L’offensive PISA ou les fondamentaux à la sauce bavaroise
En France, on appelle cela le retour aux fondamentaux. En Bavière, le ministère de l’éducation ou rectorat local appelle cela l’ « offensive PISA ». L’objectif : redresser la barre dans les résultats dans ces évaluations comparatives. C’est bien lire, écrire, compter qui est visé. Il s’agissait de l’un des points de focus de la conférence de rentrée du BLLV, notre partenaire syndical local.
Concrètement, c’est le nombre d’heures par discipline qui est modifié. En allemand, une heure d’enseignement est ajoutée. En mathématiques, les élèves de CP et de CE2 bénéficieront d’une heure supplémentaire. En CE2 et CM1 (dernier niveau de l’élémentaire en Allemagne), l’autonomie est donnée aux écoles pour la ventilation des heures d’arts plastiques, de musique et enseignement manuel. La formation continue des professeurs des écoles sera ciblée sur les fondamentaux. Comme en France, on retrouve l’idée d’évaluations standardisées et de méthodes pédagogiques centralisées.
L’organisation représentant les enseignant·es interroge le choix de supprimer ou réduire les heures d’anglais ou de musique au profit de l’allemand ou des maths. Pour eux, à juste titre, on devrait plutôt interroger la qualité de l’enseignement que sa quantité. L’Allemagne n’est pas épargnée par le manque d’attractivité de la profession enseignante. Le BLLV relie la qualité de vie au travail des enseignant·es avec la réussite des élèves.
En Sarre, on retrouve cette priorité dans les revendications de l’autre centrale syndicale enseignante allemande, le GEW. Suite aux résultats de PISA 2022, le gouvernement veut renforcer les dispositifs de soutien pour les élèves en difficulté dans la lecture, l’écriture et les mathématiques.
C’est un concept similaire à la Bavière qui est déployé en Sarre. Une formation est dispensée lors de journées de banalisées. L’autonomie des écoles est renforcée : elles peuvent choisir de mettre l’accent sur des séquences d’enseignement en maths ou en allemand. Les outils pédagogiques liés la différenciation sont développés. On parle ici d’évaluations diagnostiques, de plan de travail ou autres démarches coopératives. Certaines écoles ont mis en place un quart d’heure de lecture. Les élèves se lisent mutuellement par groupes de deux.
L’organisation syndicale réclame également une réaction du gouvernement pour lutter contre les inégalités scolaires et sociales. Ces deux aspects doivent faire l’objet d’un plan spécifique au niveau de l’école maternelle. L’enquête PISA impacte donc les politiques éducatives de nombreux pays concernés. Les exemples allemand et français montrent que les enseignements dit fondamentaux évalués par PISA deviennent le cœur du pilotage éducatif. Pour l’UNSA Éducation, cela ne saurait être redécollé d’un travail sur l’attractivité des métiers et de lutte contre les inégalités sociales et scolaires.