Ne pas se tromper

Cette campagne présidentielle frôle souvent le pathétique. La confrontation d’idées et les projets passent au second plan. Ce temps fort de notre démocratie n’est vraiment pas, cette année, ce moment d’Éducation populaire et de construction de la citoyenneté. Au contraire, les professionnels de l’Éducation voient souvent leur travail sur ce sujet mis à mal par la multiplication de fausses informations et de mensonges. La France est, au final, touchée elle aussi par la vague du complotisme et de la post-vérité. Ce contexte favorise toutes les dérives populistes qui n’avaient déjà pas besoin de cela pour être au centre de la vie publique. La perspective d’une victoire de Marine Le Pen n’est pas un fantasme mais un réel danger. Atteindre les 45, parfois 46% d’intention de vote dans les sondages de second tour montre que la côte d’alerte est atteinte. Si la moitié de ceux qui considèrent son arrivée au pouvoir comme un danger s’abstiennent le 7 mai, alors elle gagnera.

Ne rien faire face à cette situation n’est pas possible. La seule question qui vaille est quand et comment ?
L’UNSA Éducation est protégée du syndicalisme de la neutralité par son socle de valeurs : l’humanisme républicain, la laïcité et l’ambition européenne. Mais l’UNSA Éducation n’a pas vocation à exprimer des préférences sur les choix offerts au premier tour. En effet, nos sympathisants, comme nos militants, qui se reconnaissent dans nos valeurs ont des préférences citoyennes plurielles. Cette pluralité doit être respectée. En revanche, si la candidate du FN se trouve qualifiée pour le second tour, alors, nous appellerons à voter massivement contre elle. Son programme affiché est dangereux et les méthodes promises encore plus. Pour s’en convaincre, il suffit de voir comment, en meeting, ses partisans se transforment en fanatiques assoiffés de vengeance et de haine : contre l’autre en général, contre les corps intermédiaires et, au final, contre tous ceux qui pourraient leur faire obstacle. Si le FN l’emporte, la République sera, elle aussi, peu à peu emportée avec lui. Les combats politiques et syndicaux ne se mèneront plus avec les armes de la démocratie. C’est ce qui fait toute la différence avec n’importe quel autre candidat, même celui qu’on aime le moins.

Nous le savons, notre appel à faire barrage se heurtera à des oppositions individuelles très fortes en fonction du second qualifié. Mais c’est notre devoir que de lancer ce signal. Ensuite, évidemment, chacun se déterminera librement. Mais chacun devra aussi avoir, en tête, le jour d’après : celui qui suivrait une victoire de Marine Le Pen. Ce jour là, il sera trop tard pour changer le résultat. Voilà pourquoi, l’enjeu essentiel du 7 mai et du pouvoir citoyen dont nous disposons, tient en peu de mots : ne pas se tromper.

Laurent Escure
Secrétaire général de l’UNSA Éducation

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Cette campagne présidentielle frôle souvent le pathétique. La confrontation d’idées et les projets passent au second plan. Ce temps fort de notre démocratie n’est vraiment pas, cette année, ce moment d’Éducation populaire et de construction de la citoyenneté. Au contraire, les professionnels de l’Éducation voient souvent leur travail sur ce sujet mis à mal par la multiplication de fausses informations et de mensonges. La France est, au final, touchée elle aussi par la vague du complotisme et de la post-vérité. Ce contexte favorise toutes les dérives populistes qui n’avaient déjà pas besoin de cela pour être au centre de la vie publique. La perspective d’une victoire de Marine Le Pen n’est pas un fantasme mais un réel danger. Atteindre les 45, parfois 46% d’intention de vote dans les sondages de second tour montre que la côte d’alerte est atteinte. Si la moitié de ceux qui considèrent son arrivée au pouvoir comme un danger s’abstiennent le 7 mai, alors elle gagnera.

Ne rien faire face à cette situation n’est pas possible. La seule question qui vaille est quand et comment ?
L’UNSA Éducation est protégée du syndicalisme de la neutralité par son socle de valeurs : l’humanisme républicain, la laïcité et l’ambition européenne. Mais l’UNSA Éducation n’a pas vocation à exprimer des préférences sur les choix offerts au premier tour. En effet, nos sympathisants, comme nos militants, qui se reconnaissent dans nos valeurs ont des préférences citoyennes plurielles. Cette pluralité doit être respectée. En revanche, si la candidate du FN se trouve qualifiée pour le second tour, alors, nous appellerons à voter massivement contre elle. Son programme affiché est dangereux et les méthodes promises encore plus. Pour s’en convaincre, il suffit de voir comment, en meeting, ses partisans se transforment en fanatiques assoiffés de vengeance et de haine : contre l’autre en général, contre les corps intermédiaires et, au final, contre tous ceux qui pourraient leur faire obstacle. Si le FN l’emporte, la République sera, elle aussi, peu à peu emportée avec lui. Les combats politiques et syndicaux ne se mèneront plus avec les armes de la démocratie. C’est ce qui fait toute la différence avec n’importe quel autre candidat, même celui qu’on aime le moins.

Nous le savons, notre appel à faire barrage se heurtera à des oppositions individuelles très fortes en fonction du second qualifié. Mais c’est notre devoir que de lancer ce signal. Ensuite, évidemment, chacun se déterminera librement. Mais chacun devra aussi avoir, en tête, le jour d’après : celui qui suivrait une victoire de Marine Le Pen. Ce jour là, il sera trop tard pour changer le résultat. Voilà pourquoi, l’enjeu essentiel du 7 mai et du pouvoir citoyen dont nous disposons, tient en peu de mots : ne pas se tromper.

Laurent Escure
Secrétaire général de l’UNSA Éducation