L’UMP prude en éducation

Dans les coups de cœur de la BDS (Bibliothèque départemental de la Sarthe) de mars 2012 (Avis des professionnels), un prénommé Jean-Pierre écrivait : « Sur la couverture, un gentil chien disposé à jouer à la baballe. Encore un album sur les zanimos ? Me dis-je. Au dos du livre des indices, quelques pièces de vêtements, des petites chaussures, sèment le doute. Non, il n’est pas question de bêtes. C’est des gens qui se déshabillent ! Ainsi, au fil des pages se dénudent : le bébé potelé, les voisins enjoués, le policier appliqué, la mamie qui prend son temps – il lui faudra deux pages, même les dames de la cantine s’effeuillent…

Cet album pourrait facilement déplaire, voire choquer ! »

Il évoquait ainsi l’album pour enfants « Tous à poil ! » de Claire Franek et Marc Daniau aux éditions Le Rouergue, publié en 2011.Certes, il « est assez inhabituel de voir, dans des albums pour les très jeunes, des «vrais» gens dans le plus simple appareil. » Mais le critique de la bibliothèque sarthoise prolongeait son analyse, notant que dans cet album, « les auteurs évitent bien des écueils, aucun voyeurisme dans ces scènes, au contraire beaucoup de délicatesse dans les images. Pourtant, il n’est rien caché de l’anatomie et des imperfections de ces corps plus ou moins jeunes. Plaisir supplémentaire, un poil d’humour habille joliment les situations. »

Il semble que Jean-François Copé, n’y ait pas vu comme lui, « un excellent album, un brin potache qui banalise la nudité. Un parfait antidote au culte du corps irréprochable et à l’érotisation que les magazines, au moindre prétexte, vantent à longueur de colonne. »

L’insistance de l’UMP de vouloir resserrer les missions de l’école sur le lire, écrire, compter et « apprendre l’anglais » (tel que l’ajoute son président), lui a peut-être fait oublier le nombre de manuels de lecture dans lesquels les rôles sexués sont fortement tranchés, les filles et les mères chargées du ménage et de la cuisine, les garçons et les pères s’intéressant au bricolage et au sport…
Que dira l’UMP lorsqu’elle tombera sur le document construit en collaboration entre les DDCS et les CDDP de Drôme et d’Ardèche et présentant 92 albums jeunesse « pour bousculer les stéréotypes filles garçons » ? Que pensera son président en lisant « Ma super famille » de Gwendoline Raisson et Magali Le Huche (publié chez Père Castor Flammarion 2009) qui présente l’arbre généalogique de Timothée avec plutôt des airs de forêt : une « famille recomposée à plusieurs étages où l’homoparentalité existe de fait, où les personnalités comptent plus que le degré de parenté et l’affection est le plus important des liens. Une façon humoristique de parler de la famille d’aujourd’hui, la nôtre, celle des autres et d’être bien à sa place. »

Quel scandale alors de découvrir « Brindille » de Rémi Courgeon pour qui « il faut dire qu’à la maison il n’y avait que des hommes ; pas vraiment méchants, juste un peu lourdauds », aussi doit-elle se mettre à la boxe et « affronter l’ordre établi pour exister en soi aura été plus important que la force. Dès lors, elle n’en aura plus besoin ». (Milan 2012) ?

Comment supporter que dans « la maison dans les bois »  de Inga Moore, on trouve « Léonne Oursonne [qui] est douée pour le bricolage et Vincent [qui] se révèle être un véritable « Elan d’intérieur ». (Pastel Ecole des Loisirs 2012) ?
Sans parler des révoltes de « Madame le lapin blanc » (de Gilles Bachelet chez Seuil jeunesse 2012) qui « se plaint d’une vie dédiée à la gestion quotidienne de ses nombreux enfants et du comportement exaspérant de son mari, toujours les yeux rivés sur sa montre gousset ou sur son journal. Elle rêve de partage des tâches et de création ». On retrouve également « des poules qui négocient le partage des tâches dans une petite parodie qui finit par une note d’humour » de « La révolte des cocottes » de Adèle Tariel, Céline Riffard chez Talents hauts/Amnesty international 2011…

Certainement que tous ces livres ne sont pas du goût de ceux qui défilent sous les banderoles de la « manif pour tous », certainement que les intégristes religieux refusent que l’Éducation aborde la sexualité, le corps et plus largement les questions posées par une société en pleine évolution…

Est-ce bien là que l’on attend un parti politique qui veut gouverner ? Le passéisme et le conservatisme peuvent-ils être un programme d’avenir ? A courir derrière les plus réactionnaires, chacun sait qui seront les grands vainqueurs : ceux qui ne veulent ni de l’Éducation, ni de la démocratie… et à ce jeu-là, l’opinion préférera toujours l’original à la pale copie.

A trop attaquer les belles pages de « Tous à poil », le président de l’UMP finira à se montrer comme le roi : nu avec les seules idées de l’extrême droite !

