L’esprit « Charlie » au quotidien

Chaque jour depuis une semaine, nous vivons des événements exceptionnels. La charge émotionnelle est énorme. La mobilisation à la hauteur. Et la lucidité aussi…

Chaque jour depuis une semaine, nous vivons des événements exceptionnels. La charge émotionnelle est énorme. La mobilisation à la hauteur.

Et la lucidité aussi…

Celle qui sait déjà qu’il n’y aura chaque semaine de longues files d’attente pour réclamer le nouveau numéro de Charlie Hebdo.
Celle qui sait, bien sûr que demain les débats et les clivages politiques succéderont au bel unanimisme de ces derniers jours.
Celle qui sait que le quotidien reprendra vite, très vite, trop vite peut-être, sa place.

Cette lucidité sur demain, ne doit pas nous empêcher de vivre avec intensité la tristesse, la colère, la détermination qui nous habitent aujourd’hui.

Viendra le temps des analyses, des plans d’actions, des mises en œuvre…

Le pire serait certainement que tout cela ne débouche sur rien, qu’au bout du compte rien ne change. Mais la naïveté et donc la déception serait de croire que tout va changer… « Plus jamais ça », disaient en chœur les peuples meurtris en 1918 alors que l’organisation du monde se structurait de manière telle, qu’elle portait les germes de la crise de 1929 et de la Seconde guerre mondiale.

Notre responsabilité de citoyens et d’éducateurs nous impose de nous situer dans un juste équilibre, pour nous, mais aussi pour ceux qui nous sont confiés et qui sont les plus fragiles.

Il nous faut tout d’abord les écouter et les entendre. Être capables de dépasser leur statut d’élèves, d’étudiants, pour entendre et tâcher de comprendre leurs mots d’enfants et de jeunes, pour entendre et tâcher de comprendre aussi leurs silences…

Au-delà, c’est sur leur place, leur rôle, les responsabilités qu’il nous faut être clair. Tous les cadres ne sont pas abolis. Pour autant nous ne pouvons leur demander d’être des « Charlie » passifs, silencieux, « moutons »… Démarches participatives, co-constructions, coopérations sont –plus que jamais nécessaires.

Mais, il n’y aura pas non plus de libre arbitre, sans connaissance. Notre mission est de leur en permettre l’accès, tous les accès en dépassant les méconnaissances, en agissant contre les peurs, en outillant pour échapper aux enfermements, aux réponses toutes faites, aux dogmes imposés. Lire un texte, un dessin, une image, un slogan demandent bien davantage que de savoir déchiffrer. L’esprit critique ne peut agir que pour celui qui sait comparer, mettre à distance, critiquer… et cela s’apprend.

Nul doute que l’école, l’université, les structures de l’éducation formelle ont une action primordiale à mener. Elles en ont les ressources et les compétences, la mission et la présence (en grande partie captive) de toute une génération. Seule leur côté « institutionnelle » peut provoquer des blocages ou des rejets sur quelques esprits rebelles ou révoltés. Aussi c’est une complémentarité éducative qui s’impose. Espaces socioculturels, structures culturelles, lieux d’éducation populaire, associations sportives, tous doivent contribuer à cette même démarche de construction de connaissance et de libre choix.

Maintenant, ce n’est pas d’une semaine « Charlie » dont l’Éducation, a besoin, mais d’un peu plus d’esprit « Charlie » au quotidien.
 

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Chaque jour depuis une semaine, nous vivons des événements exceptionnels. La charge émotionnelle est énorme. La mobilisation à la hauteur.

Et la lucidité aussi…

Celle qui sait déjà qu’il n’y aura chaque semaine de longues files d’attente pour réclamer le nouveau numéro de Charlie Hebdo.
Celle qui sait, bien sûr que demain les débats et les clivages politiques succéderont au bel unanimisme de ces derniers jours.
Celle qui sait que le quotidien reprendra vite, très vite, trop vite peut-être, sa place.

Cette lucidité sur demain, ne doit pas nous empêcher de vivre avec intensité la tristesse, la colère, la détermination qui nous habitent aujourd’hui.

Viendra le temps des analyses, des plans d’actions, des mises en œuvre…

Le pire serait certainement que tout cela ne débouche sur rien, qu’au bout du compte rien ne change. Mais la naïveté et donc la déception serait de croire que tout va changer… « Plus jamais ça », disaient en chœur les peuples meurtris en 1918 alors que l’organisation du monde se structurait de manière telle, qu’elle portait les germes de la crise de 1929 et de la Seconde guerre mondiale.

Notre responsabilité de citoyens et d’éducateurs nous impose de nous situer dans un juste équilibre, pour nous, mais aussi pour ceux qui nous sont confiés et qui sont les plus fragiles.

Il nous faut tout d’abord les écouter et les entendre. Être capables de dépasser leur statut d’élèves, d’étudiants, pour entendre et tâcher de comprendre leurs mots d’enfants et de jeunes, pour entendre et tâcher de comprendre aussi leurs silences…

Au-delà, c’est sur leur place, leur rôle, les responsabilités qu’il nous faut être clair. Tous les cadres ne sont pas abolis. Pour autant nous ne pouvons leur demander d’être des « Charlie » passifs, silencieux, « moutons »… Démarches participatives, co-constructions, coopérations sont –plus que jamais nécessaires.

Mais, il n’y aura pas non plus de libre arbitre, sans connaissance. Notre mission est de leur en permettre l’accès, tous les accès en dépassant les méconnaissances, en agissant contre les peurs, en outillant pour échapper aux enfermements, aux réponses toutes faites, aux dogmes imposés. Lire un texte, un dessin, une image, un slogan demandent bien davantage que de savoir déchiffrer. L’esprit critique ne peut agir que pour celui qui sait comparer, mettre à distance, critiquer… et cela s’apprend.

Nul doute que l’école, l’université, les structures de l’éducation formelle ont une action primordiale à mener. Elles en ont les ressources et les compétences, la mission et la présence (en grande partie captive) de toute une génération. Seule leur côté « institutionnelle » peut provoquer des blocages ou des rejets sur quelques esprits rebelles ou révoltés. Aussi c’est une complémentarité éducative qui s’impose. Espaces socioculturels, structures culturelles, lieux d’éducation populaire, associations sportives, tous doivent contribuer à cette même démarche de construction de connaissance et de libre choix.

Maintenant, ce n’est pas d’une semaine « Charlie » dont l’Éducation, a besoin, mais d’un peu plus d’esprit « Charlie » au quotidien.