Les missions locales en première ligne pour les décrocheurs

A la rentrée 2020, les missions locales seront en première ligne de « l’obligation de formation » des mineurs en décrochage scolaire (article 15 de la loi du 26 juillet 2019 pour une école de la confiance). Mais rien ne dit clairement que leur partenariat avec l’Education nationale à travers les CIO sera renforcé. Pourtant demeure l’objectif de systématiser le repérage de ce public jeune pour le remobiliser et l’accompagner jusqu’à une formation diplômante, une qualification professionnelle, un emploi.  

La problématique des décrocheurs n’est malheureusement pas nouvelle mais peu à peu le service public d’orientation cherche à ne plus perdre de vue les mineurs en situation de décrochage scolaire. Après les plate-formes de suivi et d’appui aux décrocheurs (PSAD) qui ont permis depuis 2011 de créer un maillage fin des acteurs publics locaux pour repérer puis proposer des solutions aux jeunes qui ont abandonné le collège, le lycée ou le CFA en cours de scolarité, voici qu’est franchie une étape institutionnelle supplémentaire avec la dévolution aux missions locales de la gestion de l’obligation de formation de ces publics. Cette obligation inscrite dans la loi pour une école de la confiance vient désormais prolonger celle de l’instruction obligatoire jusqu’à 16 ans, entendu par là que tout jeune mineur de 16-18 ans doit se trouver nécessairement en études, en apprentissage, en emploi, en service civique ou en parcours d’insertion sociale et professionnelle. Et il appartient aux missions locales, dès la rentrée 2020, de s’assurer sur leurs territoires que tout jeune mineur en situation de décrochage est bel et bien accompagné sur la voie d’un raccrochage scolaire, social et/ou professionnel.

Enquête auprès de 45 missions locales

Pour se préparer à ce nouveau rôle, l’Union nationale des missions locales (UNML) a jugé utile d’interroger d’abord ses adhérents sur leurs expériences passées et récentes en matière d’accueil, d’orientation et d’accompagnement. Il ressort de l’enquête que l’orientation est très largement considérée par les missions locales comme la première des priorités, devant la nécessité de rénover la prise de contact avec ces jeunes et de leur offrir un premier accueil plus adapté. Elles estiment également prioritaire une bonne articulation entre le suivi individuel du jeune et son inscription dans un module de remobilisation collectif. Ainsi, dans le bassin d’Annecy, en Haute-Savoie, la mission locale propose depuis plusieurs années des mini-chantiers, des temps d’immersion en entreprise ou des missions de bénévolat parallèlement à un suivi personnalisé. Ce parcours tutoré leur permet de « reprendre confiance en eux et se remettre en projet professionnel » témoigne François Gaudin, le directeur de la mission locale. Et surtout « de ne pas les perdre des radars ». Consécutivement à ces parcours de quelques mois, la majorité des jeunes remis en selle entrent en formation et/ou en emploi. Pour les autres, le parcours d’orientation est prolongé.

De plus en plus de jeunes mineurs accueillis

En Bretagne, à Saint-Malo, l’accent est particulièrement mis sur le repérage des jeunes qui sont de plus en plus nombreux en situation de décrochage. « Près de 25 % des 900 nouveaux accueils que nous faisons chaque année concernent des jeunes mineurs, dont certains ont décroché dès le collège », explique Pascale Joly, la directrice de la mission locale malouine. Mais le travail consiste aussi à aller chercher ceux qui ne se présentent pas spontanément à la mission locale. Celle-ci analyse chaque année avec le CIO une liste de quelque 200 jeunes qui ne sont pas allés jusqu’au diplôme, dont une soixantaine qui n’ont donné aucune nouvelle depuis leur décrochage. Un long travail d’enquête commence alors avec les partenaires, auprès des familles pour tenter de les repérer et de les rencontrer. Si le jeune accepte la proposition d’une rencontre, puis d’une remobilisation, il peut alors travailler à un projet professionnel ou de reprise d’études. Mais il convient avant tout « de le faire adhérer », poursuit Mme Joly. « Nous ne pouvons pas le forcer s’il ne veut pas entrer en formation ». D’où l’enjeu d’une mission de repérage « périlleuse » avec des jeunes qui ont très souvent vécu leur scolarité comme un échec ou un rejet.

L’UNSA Education se félicite du nouveau rôle confié aux missions locales déjà engagées dans l’accompagnement des jeunes tout en s’interrogeant sur ce que recouvre la notion de « contrôle » qui leur est désormais dévolu alors que la démarche volontaire du jeune est jusqu’à présent le vecteur de sa réussite. De même, l’existence des différents réseaux de coopération des acteurs locaux et nationaux n’a été que trop peu évoquée par le texte de loi pour ne pas susciter des interrogations quant à leur devenir alors que toutes et tous s’accordent sur le fait qu’un partenariat resserré et bien articulé entre les différentes structures et institutions ne peut que favoriser un accompagnement efficace de ces jeunes en situation de grande fragilité. Enfin, notre union s’interroge sur le volet financier de l’obligation de formation, le PLF 2020 n’ayant apporté aucune précision sinon que l’enveloppe globale dédiée aux missions locales s’élève à 371 M€.

