Les enfants d’abord

Demain jeudi 5 novembre, sera la journée nationale contre le harcèlement à l'école. Une pratique discriminante et humiliante inacceptable vécue par trop d’enfants qu’il convient de faire cesser en leur permettant d’en parler afin que les adultes qui les entourent puissent agir.

Demain jeudi 5 novembre, sera la journée nationale contre le harcèlement à l’école. Une pratique discriminante et humiliante inacceptable vécue par trop d’enfants qu’il convient de faire cesser en leur permettant d’en parler afin que les adultes qui les entourent puissent agir.
Tel est le message essentiel de cette journée. Celui qu’il convient de ne pas oublier…même lorsque l’outil –ici en l’occurrence un film- créer pour porter ce message est maladroit et caricatural.

En effet le clip coproduit par la journaliste Mélissa Theuriau avec le soutien du groupe Walt Disney devant être diffusé à la télévision, puis au cinéma avant le film d’animation « Le voyage d’Arlo », n’est pas des plus pertinents. S’il met en scène un écolier, cible des boulettes et insultes de ses camarades, il montre aussi une maîtresse concentrée sur sa seule écriture au tableau, le dos tourné à sa classe et inattentive à ce qui se passe. Heureusement qu’une camarade réconforte l’enfant maltraité et lui murmure que ça doit s’arrêter, qu’il faut en parler…

Si tout ne peut être expliqué dans un film d’une minute destiné aux enfants de 7-11ans « car c’est à cet âge que le harcèlement débute« , comme le précise le ministère de l’Education nationale qui tente de justifier le contenu en soulignant que « dans la plupart des cas, les enfants n’en parlent pas aux adultes » et « les faits se déroulent lorsque ceux-ci ont le dos tourné« , ici l’aspect caricaturale de « cette classe à l’ancienne » dessert le propos. Et cela pour trois raisons principales :
– Tout d’abord parce qu’en mettant en scène une adulte inattentive aux enfants, le film occulte le fait que c’est justement de la part des adultes que l’aide peut venir ;
– Ensuite parce qu’il laisse penser que c’est justement à cause d’une mauvaise démarche pédagogique que le harcèlement est rendu possible, alors qu’il peut aussi exister alors même que sont mises en œuvre des pratiques d’apprentissage actives et participatives ;
– Enfin parce qu’il provoque « un bruit » dans la communication, sur lequel bon nombre de syndicats se sont allégrement concentrés, focalisant exclusivement la caricature malvenue et maladroite au risque d’en oublier les principaux concernées : les enfants victimes de harcèlement.

Une fois de plus, on ne peut que regretter que la construction de messages de communication, surtout lorsqu’ils doivent alerter dans un format court sur des situations complexes, ne fassent l’objet d’un travail coopératif.

Certes, l’action de tous les acteurs éducatifs qui « jouent évidemment un rôle fondamental, tant dans la prévention que dans la prise en charge du harcèlement », comme le rappelle le ministère, n’aurait certainement pas pu être montrée. Mais un échange avec des professionnels de l’éducation aurait certainement évité que certains enseignants puissent se sentir « blessés », la prise en compte de la parole et de la vision des enfants aurait également renforcé le message en le rendant plus pertinent et plus efficace.
 

Pour autant, la vidéo est loin d’être « hors sujet ». Elle dénonce un véritable problème contre pour lequel il y a urgence à agir en sensibilisant, certes l’ensemble des professionnels de l’éducation –pour lesquels d’ailleurs des outils ont été mis à leur disposition (formations, protocoles de prise en charge, ressources pédagogiques sur un site dédié créé par le gouvernement)- mais également et surtout les enfants eux-mêmes.

 

Denis ADAM, le 04 novembre 2015

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Demain jeudi 5 novembre, sera la journée nationale contre le harcèlement à l’école. Une pratique discriminante et humiliante inacceptable vécue par trop d’enfants qu’il convient de faire cesser en leur permettant d’en parler afin que les adultes qui les entourent puissent agir.
Tel est le message essentiel de cette journée. Celui qu’il convient de ne pas oublier…même lorsque l’outil –ici en l’occurrence un film- créer pour porter ce message est maladroit et caricatural.

En effet le clip coproduit par la journaliste Mélissa Theuriau avec le soutien du groupe Walt Disney devant être diffusé à la télévision, puis au cinéma avant le film d’animation « Le voyage d’Arlo », n’est pas des plus pertinents. S’il met en scène un écolier, cible des boulettes et insultes de ses camarades, il montre aussi une maîtresse concentrée sur sa seule écriture au tableau, le dos tourné à sa classe et inattentive à ce qui se passe. Heureusement qu’une camarade réconforte l’enfant maltraité et lui murmure que ça doit s’arrêter, qu’il faut en parler…

Si tout ne peut être expliqué dans un film d’une minute destiné aux enfants de 7-11ans « car c’est à cet âge que le harcèlement débute« , comme le précise le ministère de l’Education nationale qui tente de justifier le contenu en soulignant que « dans la plupart des cas, les enfants n’en parlent pas aux adultes » et « les faits se déroulent lorsque ceux-ci ont le dos tourné« , ici l’aspect caricaturale de « cette classe à l’ancienne » dessert le propos. Et cela pour trois raisons principales :
– Tout d’abord parce qu’en mettant en scène une adulte inattentive aux enfants, le film occulte le fait que c’est justement de la part des adultes que l’aide peut venir ;
– Ensuite parce qu’il laisse penser que c’est justement à cause d’une mauvaise démarche pédagogique que le harcèlement est rendu possible, alors qu’il peut aussi exister alors même que sont mises en œuvre des pratiques d’apprentissage actives et participatives ;
– Enfin parce qu’il provoque « un bruit » dans la communication, sur lequel bon nombre de syndicats se sont allégrement concentrés, focalisant exclusivement la caricature malvenue et maladroite au risque d’en oublier les principaux concernées : les enfants victimes de harcèlement.

Une fois de plus, on ne peut que regretter que la construction de messages de communication, surtout lorsqu’ils doivent alerter dans un format court sur des situations complexes, ne fassent l’objet d’un travail coopératif.

Certes, l’action de tous les acteurs éducatifs qui « jouent évidemment un rôle fondamental, tant dans la prévention que dans la prise en charge du harcèlement », comme le rappelle le ministère, n’aurait certainement pas pu être montrée. Mais un échange avec des professionnels de l’éducation aurait certainement évité que certains enseignants puissent se sentir « blessés », la prise en compte de la parole et de la vision des enfants aurait également renforcé le message en le rendant plus pertinent et plus efficace.
 

Pour autant, la vidéo est loin d’être « hors sujet ». Elle dénonce un véritable problème contre pour lequel il y a urgence à agir en sensibilisant, certes l’ensemble des professionnels de l’éducation –pour lesquels d’ailleurs des outils ont été mis à leur disposition (formations, protocoles de prise en charge, ressources pédagogiques sur un site dédié créé par le gouvernement)- mais également et surtout les enfants eux-mêmes.

 

Denis ADAM, le 04 novembre 2015