Le café pédagogique s’est récemment intéressé à une étude italienne, portant sur des classes de sixième, qui démontre que les filles seraient surnotées au collège, particulièrement en maths.
À la question l’école préfère-t-elle les filles, Jean-Louis Auduc, un expert sur les sujets de mixité, interrogé pour l’occasion, y voit « une volonté de compensation des enseignants (…) dont les conséquences sont graves » car elles entraînent « des rancoeurs, des suspicions des uns et des autres et par là même contribueraient à des violences et du harcèlement. »
L’étude italienne conclut bien évidemment sur le fait que « les garçons sont systématiquement découragés durant leur cursus scolaire ».
Plusieurs remarques à la lecture de cet article nous brûlent les doigts et paraissent essentielles à soulever.
Tout d’abord l’écart de notation de 6 % entre les copies anonymes ou non, relevé par l’étude italienne, nous semble assez mineur.
Puis, si « discrimination positive initiale » il y a, celle-ci ne semble malheureusement pas profiter aux filles dans la suite de leurs études.
En effet, au lycée et surtout après dans les filières scientifiques les garçons sont plus nombreux : En classe de première S, on trouve 46% de filles et 54% de garçons mais seulement 8% de filles se retrouvent dans les écoles d’ingénieur.
Enfin et surtout, Il est pour le moins assez réducteur de limiter à la seule note le comportement des filles et des garçons. Une analyse d’autant plus simpliste, qu’elle en viendrait presque à légitimer une forme de détestation que les garçons pourraient avoir à l’égard des filles…
D’autres facteurs nous paraissent nécessaires à prendre en considération pour une véritable analyse des différences filles/garçons.
Ainsi, cette récente étude de la revue américaine Sciences, montre que
les filles dès six ans assimilent l’intelligence à une caractéristique masculine, ce qui n’est pas le cas avant cet âge.
Pourtant, à la question des notes à l’école, toutes estiment que les filles ont probablement les meilleures notes mais elles distinguent le fait d’être « brillant » et les performances scolaires fondées sur le travail.
Ainsi, elles ne s’autorisent pas certaines activités ou loisirs qu’elles n’imaginent pas accessibles pour elles, si ceux-ci sont dits destinés à des enfants « brillants » ou « très très très intelligents ».
L’étude précise que ce stéréotype prégnant perdure à l’âge adulte et orienterait d’une certaine manière les jeunes filles vers des voies moins valorisantes et découragerait les femmes à faire carrière.
Cet article pointe la présence de stéréotypes de genre dès le plus jeune âge et cela indépendamment des notes à l’école.
Pour l’UNSA Éducation, l’école doit être un levier puissant de l’égalité filles/garçons et revendique une véritable formation dès le plus jeune âge pour abattre les stéréotypes de genre.
Cela passe par une formation adaptée des pratiques pédagogiques débarrassées de tout sexisme.