Orthographe: un jeu pour les adultes aussi!

«Une faute par jour»: 250 défis et 500 pièges pour jouer avec la langue ou la reprise en volume d'un jeu sur Twitter.

«Une faute par jour»: 250 défis et 500 pièges pour jouer avec la langue ou la reprise en volume d’un jeu sur Twitter.

L’orthographe est un des grands sujets de débat, généralement, et depuis deux siècles au moins, sur le le mode de la désolation. C’est aussi, après la politique et le dénigrement anti-fonctionnaires, un thème qui peut enflammer les «repas de famille»: alors, l’orthographe d’un mot, l’origine d’une tournure, l’accord d’un participe peuvent provoquer les emportements les plus extrêmes. 

On s’en est bien rendu compte en décembre 1990, lorsque le Conseil supérieur de la langue française — sur l’initiative de Michel Rocard — avait constitué un groupe de travail présidé par Bernard Cerquiglini, dont l’élément moteur avait été sans conteste feu Nina Catach, mais dans lequel également l’Académie française, et notamment son secrétaire perpétuel d’alors, Maurice Druon, s’était engagée nons sans courage (et avec une consciente réformiste plus à propos que sa position rétrograde sur la féminisation). Mais nous n’évoquerons pas, dans ce modeste billet, les rectifications orthographique, non plus que l’appui  constant (et même précurseur) que leur avait apporté notre regretté camarade Jean-Claude Barbarant

L’orthographe a un caractère passionnel en France, sans doute parce que la langue française a été, historiquement, le ciment, l’outil et le symbole même de la construction de la Nation, et d’abord du pouvoir royal face aux féodalités, aux particularismes et même à l’Église. Pensons à l’ordonnance de Villers-Cotterêts (il est toujours utile de prendre garde à ce qui se fait à Villers-Cotterêts); pensons aussi, dans le contexte de l’époque, à la célèbre formule de Mirabeau à l’Assemblée constituante de 1789 («un agrégat inconstitué de peuples désunis»). Elle a un caractère sacré: on parle (à tort selon nous) de faute d’orthographe (qu’on devrait punir et dont il faudrait se repentir) et non d’erreur (qu’on analyse et qu’on corrige) comme on le fait usuellement en mathématiques par exemple.

Il existe donc aujourd’hui volens nolens quantité d’ouvrage, de sites, d’entreprises commerciales qui s’y intéressent. L’une d’elles, inventrice avec un sens aigu de la mercatique de l’appellation certification Voltaire* (au demeurant réformateur lui-même, puisque, un siècle avant que l’Académie n’y consentît en 1835, il demandait qu’on écrivît français et non plus françois), l’une d’elle, donc, est à l’origine d’un jeu sur Twitter, «jeu d’appel» évidemment, mais jeu auquel on peut se borner: une faute par jour

Le principe en est simple: chaque jour à partir de neuf heures, twitteuses et twitteurs sont invités à rectifer une phrase liée à l’actualité dans laquelle une erreur a été commise, mais aussi dans laquelle il faut éviter un piège (déclarer une erreur qui n’en est pas une). L’exercice n’est pas scolaire: c’est un jeu d’adultes (au bon sens du terme, bien entendu!)

Sous l’égide de Bruno Dewaele (qui fut un pivotien champion d’orthographe), les éditions de l’Opportun viennent de publier en volume 250 de ces phrases avec 500 «fautes» à éviter (à chaque fois l’erreur véritable, si l’on ose dire, et le piège). Le lecteur averti y trouvera un amusement, le curieux quelques rappels qui ne lui seront pas toujours inutiles.

Mais surtout, surtout ! lire cet ouvrage (ou participer au jeu en ligne) en ne s’interdisant pas, au nom du sérieux de la langue, d’un amusement intellectuel qui est l’intérêt majeur de la chose, loin (et on en remercie les auteurs) des anathèmes déclinistes et suffisants à la Capelovici.

Luc Bentz

Bruno Dewale et 1 faute/jour,
1 faute par jour — l’actualité piégée
par le champion du monde d’orthographe
,
les éditions de l’opportun, 10,90€


* Du moins rendrons-nous grâce aux auteurs de ne pas confondre Voltaire, auteur de Zadig, avec la marque «Zadig et Voltaire». C’est toujours ça!

