Les raisons de la colère

Nous sommes en deuil et nous sommes en colère. Depuis les ignobles attentats de janvier, davantage encore depuis ceux de vendredi, nous sommes en deuil et en colère. Nous aurions certainement dû l’être avant, davantage solidaires lorsque d’autres pays en étaient  les victimes. Mais la proximité donne consistance à l’ignominie, elle nous ouvre, enfin, les yeux sur la barbarie désormais présente à côté de nous.

Nous sommes en deuil et nous sommes en colère.

Depuis les ignobles attentats de janvier, davantage encore depuis ceux de vendredi, nous sommes en deuil et en colère.

Nous aurions certainement dû l’être avant, davantage solidaires lorsque d’autres pays en étaient les victimes. Mais la proximité donne consistance à l’ignominie, elle nous ouvre, enfin, les yeux sur la barbarie désormais présente à côté de nous.

Nous portons le deuil des morts, espérons pour les blessés, avons de la compassion pour les familles, les proches. Nous nous sentons nous-mêmes meurtris.

Et nous sommes en colère. Il ne s’agit pas d’un énervement éruptif qui conduit à la violence et demande vengeance, mais d’une colère réfléchie, justifiée qui exige d’agir, de tenir bon, de ne rien lâcher.

Nous sommes en colère et nous avons raison.

Raison de refuser tout amalgame ; et en colère contre ceux qui veulent faire croire que le danger vient des étrangers, des musulmans alors qu’il s’agit de fous fanatiques et sanguinaires.

Raison de réaffirmer nos valeurs, celle de l’humanisme universel ; et en colère contre ceux qui cherchent à nous faire peur pour que nous renoncions à la laïcité, à la liberté de penser et de s’exprimer, à l’égalité des femmes et des hommes, à la fraternité quelle que soit nos origine ou la couleur de notre peau.

Raison de sauvegarder notre art de vivre, celui de sortir, d’aimer, de se retrouver entre copains et copines à la terrasse d’un café, d’aller au spectacle, au match… en toute liberté et avec plaisir ; et donc en colère contre nos propres craintes –bien compréhensibles qu’ils ont cherchées à nous imposer et qui pourraient nous conduire à rester isolés et enfermés chacun chez soi.

Raison de vouloir encore plus de justice, de solidarité, de mixité sociale et scolaire, de réussite éducative pour toutes et tous ; et en colère qu’on ne comprenne pas que si les « ghettos urbains », les disparités sociales, les drames de la pauvreté, les échecs scolaires ne créent pas le terrorisme, ils favorisent un terreau sur lequel des recruteurs ont pu semer du doute, la croyance en un leurre d’alternative et la folle espérance d’un salut par ce qu’on leur fait croire être un « martyr ».

Raison d’espérer un sursaut citoyen, plus de tolérance, davantage de culture partagée ; et en colère de constater que beaucoup de responsables politiques n’auront même pas eu la décence de faire vivre trois jours une indispensable unité nationale, la proximité des élections régionales les enfermant dans leur minables postures politiciennes.

En colère aussi et surtout pour la jeunesse, pour la violence qui s’abat sur elle, la pression qu’elle subit, le lourd tribut qu’elle a payé vendredi.

Et puis, il y a tous ces témoignages de soutien, ces dessins d’enfants, ces paroles échangées avec des inconnus dans les transports ou dans la rue… tous ces petits gestes qui montrent que les barbares n’auront jamais raison, que notre colère nous donne la force de résister et que notre volonté de vivre en humanistes libres et heureux l’emportera toujours sur leur haine de l’humanité, du plaisir et de la liberté.

Denis ADAM, le 18 novembre 2015

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Nous sommes en deuil et nous sommes en colère.

Depuis les ignobles attentats de janvier, davantage encore depuis ceux de vendredi, nous sommes en deuil et en colère.

Nous aurions certainement dû l’être avant, davantage solidaires lorsque d’autres pays en étaient les victimes. Mais la proximité donne consistance à l’ignominie, elle nous ouvre, enfin, les yeux sur la barbarie désormais présente à côté de nous.

Nous portons le deuil des morts, espérons pour les blessés, avons de la compassion pour les familles, les proches. Nous nous sentons nous-mêmes meurtris.

Et nous sommes en colère. Il ne s’agit pas d’un énervement éruptif qui conduit à la violence et demande vengeance, mais d’une colère réfléchie, justifiée qui exige d’agir, de tenir bon, de ne rien lâcher.

Nous sommes en colère et nous avons raison.

Raison de refuser tout amalgame ; et en colère contre ceux qui veulent faire croire que le danger vient des étrangers, des musulmans alors qu’il s’agit de fous fanatiques et sanguinaires.

Raison de réaffirmer nos valeurs, celle de l’humanisme universel ; et en colère contre ceux qui cherchent à nous faire peur pour que nous renoncions à la laïcité, à la liberté de penser et de s’exprimer, à l’égalité des femmes et des hommes, à la fraternité quelle que soit nos origine ou la couleur de notre peau.

Raison de sauvegarder notre art de vivre, celui de sortir, d’aimer, de se retrouver entre copains et copines à la terrasse d’un café, d’aller au spectacle, au match… en toute liberté et avec plaisir ; et donc en colère contre nos propres craintes –bien compréhensibles qu’ils ont cherchées à nous imposer et qui pourraient nous conduire à rester isolés et enfermés chacun chez soi.

Raison de vouloir encore plus de justice, de solidarité, de mixité sociale et scolaire, de réussite éducative pour toutes et tous ; et en colère qu’on ne comprenne pas que si les « ghettos urbains », les disparités sociales, les drames de la pauvreté, les échecs scolaires ne créent pas le terrorisme, ils favorisent un terreau sur lequel des recruteurs ont pu semer du doute, la croyance en un leurre d’alternative et la folle espérance d’un salut par ce qu’on leur fait croire être un « martyr ».

Raison d’espérer un sursaut citoyen, plus de tolérance, davantage de culture partagée ; et en colère de constater que beaucoup de responsables politiques n’auront même pas eu la décence de faire vivre trois jours une indispensable unité nationale, la proximité des élections régionales les enfermant dans leur minables postures politiciennes.

En colère aussi et surtout pour la jeunesse, pour la violence qui s’abat sur elle, la pression qu’elle subit, le lourd tribut qu’elle a payé vendredi.

Et puis, il y a tous ces témoignages de soutien, ces dessins d’enfants, ces paroles échangées avec des inconnus dans les transports ou dans la rue… tous ces petits gestes qui montrent que les barbares n’auront jamais raison, que notre colère nous donne la force de résister et que notre volonté de vivre en humanistes libres et heureux l’emportera toujours sur leur haine de l’humanité, du plaisir et de la liberté.

Denis ADAM, le 18 novembre 2015