Pollution de l’air intérieur : l’amiante et bien plus encore …
Dans les établissements scolaires et les services, la qualité de l’air est une préoccupation croissante, souvent associée à la présence d’amiante. Cependant, limiter cette problématique à celle-ci serait réducteur. En effet, de nombreux autres polluants, contribuent également à la dégradation de la qualité de l’air intérieur, mais qu’est-ce qui se cache derrière cette notion ?
La qualité de l’air intérieur : Définition et obligations légales de l’employeur
La qualité de l’air intérieur (QAI) se réfère à la nature et à la composition de l’air que nous respirons dans des environnements clos. Dans le contexte des établissements scolaires et les services, cette question revêt une importance particulière, tant pour la santé des élèves que pour celle des personnels.
Une mauvaise qualité de l’air intérieur se caractérise par la présence de polluants au-delà des seuils recommandés, comme un excès de dioxyde de carbone (CO₂), de composés organiques volatils (COV), de particules fines, de moisissures, ou de substances toxiques telles que l’amiante ou le radon. Les symptômes d’une mauvaise QAI incluent généralement :
- Irritations des voies respiratoires (toux, sécheresse de la gorge).
- Maux de tête fréquents et fatigue.
- Difficulté de concentration ou somnolence.
- Apparition ou aggravation d’allergies et d’asthme.
Une exposition prolongée à une mauvaise QAI peut, à long terme, conduire à des maladies chroniques, telles que des infections respiratoires, des troubles cardiovasculaires, voire des cancers, notamment en présence de radon ou d’amiante.
Sur le plan législatif, le propriétaire des locaux et l’employeur, c’est-à-dire l’Éducation nationale et les collectivités territoriales dans le cas des établissements scolaires, ont l’obligation de veiller à ce que la qualité de l’air respecte les normes en vigueur.
Les principaux polluants de l’air intérieur dans les établissements scolaires
Si l’amiante est souvent cité comme le polluant principal en raison de sa dangerosité et de son historique dans de nombreux bâtiments publics, il est crucial de rappeler qu’il ne constitue pas l’unique source de pollution intérieure. Voici un panorama des autres polluants qui affectent la qualité de l’air intérieur :
- Le dioxyde de carbone (CO₂) constitue un bon indicateur de la qualité de l’air, un taux élevé (au-delà de 1000 ppm) signale une ventilation insuffisante,
- Les composés organiques volatils (COV) émanent des matériaux et objets, comme les meubles en bois aggloméré (formaldéhyde), les revêtements de sol (toluène, styrène), les peintures et vernis, les produits de nettoyage (benzène, trichloroéthylène) et les fournitures scolaires (colles, marqueurs).
- Les particules fines proviennent de la pollution extérieure, s’accumulent à l’intérieur et peuvent causer des maladies respiratoires et cardiovasculaires.
- Le radon est un gaz radioactif naturel, provenant de la désintégration de l’uranium dans le sol, peut s’infiltrer dans les bâtiments, particulièrement dans les sous-sols et les rez-de-chaussée. Prolongée, l’exposition au radon est un facteur de risque pour le cancer du poumon.
- L’amiante, un minéral fibreux, est largement utilisé dans la construction jusqu’à son interdiction en 1997. Il représente un danger majeur lorsqu’il se désagrège et libère des fibres dans l’air. L’inhalation de ces fibres est responsable de graves maladies pulmonaires, notamment des cancers.
Un cadre règlementaire en évolution
Le cadre règlementaire en matière de QAI a récemment connu des évolutions avec deux arrêtés publiés en décembre 2022, qui renforcent les exigences de contrôle de la QAI dans les établissements scolaires. Désormais, quatre moments clés rythment la surveillance de la QAI, chacun ayant pour objectif de détecter et d’atténuer les risques liés à une mauvaise aération ou à la présence de polluants.
- Le propriétaire doit procéder à l’évaluation annuelle des moyens d’aération. Elle inclut aussi la mesure du taux de CO2 dans l’air, qui indique si l’air est suffisamment renouvelé.
- Tous les quatre ans, un autodiagnostic de la QAI évalue les sources potentielles de pollution pour identifier les améliorations nécessaires.
- Lors de travaux spécifiques, comme la construction, la rénovation ou l’installation de nouveaux équipements, des mesures en continu de certains polluants (formaldéhyde, benzène et CO₂) sont effectuées pour détecter les substances dangereuses.
- Un plan d’actions est élaboré en fonction des résultats des évaluations pour corriger les défaillances et réduire les risques de pollution.
Tous les risques de pollution doivent être inclus dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), formalisant la responsabilité de l’employeur dans la gestion de la QAI.
En outre, conformément au code du travail, les employeurs doivent informer et former leurs agents sur les risques professionnels, auxquels ils sont soumis dans une démarche préventive.
Solutions et gestes pour améliorer la qualité de l’air intérieur
Au-delà du cadre règlementaire, il existe des solutions à mettre en place pour assurer une bonne QAI dans les établissements et les services :
- Aérer les salles de classe et les bureaux plusieurs fois par jour pendant au moins 10 minutes et installer des systèmes de ventilation mécanique contrôlée (VMC) avec filtres adaptés.
- Choisir des matériaux et des produits d’entretien éco-responsables. Cela signifie utiliser des matériaux à faibles émissions de COV et des produits d’entretien écolabelisés pour limiter les substances chimiques nocives.
- Installer des capteurs de CO2. Mise en place pendant la pandémie, leur utilisation devrait être pérennisée avec une utilisation au quotidien pour mesurer en continu la concentration et alerter en cas de besoin d’aération.
- Lutte contre l’humidité et les moisissures : Contrôler rigoureusement l’humidité par des réparations de fuites, l’utilisation de déshumidificateurs et une bonne gestion de la température intérieure.
L’Unsa Éducation revendique l’application rigoureuse des textes réglementaires pour une meilleure qualité de l’air intérieur dans l’intérêt du bien-être des agents et de leur santé.