Analyses et décryptages

Pollution de l’air : des inégalités dès la naissance pour les plus modestes !

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a rendu ce mois-ci une étude mettant en lumière les effets différenciés de la pollution de l'air sur la santé des jeunes enfants en France. Les enfants des ménages les plus modestes apparaissent comme les plus exposés à cette pollution, cependant il existe de fortes disparités de vulnérabilité entre ces ménages. Les résultats indiquent que la qualité de l'air influence la santé des enfants dès la naissance, avec des implications graves telles que des hospitalisations en urgence pour bronchiolite et asthme. Parmi les enfants les plus affectés, le dixième le plus modeste est 1,6 fois plus représenté que le dixième le plus aisé ! L’UNSA Éducation revient sur les informations majeures de cette étude et ses implications.

Une exposition inégale à la pollution de l’air en France

L’étude se concentre sur ces l’exposition aux particules fines de moins de 2,5 micromètres (PM2,5), émises notamment par le chauffage au bois résidentiel ou le trafic routier. Bien que les PM2,5 ne soient pas les seuls polluants atmosphériques nocifs dans l’air urbain, elles seraient responsables d’un nombre important de décès prématurés chaque année en France avec 40 000 décès par an en moyenne entre 2016 et 2019 selon un rapport de Santé publique France, paru en 2021. Les sources mesurant l’exposition à cette pollution de l’air s’accordent sur les inégalités d’exposition : ce sont les jeunes enfants vivant dans les ménages les plus aisés, puis les plus modestes, qui sont les plus exposés à la pollution de l’air en France métropolitaine.

En effet, les plus aisés résident plus souvent dans les grandes aires urbaines, où se concentre la pollution atmosphérique, et les moins aisés dans les communes les plus polluées, au sein de ces aires. Ainsi, les enfants vivant des ménages les plus modestes et aisés sont les plus exposés à la pollution atmosphérique que les ménages vivant dans des espaces moins denses. L’étude relève des différences notables entre les grandes aires urbaines françaises. Les disparités de vulnérabilité, liées à l’état de santé général à la naissance, sont également significatives, les enfants des ménages modestes étant en moins bon état de santé que ceux des ménages les plus aisés.

Des conséquences différenciées sur la santé des enfants

L’étude comptabilise sur la période 2008-2017, environ 28 000 enfants de chaque génération qui ont été hospitalisés en urgence pour bronchiolite avant leurs 2 ans, et 11 000 pour asthme avant leurs 3 ans. Face à ce constat, les scientifiques soulignent qu’une diminution de seulement 1% de l’exposition annuelle aux principaux polluants atmosphériques pendant les 365 premiers jours de vie pourrait prévenir un nombre significatif de ces hospitalisations. Parmi les enfants les plus affectés, représentant 10% de la population étudiée, les plus modestes sont 1,6 fois plus représentés. La corrélation entre vulnérabilité et niveau de vie est avérée.

Par la suite, l’étude souligne que les enfants les plus modestes présentent des inégalités marquées en termes de santé à la naissance, avec un risque plus élevé de naissance prématurée et de faible poids à la naissance. Ils sont également plus souvent hospitalisés en urgence pour asthme et bronchiolite avant leur troisième anniversaire. Les écarts de soins hospitaliers entre les plus modestes et les plus aisés suggèrent des inégalités sociales de santé persistantes. L’exposition précoce à la pollution de l’air a des conséquences pour l’ensemble de ces enfants, mais il apparaît que les ménages les plus aisés ont plus efficacement recours aux soins. Ceci est rendu visible au niveau des hospitalisations en urgence pour bronchiolite ou de délivrance de médicaments anti-asthmatique par exemple. La vulnérabilité à la pollution atmosphérique est accentuée chez les personnes à l’état de santé fragile, soulignant les inégalités sociales de santé dès la naissance.

Cette étude approfondie de la DREES souligne l’impact inéquitable de la pollution de l’air sur la santé des enfants en France, avec des conséquences graves pour les plus modestes, mais également pour l’ensemble de la population des aires urbaines. Les résultats rappellent la nécessité de politiques de santé publique visant à réduire les inégalités d’exposition à la pollution atmosphérique et à améliorer la prise en charge des populations les plus vulnérables dès la petite enfance. L’UNSA Éducation tient à rappeler qu’en France, la pollution de l’air est l’une des trois premières causes de mortalités prématurées évitables, avec le tabac et l’alcool. Il est urgent d’agir pour respecter pleinement les seuils limites à ne pas dépasser pour protéger la santé humaine

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