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Nous refusons le SNU au profit d’un vrai service citoyen universel

Lors du Congrès de Nantes de l’UNSA Éducation et de l’adoption de sa résolution générale, ses 23 syndicats et ses représentations territoriales ont fortement débattu du Service national universel (SNU). Si nous dénonçons le SNU tel qu’il est porté aujourd’hui par le gouvernement, tant sur le fond que sur les conditions de son déploiement, nous demeurons attachés à l’idée que chaque jeune puisse à l’avenir s’inscrire dans un vrai parcours citoyen, débarrassé de son imagerie militaire et vecteur de valeurs humaines et républicaines.

Le Service National Universel (SNU) est une promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron lors de la présidentielle de 2017. Il a vocation à succéder indirectement au service militaire obligatoire. Le SNU est un dispositif d’engagement qui s’adresse aux jeunes de 15 à 17 ans et qui se déroule en 2 phases obligatoires et 1 facultative :

  • 12 jours en séjour de cohésion : en internat dans un autre département.

  • 12 jours de service à la Nation : bénévolat auprès d’un corps en uniforme, d’un service public ou d’une association. 

  • 3 mois à 1 an d’engagement volontaire entre 16 et 25 ans sur des dispositifs existants allant du service civique au service militaire.

A la rentrée 2023, se rajoute une labellisation classe et lycée engagés. Ces classes et établissements font du SNU un pilier de leur projet pédagogique et ont des possibilités de dotation financière dédiées.

Sur le « papier », l’offre pouvait paraître prometteuse. Nous y avons d’abord vu l’opportunité d’offrir un séjour gratuit de 12 jours à des jeunes de toutes origines et la possibilité de leur faire vivre une expérience démocratique et émancipatrice comme seuls les accueils de mineurs savent le faire. Mais la mise en place de l’expérimentation a révélé plusieurs accrocs et dérives : missions dénaturées, ordres et contre ordre, mauvaise circulation de l’information, injonction à la réussite, objectifs chiffrés dans des délais intenables, fortes attentes hiérarchiques, tout cela venant jalonner le quotidien de celles et ceux qui organisent le SNU de nombreux risques psycho-sociaux.

En outre, le SNU est organisé par les services de l’État ; de ce fait, il n’est pas traité comme les autres accueils de mineurs, et dans ce contexte, bien d’autres dérives ont été rapportées : homophobie, harcèlements, punitions abusives, agressions sexuelles etc. discréditant chaque fois un peu plus notre mission éducative de protection des mineurs. Sans oublier le caractère discriminatoire du critère lié à la nationalité puisque le SNU est réservé aux jeunes de nationalité française sauf s’ils intègrent une classe labellisée.

L’école devient donc la seule voie d’accès au SNU pour les jeunes de nationalité étrangère, ce qui contredit notre vision d’une école inclusive.

Cette ambition éducative qu’affichait le SNU pose aussi clairement question au regard des nombreuses références militaires véhiculées par le dispositif. Le SNU a été pensé par un général de corps d’armée, actuellement délégué général adjoint au SNU ; les rôles au sein des centres SNU sont séparés, avec les tuteurs chargés de la vie quotidienne d’un côté, les capitaines de compagnie pour encadrer les groupes de l’autre. Le directeur de centre a également un adjoint éducatif distinct de son adjoint d’encadrement… Tout cela relève d’une approche particulière de l’Éducation.

L’idée d’un engagement par la contrainte est également à dénoncer. Mis en place de façon expérimentale en 2019, le SNU était pensé pour être obligatoire comme l’était la journée d’appel. On parle aujourd’hui d’une généralisation annoncée pour 2026 avec un flou sur les mesures d’incitation ou de sanction. La prise en compte d’une participation au SNU dans Parcoursup a été évoquée plusieurs fois.

Or pour nous, l’engagement est celui qui se fait au service de l’intérêt général. Il est nécessairement volontaire et nous ne pouvons pas accepter que celles et ceux qui ne voudraient pas s’engager dans le modèle imposé par l’État soient sanctionnés par exemple dans l’accès à leurs études.

Enfin, le SNU est un gouffre d’argent public absolument colossal. La Commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale s’est opposée à une généralisation du SNU dans le projet de loi de finances pour 2024. Celui-ci constituerait une « charge financière déraisonnable » qui ne « saurait être inférieure à 2 milliards d’euros en année pleine ». 

Cet argent serait utilisé avec beaucoup plus d’efficacité s’il était confié à celles et ceux qui font déjà de l’éducation à la citoyenneté à l’école et en dehors. Donnons-leur ces moyens pour faire leur métier.

Aussi, « l’UNSA Éducation s’oppose au service national universel (SNU) car l’engagement qu’il prétend développer comme culture chez les jeunes est antinomique avec les valeurs que défend l’UNSA Éducation.

Notre fédération reste ouverte à la co-construction de parcours citoyens qui s’adresseraient à l’ensemble des jeunesses. 

De même, l’UNSA Éducation et ses syndicats et plus particulièrement ceux du champ jeunesse et sports* ne fermeront pas les yeux sur les souffrances de celles et ceux qui sont chargés de porter le SNU et continueront de les défendre avec la même fermeté.

* A&I (Syndicat de l’administration et de l’intendance) – SEJS (Syndicat de l’encadrement de la jeunesse et des sports) – SEP (Syndicat de l’éducation populaire) – SNAPS (Syndicat national des activités physiques et sportives)

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