Les femmes en migration entre invisibilité et stéréotypes

Il apparaît à la lecture des titres d’ouvrages de la recherche que les femmes immigrées ont été longtemps absentes des réflexions sur l’immigration.

Il apparaît à la lecture des titres d’ouvrages de la recherche que les femmes immigrées ont été longtemps absentes des réflexions sur l’immigration.

Les études sur l’insertion économique et sociale des étrangers ne permettaient pas toujours de distinguer les femmes des hommes ou les femmes des enfants ; tandis que les ouvrages littéraires ou cinématographiques se sont longtemps intéressés essentiellement aux problématiques rencontrées par des héros masculins. En sciences humaines, les chercheur(e)s ont beaucoup fait référence aux travailleurs immigrés et leur famille, avec la supposition que les travailleurs étaient des hommes…

C’est à partir de la fin des années 1970 que les femmes immigrées font l’objet des recherches sur les migrations et à partir des années 2000 qu’un grand nombre d’ouvrages en sciences sociales sont consacrés au genre en migration.

Dans le domaine de l’art, on commence également à s’intéresser à elles, notamment au cinéma comme objet principale du sujet traité. Les femmes migrantes ont donc longtemps été invisibles dans le domaine de la recherche…

Pourtant pour la sociologue Mirjana Morokvasic, il semble que les hommes et les femmes donnent des réponses différents aux enquêtes sociologiques sur les motifs de départ, sur leur rapport au pays d’origine, sur le lien à l’égard de la famille et/ou des enfants restés au pays, sur l’expérience de la vie en migration, de la société, du travail, ou encore lorsqu’il s’agit du retour.

En outre, dans les medias et les débats politiques, les migrantes sont souvent présentées de façon stéréotypée. Elles sont présentées comme des mères, des femmes sans réelles qualifications qui ont suivi leur mari, qui ne maîtrisent pas la langue, soumises aux traditions patriarcales de leurs pays d’origine, qui sont employées comme nounous, ou s’occupent de personnes âgées, ou travaillant dans l’industrie du sexe… Pourtant, les études ont montré que les femmes migrent seules aussi, (65 % de l’émigration depuis les Philippines est féminine. En Italie, les femmes représentent 70 % des migrants d’Amériques latines.), avec leurs propres projets, pour trouver une situation à la hauteur de leurs diplômes, pour fuir une situation intenable, pour faire des études, trouver une vie meilleure, chercher une protection.

Par ailleurs, le HCNR* a montré que les femmes sont davantage victimes des routes migratoires. La difficulté à migrer rend de plus en plus dangereux l’exil. Les femmes en sont les premières victimes. Ceci n’est pas seulement le fait de quelques personnes peu scrupuleuses mais également le résultat de choix politique et géopolitique.

* Agence des Nations Unies pour les réfugiés.

Retrouver cet article dans Questions de Société n°14 : les migrations

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Il apparaît à la lecture des titres d’ouvrages de la recherche que les femmes immigrées ont été longtemps absentes des réflexions sur l’immigration.

Les études sur l’insertion économique et sociale des étrangers ne permettaient pas toujours de distinguer les femmes des hommes ou les femmes des enfants ; tandis que les ouvrages littéraires ou cinématographiques se sont longtemps intéressés essentiellement aux problématiques rencontrées par des héros masculins. En sciences humaines, les chercheur(e)s ont beaucoup fait référence aux travailleurs immigrés et leur famille, avec la supposition que les travailleurs étaient des hommes…

C’est à partir de la fin des années 1970 que les femmes immigrées font l’objet des recherches sur les migrations et à partir des années 2000 qu’un grand nombre d’ouvrages en sciences sociales sont consacrés au genre en migration.

Dans le domaine de l’art, on commence également à s’intéresser à elles, notamment au cinéma comme objet principale du sujet traité. Les femmes migrantes ont donc longtemps été invisibles dans le domaine de la recherche…

Pourtant pour la sociologue Mirjana Morokvasic, il semble que les hommes et les femmes donnent des réponses différents aux enquêtes sociologiques sur les motifs de départ, sur leur rapport au pays d’origine, sur le lien à l’égard de la famille et/ou des enfants restés au pays, sur l’expérience de la vie en migration, de la société, du travail, ou encore lorsqu’il s’agit du retour.

En outre, dans les medias et les débats politiques, les migrantes sont souvent présentées de façon stéréotypée. Elles sont présentées comme des mères, des femmes sans réelles qualifications qui ont suivi leur mari, qui ne maîtrisent pas la langue, soumises aux traditions patriarcales de leurs pays d’origine, qui sont employées comme nounous, ou s’occupent de personnes âgées, ou travaillant dans l’industrie du sexe… Pourtant, les études ont montré que les femmes migrent seules aussi, (65 % de l’émigration depuis les Philippines est féminine. En Italie, les femmes représentent 70 % des migrants d’Amériques latines.), avec leurs propres projets, pour trouver une situation à la hauteur de leurs diplômes, pour fuir une situation intenable, pour faire des études, trouver une vie meilleure, chercher une protection.

Par ailleurs, le HCNR* a montré que les femmes sont davantage victimes des routes migratoires. La difficulté à migrer rend de plus en plus dangereux l’exil. Les femmes en sont les premières victimes. Ceci n’est pas seulement le fait de quelques personnes peu scrupuleuses mais également le résultat de choix politique et géopolitique.

* Agence des Nations Unies pour les réfugiés.

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