE. Ursula von der Leyen a adressé un message ferme le 19 octobre devant les eurodéputés : “nous ne laisserons pas nos valeurs communes être mises en danger. La Commission agira”. Le même jour, Mateusz Morawiecki, le premier ministre polonais a répondu que la Pologne est “critiquée de manière partiale et injustifiée”.

Quelles réactions ? Entre sanctions, dialogue et soutien

À part la Hongrie de Viktor Orban, dans leur très grande majorité les membres de l’UE appellent à agir contre Varsovie. Le secrétaire d’État français aux affaires européennes, Clément Beaune a rappelé que “l’Europe est fondée sur le droit, des règles communes et des valeurs partagées inscrites dans nos traités qui sont un pacte politique” allant ainsi dans le sens de l’UE. Il souligne que “toute forme de pression et de sanction est une forme d’échec collectif”, en effet, cela reviendrait à admettre que les pays membres ne partagent pas ou plus les mêmes valeurs. Cependant, la diplomatie française préfère agir que d’assister au “délitement du projet politique européen”. Quant à Angela Merkel, la chancelière allemande, elle prône le “dialogue” pour ramener à la raison européenne la Pologne. En France, plusieurs personnalités souverainistes de tous bords, mais particulièrement de droite et surtout d’extrême droite ont apporté leur soutien à la Pologne. C’est le cas de la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen, mais aussi du polémiste d’extrême droite, Eric Zemmour.

Vers un “Polexit” ?

Plusieurs articles des traités européens sont considérés comme “incompatibles” avec la Constitution polonaise. Ce jugement rendu par la plus haute juridiction du pays peut mener à une sortie de l’UE. D’autres différends existent avec l’UE sur la liberté de la presse ou les droits des communautés LGBT par exemple. L’UE conditionne le déblocage de fonds européens comme ceux du plan de relance. Pour l’instant, la situation ne cesse de s’envenimer avec la crainte que naisse au sein de la population polonaise en majorité favorable à l’UE un ressentiment face à ces blocages. Le projet de réforme de la justice, annoncé par Jaroslaw Kaczynski, cherche à répondre à certaines exigences européennes pour débloquer les fonds. De nombreuses questions se posent alors sur la refonte proposée du système judiciaire qui pourrait renforcer sa politisation en faveur du parti réactionnaire polonais du PiS.

L’UNSA Éducation sera attentive à l’évolution de la situation et demeure farouchement attachée à la construction européenne. Il est aussi impératif de rester mobiliser pour contrer les idées nationalistes et réactionnaires en France comme en Europe, car cela est en contradiction avec les valeurs du syndicalisme, de la démocratie sociale et de la démocratie. Dans le même temps, il est crucial de renforcer le projet européen afin de construire une Europe de l’égalité !

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