 

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«Une faute par jour»: 250 défis et 500 pièges pour jouer avec la langue ou la reprise en volume d’un jeu sur Twitter.

L’orthographe est un des grands sujets de débat, généralement, et depuis deux siècles au moins, sur le le mode de la désolation. C’est aussi, après la politique et le dénigrement anti-fonctionnaires, un thème qui peut enflammer les «repas de famille»: alors, l’orthographe d’un mot, l’origine d’une tournure, l’accord d’un participe peuvent provoquer les emportements les plus extrêmes. 

On s’en est bien rendu compte en décembre 1990, lorsque le Conseil supérieur de la langue française — sur l’initiative de Michel Rocard — avait constitué un groupe de travail présidé par Bernard Cerquiglini, dont l’élément moteur avait été sans conteste feu Nina Catach, mais dans lequel également l’Académie française, et notamment son secrétaire perpétuel d’alors, Maurice Druon, s’était engagée nons sans courage (et avec une consciente réformiste plus à propos que sa position rétrograde sur la féminisation). Mais nous n’évoquerons pas, dans ce modeste billet, les rectifications orthographique, non plus que l’appui  constant (et même précurseur) que leur avait apporté notre regretté camarade Jean-Claude Barbarant

L’orthographe a un caractère passionnel en France, sans doute parce que la langue française a été, historiquement, le ciment, l’outil et le symbole même de la construction de la Nation, et d’abord du pouvoir royal face aux féodalités, aux particularismes et même à l’Église. Pensons à l’ordonnance de Villers-Cotterêts (il est toujours utile de prendre garde à ce qui se fait à Villers-Cotterêts); pensons aussi, dans le contexte de l’époque, à la célèbre formule de Mirabeau à l’Assemblée constituante de 1789 («un agrégat inconstitué de peuples désunis»). Elle a un caractère sacré: on parle (à tort selon nous) de faute d’orthographe (qu’on devrait punir et dont il faudrait se repentir) et non d’erreur (qu’on analyse et qu’on corrige) comme on le fait usuellement en mathématiques par exemple.

Il existe donc aujourd’hui volens nolens quantité d’ouvrage, de sites, d’entreprises commerciales qui s’y intéressent. L’une d’elles, inventrice avec un sens aigu de la mercatique de l’appellation certification Voltaire* (au demeurant réformateur lui-même, puisque, un siècle avant que l’Académie n’y consentît en 1835, il demandait qu’on écrivît français et non plus françois), l’une d’elle, donc, est à l’origine d’un jeu sur Twitter, «jeu d’appel» évidemment, mais jeu auquel on peut se borner: une faute par jour

Le principe en est simple: chaque jour à partir de neuf heures, twitteuses et twitteurs sont invités à rectifer une phrase liée à l’actualité dans laquelle une erreur a été commise, mais aussi dans laquelle il faut éviter un piège (déclarer une erreur qui n’en est pas une). L’exercice n’est pas scolaire: c’est un jeu d’adultes (au bon sens du terme, bien entendu!)

Sous l’égide de Bruno Dewaele (qui fut un pivotien champion d’orthographe), les éditions de l’Opportun viennent de publier en volume 250 de ces phrases avec 500 «fautes» à éviter (à chaque fois l’erreur véritable, si l’on ose dire, et le piège). Le lecteur averti y trouvera un amusement, le curieux quelques rappels qui ne lui seront pas toujours inutiles.

Mais surtout, surtout ! lire cet ouvrage (ou participer au jeu en ligne) en ne s’interdisant pas, au nom du sérieux de la langue, d’un amusement intellectuel qui est l’intérêt majeur de la chose, loin (et on en remercie les auteurs) des anathèmes déclinistes et suffisants à la Capelovici.

Luc Bentz

Bruno Dewale et 1 faute/jour,
1 faute par jour — l’actualité piégée
par le champion du monde d’orthographe
,
les éditions de l’opportun, 10,90€


* Du moins rendrons-nous grâce aux auteurs de ne pas confondre Voltaire, auteur de Zadig, avec la marque «Zadig et Voltaire». C’est toujours ça!