Sélectionnés pour vous
+ d’actualités nationales

Dans les coups de cœur de la BDS (Bibliothèque départemental de la Sarthe) de mars 2012 (Avis des professionnels), un prénommé Jean-Pierre écrivait : « Sur la couverture, un gentil chien disposé à jouer à la baballe. Encore un album sur les zanimos ? Me dis-je. Au dos du livre des indices, quelques pièces de vêtements, des petites chaussures, sèment le doute. Non, il n’est pas question de bêtes. C’est des gens qui se déshabillent ! Ainsi, au fil des pages se dénudent : le bébé potelé, les voisins enjoués, le policier appliqué, la mamie qui prend son temps – il lui faudra deux pages, même les dames de la cantine s’effeuillent…

Cet album pourrait facilement déplaire, voire choquer ! »

Il évoquait ainsi l’album pour enfants « Tous à poil ! » de Claire Franek et Marc Daniau aux éditions Le Rouergue, publié en 2011.Certes, il « est assez inhabituel de voir, dans des albums pour les très jeunes, des «vrais» gens dans le plus simple appareil. » Mais le critique de la bibliothèque sarthoise prolongeait son analyse, notant que dans cet album, « les auteurs évitent bien des écueils, aucun voyeurisme dans ces scènes, au contraire beaucoup de délicatesse dans les images. Pourtant, il n’est rien caché de l’anatomie et des imperfections de ces corps plus ou moins jeunes. Plaisir supplémentaire, un poil d’humour habille joliment les situations. »

Il semble que Jean-François Copé, n’y ait pas vu comme lui, « un excellent album, un brin potache qui banalise la nudité. Un parfait antidote au culte du corps irréprochable et à l’érotisation que les magazines, au moindre prétexte, vantent à longueur de colonne. »

L’insistance de l’UMP de vouloir resserrer les missions de l’école sur le lire, écrire, compter et « apprendre l’anglais » (tel que l’ajoute son président), lui a peut-être fait oublier le nombre de manuels de lecture dans lesquels les rôles sexués sont fortement tranchés, les filles et les mères chargées du ménage et de la cuisine, les garçons et les pères s’intéressant au bricolage et au sport…
Que dira l’UMP lorsqu’elle tombera sur le document construit en collaboration entre les DDCS et les CDDP de Drôme et d’Ardèche et présentant 92 albums jeunesse « pour bousculer les stéréotypes filles garçons » ? Que pensera son président en lisant « Ma super famille » de Gwendoline Raisson et Magali Le Huche (publié chez Père Castor Flammarion 2009) qui présente l’arbre généalogique de Timothée avec plutôt des airs de forêt : une « famille recomposée à plusieurs étages où l’homoparentalité existe de fait, où les personnalités comptent plus que le degré de parenté et l’affection est le plus important des liens. Une façon humoristique de parler de la famille d’aujourd’hui, la nôtre, celle des autres et d’être bien à sa place. »

Quel scandale alors de découvrir « Brindille » de Rémi Courgeon pour qui « il faut dire qu’à la maison il n’y avait que des hommes ; pas vraiment méchants, juste un peu lourdauds », aussi doit-elle se mettre à la boxe et « affronter l’ordre établi pour exister en soi aura été plus important que la force. Dès lors, elle n’en aura plus besoin ». (Milan 2012) ?

Comment supporter que dans « la maison dans les bois »  de Inga Moore, on trouve « Léonne Oursonne [qui] est douée pour le bricolage et Vincent [qui] se révèle être un véritable « Elan d’intérieur ». (Pastel Ecole des Loisirs 2012) ?
Sans parler des révoltes de « Madame le lapin blanc » (de Gilles Bachelet chez Seuil jeunesse 2012) qui « se plaint d’une vie dédiée à la gestion quotidienne de ses nombreux enfants et du comportement exaspérant de son mari, toujours les yeux rivés sur sa montre gousset ou sur son journal. Elle rêve de partage des tâches et de création ». On retrouve également « des poules qui négocient le partage des tâches dans une petite parodie qui finit par une note d’humour » de « La révolte des cocottes » de Adèle Tariel, Céline Riffard chez Talents hauts/Amnesty international 2011…

Certainement que tous ces livres ne sont pas du goût de ceux qui défilent sous les banderoles de la « manif pour tous », certainement que les intégristes religieux refusent que l’Éducation aborde la sexualité, le corps et plus largement les questions posées par une société en pleine évolution…

Est-ce bien là que l’on attend un parti politique qui veut gouverner ? Le passéisme et le conservatisme peuvent-ils être un programme d’avenir ? A courir derrière les plus réactionnaires, chacun sait qui seront les grands vainqueurs : ceux qui ne veulent ni de l’Éducation, ni de la démocratie… et à ce jeu-là, l’opinion préférera toujours l’original à la pale copie.

A trop attaquer les belles pages de « Tous à poil », le président de l’UMP finira à se montrer comme le roi : nu avec les seules idées de l’extrême droite !