Les jeux paralympiques, vitrine de l’inclusion par le sport
Les JO terminés, les jeux paralympiques s’avancent sous les feux de la rampe et montrent du sport de haut niveau d’autres visages que celui de la performance. « Le handicap doit être vu comme une diversité, un apprentissage de la tolérance », explique Yvan, venu témoigner au Conseil économique, social et environnemental (Cese) en cette fin de juin. « J’ai tellement construit avec le handicap. J’ai appris à voir les autres comme ils sont. » Des paroles qui font du bien à l’heure d’élections européennes (puis législatives quelques jours plus tard) profondément marquées par la montée de l’extrême-droite et ses propos régulièrement teintés d’exclusion et de discrimination.
Yvan Wouandji Kepmegni a 31 ans. D’origine camerounaise, il perd la vue alors qu’il est en CM1 à l ‘issue d’un décollement de la rétine. Il découvre la cécité en France, poursuit néanmoins ses études (il apprend le braille) et se lance dans le cécifoot. Il devient défenseur de l’équipe de France et gagne avec elle les titres de double champion d’Europe et de vice-champion paralympique en 2012.
De cette nouvelle vie, Yvan veut tirer le maximum d’expérience positive. Devenir non-voyant, c’est devenir au contraire voyant « autrement », voir ce qu’on ne percevait pas avant, ouvrir ses horizons autrement. « La discrimination naît de ces travers de la vue » où « chacun voit à sa manière », poursuit Yvan. Alors qu’« on a tous des handicaps, des différences ».
Outre le sport pratiqué en compétition, Yvan est éducateur sportif et promoteur de programme d’inclusion éducative. Celui qui estime « voir désormais plus loin » intervient dans les clubs, les écoles, où il déploie une pédagogie tournée vers l’altruisme, qu’il s’agisse d’origine, de genre, d’intégrité physique. « Je veux qu’on regarde le sport et le handicap autrement », assène Yvan, mais aussi :« dans mes ateliers, j’impose que les garçons jouent avec les filles ». Ou encore : « ce n’est pas le nom, la couleur de peau ou la religion qui fait la personne ».
Yvan promeut encore, derrière les valeurs humaines, que le cécifoot peut être une chance pour les personnes valides, voyantes, de découvrir leurs limites, et d’apprendre des non ou mal-voyants des qualités que ces derniers ont développé de manière aigüe, comme la perception de l’espace. Et que la pratique, la confrontation entre voyants et non-voyants, peut être cultivée comme un apprentissage à l’égalité des chances. Pour rappel, au cécifoot, le gardien n’a pas forcément de handicap visuel ; il participe à l’orientation de ses joueurs en zone défensive. Et en phase offensive, les joueurs sont assistés par un guide placé derrière les buts adverses. Le cécifoot est donc bien une histoire de rencontre et de partage entre les deux côtés du handicap.
Mais de ce sport importé du Brésil il y a 40 ans, « on ne valorise pas assez les compétitions », déplore Yvan. Qui en appelle à plus de reconnaissance publique, qui sait, à travers le tournoi paralympique qui se déroule sur le Champ de Mars du 1er au 7 septembre. Et Yvan de prodiguer l’adage, en guise de porte-drapeau paralympique : « aimons-nous comme nous sommes ».
L’UNSA Éducation souhaite que la tenue des jeux paralympiques entraîne une réelle portée de leur audience au-delà du cercle sportif. Car il y a, à travers ces compétitions, un réel message à faire passer du vivre-ensemble et de l’acceptation des différences dans notre société. Ce message d’espoir que ces sportifs porteurs de handicap véhiculent, sur et en dehors du terrain, nous voulons le relayer avec ferveur, d’autant plus que les politiques publiques et éducatives en faveur de l’inclusion et de la réussite de toutes et tous sont particulièrement fragilisées en cette période d’instabilité politique. Les valeurs républicaines d’égalité et de fraternité sont même profondément remises en question, ce qui doit être âprement dénoncé et combattu.