Analyses et décryptages

Mixité sociale à l’école : du concret dans un documentaire

Un « bon » collège et six cent mètres plus loin, un collège de « mauvaise réputation ». Le 18ème arrondissement de Paris, avec sa pauvreté mais aussi le bas de la butte Montmartre avec ses populations favorisées. Un documentaire de Public Sénat (disponible en replay) fait découvrir la réalité d’une démarche de mixité sociale dans deux collèges en multi-secteurs par le principe de montée alternée. De la volonté politique et des équipes engagées montrent que tout peut changer. C’est un combat, un engagement et une énergie indispensables au quotidien.

Comment changer les déterminismes ?
 
La mixité scolaire est totalement dépendante de la politique de logement, dans l’organisation actuelle des affectations d’enfants dans les écoles et établissements. C’est le principe de la carte scolaire, d’où découlent les ségrégations sociales qui deviennent scolaires. Le contournement de la carte scolaire est un jeu réservé aux familles les mieux dotées en réseaux de connaissances, et stratégies d’influence. Contournement par le biais des adresses professionnelles se substituant habilement aux adresses de résidence, ou contournement qui profite aux établissements privés, peu regardants sur des critères de mixité.
Face à ce phénomène bien connu, mais peu assumé politiquement, plusieurs expérimentations ont été tentées, dont celle des secteurs d’affectation transformés, en multi-secteurs. Le principe de la montée alternée en est une manière de le mettre en œuvre.
 
La montée alternée consiste à affecter les entrants en 6e du double secteur alternativement à l’un et l’autre collège, les élèves affectés à un établissement y restant scolarisés jusqu’en fin de 3e.
C’est ce principe vu de l’intérieur que nous propose d’éclaire le documentaire « Le collège d’à côté » produit par la chaîne Public Sénat, disponible en replay.
On y voit « Hasna, Adil et ceux du collège Berlioz (qui) vont devoir accueillir Clémence, Mateo et leurs amis du collège Coysevox d’à côté. Et ils voient d’un mauvais oeil cette « invasion des blancs ».
Dans ce quartier du 18e arrondissement de Paris, en traversant une rue, on passe des HLM de la porte de Clignancourt aux immeubles bourgeois du bas Montmartre. Un tiers des parents d’élèves contournaient la carte scolaire pour éviter leur collège de secteur, un véritable ghetto selon eux, au profit du collège d’à côté dont les résultats étaient plus prometteurs. 
Et cette année, les élèves de 4e du « bon » collège, pour la plupart blancs et bien nés, viennent faire leur année de 3ème à Berlioz, avec les filles et les fils d’immigrés du Maghreb et d’Afrique de l’Ouest.
Désormais, Berlioz et Coysevox forment un secteur unique. Les résultats des deux établissements au brevet, proche de 90%, sont dans la moyenne parisienne. »
 
Par l’enquête, le reportage sur un temps long, les sujets éducatifs dévoilent toute leur complexité. Pas simples, les situations à gérer au quotidien, pour accrocher aux apprentissages les adolescents de ce collège. Les métiers de l’éducation sont des métiers de sens, d’engagement humanistes . Les professionnels qui ont accepté le regard des caméras le prouvent dans ce documentaire. Et ils vont contribuer à multiplier ce type de d’expériences. C’est inspirant et motivant. Merci à eux !

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