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Les métiers « autres qu’enseignants » doivent aussi être reconnus

L’UNSA Éducation attire l'attention du ministre sur les problématiques des personnels autres qu’enseignants de notre ministère. Souvent invisibles aux yeux de l’opinion, leur action est pourtant essentielle et leurs conditions de travail et de rémunération doivent être améliorées.

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Si les médias se sont emparés à juste titre des difficultés à disposer d’un nombre suffisant de personnels enseignants à la rentrée, les carences en personnels autres qu’enseignants n’ont pas ému aussi largement. Pourtant le système éducatif est un écosystème complexe qui ne fonctionne de façon satisfaisante qu’à la condition que l’ensemble des métiers soient en mesure de pouvoir contribuer à son équilibre.

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Pour l’UNSA Éducation, il y a un véritable dérèglement structurel. L’élément le plus emblématique concerne la médecine scolaire. La problématique dépasse la question de pourvoir les postes vacants. Elle est devenue bien plus grave : c’est la survie de la médecine scolaire qui est en jeu. Les conditions de rémunération et de travail des médecins de l’E.N. sont telles que l’on ne peut s’étonner que les postes, déjà trop peu nombreux, ne soient pas pourvus. On assiste à un abandon politique de la médecine scolaire. Ce qui signifie un abandon des élèves sur les questions de santé. Avec pour conséquences un accroissement des inégalités dans notre pays.

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Deuxième exemple pour illustrer ce dérèglement : l’incapacité, dans le périmètre de notre ministère, à obtenir le versement du complément de traitement indiciaire, pour ses personnels sociaux et de santé, qu’il s’agisse de ses infirmièr.e.s, de ses  assistant.e s social.e.s ou de ses médecins. Le message politique adressé à ces personnels est-il donc que leur travail mérite moins ce complément de traitement que celles et ceux qui exercent ailleurs ? Cette différence de rémunération en leur défaveur n’est pas acceptable et doit être résolue.

 

Autre élément de préoccupation pour l’UNSA Éducation : les difficultés que rencontre le ministère à trouver des agents aggravent la situation initiale en dégradant les conditions de travail des agents en postes, à l’instar des infirmières affectées à temps plein sur un établissement qui reçoivent des ordres de mission pour les enjoindre de partager leur service sur deux établissements. Idem pour les assistant.e.s de service social, appelé.e.s à intervenir, en plus de leur secteur déjà lourd, dans les établissements où les postes sont vacants. Lutter contre la pénurie en dégradant les conditions de celles et ceux qui sont encore là ne peut que dérégler davantage le système.

 

Des postes d’infirmières vacants, des postes d’assistantes sociales vacants, des professeurs non remplacés et ce sont autant d’éléments qui viennent à leur tour monopoliser l’attention des chefs d’établissement et les détournent de leurs missions de pilotage des établissements. Pour l’UNSA Éducation c’est l’une des autres formes du dérèglement structurel de notre ministère, qui détourne ses propres agents de leurs missions essentielles, à tel point que l’encadrement, y compris les corps d’inspection, n’est plus en mesure de faire sens et de donner du sens.

 

Pénurie aussi dans les services de personnels ingénieurs et techniques, dans les directions du numérique et les DSI, qui n’arrivent plus à pourvoir des postes mis au concours, de personnels de la filière laboratoire qui sont de moins en moins nombreux pour accompagner les enseignants, de personnels exerçant dans les services de reprographie ou plus largement dans les services techniques, dont les postes ne sont plus pourvus car non attractifs par rapport à ceux du privé ou d’autres ministères, et dont les conditions de travail ne sont toujours pas « améliorées ».

 

Enfin, last but not least. Le dérèglement structurel tient également à la sous administration endémique du ministère de l’éducation nationale. Le nombre d’agents à la charge de chaque gestionnaire de personnel est sans mesure avec les taux d’encadrement des autres ministères et sans commune mesure avec la charge de travail liée. Certains agents peuvent avoir plus de 600 dossiers en portefeuille à gérer, ce qui nous semble bien supérieur à ce qui est constaté dans les autres départements ministériels. De plus, la progression de nombre d’agents contractuels implique une gestion beaucoup plus chronophage que celles des agents titulaires dont la gestion est par principe collective.

 

Enfin, pour les établissements, l’accroissement du coût des denrées alimentaires et de l’énergie, cette dernière représentant aujourd’hui et à elle seule plus de la moitié du budget de fonctionnement des collèges et lycées, pourrait également tendre la situation financière des EPLE jusqu’à conduire, parfois à échéance de cette année 2022, à des situations d’insuffisance de trésorerie. Ainsi, des annonces comme celles du président de la République au sujet du fonds pédagogique exceptionnel de 500 millions pourrait ne pas se traduire dans les faits, certains établissements destinataires des fonds se voyant contraints de mobiliser leur trésorerie pour faire face à des charges de fonctionnement incompressibles, au détriment de la pédagogie.

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Pour l’UNSA Éducation, c’est à l’ensemble de ces dérèglements structurels qu’il est nécessaire de s’attaquer pour transformer les défis auxquels est confronté notre système éducatif. Cette dégradation sans précédents des conditions de travail se traduit par un accroissement des tensions dans les relations de travail, notamment avec la hiérarchie. Les inégalités se multiplient, la pression insupportable qui règne y compris sur les cadres se traduit par un système anxiogène pour tous, où les conditions d’une gestion humaines des ressources s’est évanouie.

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