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Lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie : état des lieux et actions à mener

La lutte contre les idées de l’extrême droite est au cœur du projet de société de l’UNSA Éducation. Le Rapport 2022 Sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) rappelle que ce combat reste plus que jamais d’actualité, puisqu’il démontre utilement que dissimulées ou banalisées, les idées de l’extrême-droite, en particulier son idéologie raciste et xénophobe, continuent de contaminer la société française. Il pointe des responsabilités, et ce faisant rappelle qu’il existe des solutions pour sortir de l’engrenage.

Le Rassemblement national, premier parti d’extrême droite en France, se défend aujourd’hui de toute idéologie raciste, antisémite ou xénophobe. Ces thématiques ont pourtant envahi l’espace médiatique et politique (la fameuse « banalisation » ou « normalisation » des idées d’extrême-droite), et l’extrême-droite française est au plus haut dans les votes et intentions de vote des Français et Françaises aux élections présidentielles. De là à en conclure que la société française est de plus en plus raciste, antisémite et xénophobe, mais sans trop le faire savoir, voire le savoir, il n’y aurait qu’un pas.

Racisme : le grand remplacement ?

Les Françaises et Français sont moins racistes. C’est en tout cas la perception qu’ils ont d’eux-mêmes. 62% se disent « pas racistes du tout », en particulier les sympathisant.es de gauche (78%), les diplômés de niveau bac+3 et plus (76%), ou encore les 18-35 ans (71%). Le baromètre 2022 de la CNCDH révèle également que 57% des Français.es estiment que « toutes les races se valent ».                                                                                                          Autre bon indicateur pour la santé humaniste de notre pays, la nécessité d’une « lutte vigoureuse contre le racisme en France » est un objectif partagé par 79% des sondé.es ; il en est de même s’agissant de la lutte contre l’antisémitisme (73%) et l’islamophobie (71%). Enfin, le préjugé raciste qui affirme la supériorité d’une race sur d’autres ne justifie plus ou très peu, une conviction raciste en France : seuls 5% partagent encore cette conception biologique erronée, y compris les personnes se disant elles-mêmes « plutôt racistes ».

Ces bons indicateurs ne permettent cependant pas d’affirmer que le racisme ne circule plus en France. Les travaux du CNCDH confirment ainsi d’autres recherches et études sur le sujet : la déconstruction réussie du préjugé biologique n’a pas permis pour autant la fin du préjugé raciste, et le préjugé biologique a été remplacé par d’autres préjugés.

Les (nouveaux) préjugés racistes : le poids d’un contexte

Chaque discours, pensée, actes ou politique raciste se justifient par des préjugés. En France comme dans de nombreux pays occidentaux, le préjugé raciste s’est diversifié, du fait notamment des phénomènes conjoncturels (contexte géopolitique, social et économique), mais également sous l’influence d’un important portage politique et médiatique.

La facilité avec laquelle les stéréotypes à l’égard des minorités ressurgissent en temps de crise n’est plus à démontrer. Les crises successives ont donc naturellement continué de nourrir les préjugés racistes dont la hausse en France est légère, mais globale.                                                                        Ainsi dans un contexte de forte crise économique et social, où la crainte d’un niveau de vie dégradé et le sujet des inégalités figurent en tête des sujets de préoccupations des Français.es, 60% d’entre eux pensent que « de nombreux immigrés viennent en France uniquement pour profiter de la protection sociale ». En 2022 ce préjugé atteint un niveau record depuis 2016 : +8 points.                                                                                                                                            Toujours dans ce contexte, la tradition assimilationniste reste largement partagée par l’opinion française, même si c’est une opinion très clairement corrélée aux préférences politiques et au rapport au racisme des individus. Ainsi 49% des Français considèrent que ce sont les « personnes étrangères (elles-mêmes) qui ne se donnent pas les moyens de s’intégrer ».  Parmi eux, 90% sont des sympathisant.es RN, 87% sont « très à droite » et 65% des sympathisant.es de LR ; à l’inverse les sympathisant.es des partis de gauche (56% pour EELV et 67% pour LFI) et la majorité des personnes ne se disant « pas racistes du tout » considèrent que la faute en revient à la société « qui ne donne pas les moyens aux personnes étrangère de s’intégrer ». Enfin le sujet de la délinquance occupe la 5ème place des préoccupations françaises (suivant de près le sujet de la crise de l’environnement avec 24%), et 42% jugent que « l’immigration est la principale cause de l’insécurité » (+7 points).

Et l’immigration dans tout ça ?

C’est un enjeu important secondaire pour la population, et sans surprise plus volontiers mentionné comme préoccupant par les sympathisant.es de droite et d’extrême droite. Le sujet de l’immigration arrive ainsi en 10ème place des préoccupations des Français.es en 2022. Pourtant, la CNCDH relève l’importance croissante donnée à ce sujet dans les débats politiques et médiatiques de ces dix dernières années, au point d’acquérir en 2022 « une emprise dangereuse sur la scène médiatique, dans l’espace du débat politique, sur les résultats électoraux. »

Instrumentalisation et stratégie politique et médiatique

Du rapport 2022 de la CNCDH, il faut retenir la démonstration que la normalisation des idées de l’extrême droite est tout autant, voire davantage, le fait conjugué d’une stratégie médiatique et d’une récupération idéologique d’une large partie de l’échiquier politique, que de l’extrême droite elle-même.

Si certains médias sont désormais clairement identifiés au service d’une idéologie rejetant l’autre, la CNCDH relève que le rôle des médias dans la stratégie de normalisation du Rassemblement National par exemple, remonte aux années 2010.

Ces thématiques ont donc assez naturellement envahi le débat des dernières élections présidentielles, au cours duquel les questions sociales qui préoccupent les Français.es ont été très largement marquées par les thématiques du rejet de l’autre.

La CNCDH n’est pas partisane, elle ne fait pas montre d’un ressenti mais d’analyses détaillées et argumentées. Elle pointe des responsabilités qu’il nous appartient, citoyen.nes et personnels d’éducation de prendre en compte dans nos métiers au quotidien, avec des recettes qui sont simples mais pas simplistes. Parmi elle le travail de déconstruction des préjugés, l’éducation aux médias, l’apprentissage de l’autonomie et de la responsabilité, la capacité à travailler ensemble, en équipe, en projet, à débattre. Ces compétences sont indispensables pour évoluer dans un contexte de crises aigues, où l’on est parfois plus prompt à désigner des boucs émissaires qu’à agir avec raison et humanité.

L’UNSA Éducation persistera à dénoncer la supercherie, l’inefficacité et la dangerosité de l’idéologie raciste et xénophobe propre aux programmes de l’extrême droite. Elle continuera de peser sur les différentes politiques publiques d’éducation, indispensables à l’exercice d’une citoyenneté éclairée, pour rendre effectives les valeurs républicaines de fraternité et de solidarité.

https://www.cncdh.fr/publications/rapport-2022-sur-la-lutte-contre-le-racisme-lantisemitisme-et-la-xenophobie

 

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