Ce jeudi 25 mars après-midi, 8 militants du groupuscule d’extrême droite « Action française » ont tenté d’envahir l’hémicycle du conseil régional d’Occitanie. Grâce au courage des agents de sécurité et au sang froid des élu.es, cette attaque a été repoussée mais elle illustre un fait constant : l’extrême droite est et sera toujours un danger pour notre démocratie.
Les images filmées font froid dans le dos et rappellent de très mauvais souvenirs, de l’Italie des années 20 à l’Espagne du début des années 1980 : des militants violents ont tenté de pénétrer dans l’enceinte démocratique aux cris de « La France aux Français » et ont laissé une banderole affichant leur slogan « Islamo-gauchistes : traîtres à la France ». Une telle tentative d’intrusion inquiète et a suscité la réprobation de tous les milieux républicains : et s’ils avaient été armés ? Comment ont-ils pu agir ainsi dans l’hôtel de région ? Ce sont autant de questions que l’enquête déterminera.
Mais quelques éléments de conclusion s’imposent déjà : l’Action française, née à la fin du XIXème siècle a longtemps été la ligue monarchiste et d’extrême droite la plus prisée en France, avec des idées réactionnaires, antisémites et violemment hostiles à la République. École de formation de toute une génération éprise des idées de l’extrême droite, cette organisation a vivoté après 1945, naviguant entre des courants politiques divers. Mais depuis quelques années, elle tente de renouer avec sa violence originelle et ses idées nauséabondes, faisant le coup de poing à plusieurs reprises contre notre fonctionnement démocratique. Dans un contexte de concurrence avec d’autres groupuscules violents, l’AF affiche fièrement sa haine de la République.
Le climat souvent délétère actuellement en France explique également ce type d’actions : ces militants violents ont en effet revendiqué leur action d’éclat en se référant à l’ « islamo-gauchisme » , concept très flou pourtant mobilisé récemment par le gouvernement ( voir l’article de notre centre de recherches Henri-Aigueperse : « aller au-delà de la querelle sur l’islamo-gauchisme » ).L’utilisation irraisonnée de certains mots et concepts envenime les débats politiques : parler de « fascisme » à tort et à travers n’aide pas, à tel point que la banalisation de ces usages empêche de voir ensuite la réalité.
Pourtant les faits sont clairs : cette action violente et anti-démocratique montre que l’extrême droite sera toujours un danger pour notre démocratie. D’autres actions violentes ont récemment eu lieu (comme l’attaque d’une librairie à Lyon la semaine dernière) et face à la violence de tels groupes, la dissolution est souvent nécessaire ( voir notre article « Dissolution de Génération identitaire : une bonne décision, mais suffisante ? » ). Le récent livre paru sous la direction d’isabelle Sommier avec Xavier Crettiez et François Audigier, Violence politiques en France, Presses de Sciences Po, 2021, montre clairement que la violence de l’extrême droite est bien présente aujourd’hui dans notre pays. Il faut y faire face avec l’arsenal juridique disponible mais également en gagnant la bataille des idées.
De tels groupuscules d’extrême droite existent parce que leurs idées et leur projet ont beaucoup de points communs avec les idées du Rassemblement national. Bien qu’il ait officiellement condamné les actes qui ont eu lieu à Toulouse, ce parti, en portant dans le débat public un projet d’extrême droite, se fait bien souvent l’allié objectif de ces groupuscules. Les porosités sont nombreuses, en dépit de la « dédiabolisation » du RN menée depuis quelques années.
L’UNSA Éducation condamne fermement cette tentative d’intrusion dans une enceinte dédiée au débat démocratique et républicain. Notre fédération considère qu’il y a un véritable risque de prise de pouvoir de l’extrême droite en France comme en Europe. Elle est mobilisée pour contrer cette menace. Elle continue à décrypter le message de l’extrême droite et notamment du Rassemblement national qui est en contradiction avec les valeurs du syndicalisme, de la démocratie sociale et de la démocratie.
Voir notre rubrique « Non à l’extrême droite »