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La problématique des décrocheurs n’est malheureusement pas nouvelle mais peu à peu le service public d’orientation cherche à ne plus perdre de vue les mineurs en situation de décrochage scolaire. Après les plate-formes de suivi et d’appui aux décrocheurs (PSAD) qui ont permis depuis 2011 de créer un maillage fin des acteurs publics locaux pour repérer puis proposer des solutions aux jeunes qui ont abandonné le collège, le lycée ou le CFA en cours de scolarité, voici qu’est franchie une étape institutionnelle supplémentaire avec la dévolution aux missions locales de la gestion de l’obligation de formation de ces publics. Cette obligation inscrite dans la loi pour une école de la confiance vient désormais prolonger celle de l’instruction obligatoire jusqu’à 16 ans, entendu par là que tout jeune mineur de 16-18 ans doit se trouver nécessairement en études, en apprentissage, en emploi, en service civique ou en parcours d’insertion sociale et professionnelle. Et il appartient aux missions locales, dès la rentrée 2020, de s’assurer sur leurs territoires que tout jeune mineur en situation de décrochage est bel et bien accompagné sur la voie d’un raccrochage scolaire, social et/ou professionnel.

Enquête auprès de 45 missions locales

Pour se préparer à ce nouveau rôle, l’Union nationale des missions locales (UNML) a jugé utile d’interroger d’abord ses adhérents sur leurs expériences passées et récentes en matière d’accueil, d’orientation et d’accompagnement. Il ressort de l’enquête que l’orientation est très largement considérée par les missions locales comme la première des priorités, devant la nécessité de rénover la prise de contact avec ces jeunes et de leur offrir un premier accueil plus adapté. Elles estiment également prioritaire une bonne articulation entre le suivi individuel du jeune et son inscription dans un module de remobilisation collectif. Ainsi, dans le bassin d’Annecy, en Haute-Savoie, la mission locale propose depuis plusieurs années des mini-chantiers, des temps d’immersion en entreprise ou des missions de bénévolat parallèlement à un suivi personnalisé. Ce parcours tutoré leur permet de « reprendre confiance en eux et se remettre en projet professionnel » témoigne François Gaudin, le directeur de la mission locale. Et surtout « de ne pas les perdre des radars ». Consécutivement à ces parcours de quelques mois, la majorité des jeunes remis en selle entrent en formation et/ou en emploi. Pour les autres, le parcours d’orientation est prolongé.

De plus en plus de jeunes mineurs accueillis

En Bretagne, à Saint-Malo, l’accent est particulièrement mis sur le repérage des jeunes qui sont de plus en plus nombreux en situation de décrochage. « Près de 25 % des 900 nouveaux accueils que nous faisons chaque année concernent des jeunes mineurs, dont certains ont décroché dès le collège », explique Pascale Joly, la directrice de la mission locale malouine. Mais le travail consiste aussi à aller chercher ceux qui ne se présentent pas spontanément à la mission locale. Celle-ci analyse chaque année avec le CIO une liste de quelque 200 jeunes qui ne sont pas allés jusqu’au diplôme, dont une soixantaine qui n’ont donné aucune nouvelle depuis leur décrochage. Un long travail d’enquête commence alors avec les partenaires, auprès des familles pour tenter de les repérer et de les rencontrer. Si le jeune accepte la proposition d’une rencontre, puis d’une remobilisation, il peut alors travailler à un projet professionnel ou de reprise d’études. Mais il convient avant tout « de le faire adhérer », poursuit Mme Joly. « Nous ne pouvons pas le forcer s’il ne veut pas entrer en formation ». D’où l’enjeu d’une mission de repérage « périlleuse » avec des jeunes qui ont très souvent vécu leur scolarité comme un échec ou un rejet.

L’UNSA Education se félicite du nouveau rôle confié aux missions locales déjà engagées dans l’accompagnement des jeunes tout en s’interrogeant sur ce que recouvre la notion de « contrôle » qui leur est désormais dévolu alors que la démarche volontaire du jeune est jusqu’à présent le vecteur de sa réussite. De même, l’existence des différents réseaux de coopération des acteurs locaux et nationaux n’a été que trop peu évoquée par le texte de loi pour ne pas susciter des interrogations quant à leur devenir alors que toutes et tous s’accordent sur le fait qu’un partenariat resserré et bien articulé entre les différentes structures et institutions ne peut que favoriser un accompagnement efficace de ces jeunes en situation de grande fragilité. Enfin, notre union s’interroge sur le volet financier de l’obligation de formation, le PLF 2020 n’ayant apporté aucune précision sinon que l’enveloppe globale dédiée aux missions locales s’élève à 371 M€.