Le travail sous fortes chaleurs : les mesures de prévention
Toutes les activités, y compris les activités sédentaires, sont concernées par cette problématique.
Cela inclut bien entendu les cours en salle de classe ou le travail de bureau. Mais que dire des activités en extérieur comme l’éducation physique et sportive, ainsi que les travaux spécifiques dans les lycées professionnels ou agricoles (travaux en ateliers ou à l’extérieur, sur des machines outils, en fonderie, en soudage, …) ? Ajoutons à cela que parmi toutes ces tâches, certaines nécessitent des vêtements de protection peu compatibles avec des périodes caniculaires…
Les conséquences de travailler dans des conditions de forte chaleur peuvent être nombreuses et affecter aussi bien les élèves et les étudiants que les personnels. Outre des conditions d’apprentissage évidemment dégradées, les conséquences sur la santé sont multiples. Parmi elles, on retrouve la fatigue, les sueurs abondantes, les nausées, les maux de tête, les vertiges et les crampes. En cas d’exposition prolongée et intense à la chaleur, des problèmes plus graves peuvent survenir tels que les coups de chaleur, la déshydratation, les malaises cardiaques voire le risque de décès. Il ne faut pas non plus minimiser les risques accrus d’accidents du travail induits dans ces conditions.
Avant d’aborder les mesures qui peuvent être prises pour la population générale, il faut avoir à l’esprit qu’une partie de la population est hautement sensible à ces températures extrêmes. Une attention et des mesures particulières doivent être mises en place aux bénéfices des personnes fragiles ou ayant une pathologie préexistante les rendant plus vulnérables.
Afin de prévenir ces risques en population générale, il est essentiel de mettre en place des mesures de prévention adaptées. Au delà de conseils évidents mais indispensables comme boire et s’humidifier la peau, il existe bien d’autres actions à déployer. L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) préconise plusieurs actions pour lutter contre les effets de la chaleur au travail. Il est recommandé d’éviter ou au moins de limiter l’exposition à la chaleur en favorisant le travail à l’ombre ou en adaptant les horaires de travail. L’organisation du travail peut également être modifiée en augmentant la fréquence des pauses, en limitant le travail physique intense et en mettant en place une rotation des tâches. L’aménagement des locaux peut comprendre la création de zones de repos climatisées et une meilleure ventilation. De plus, il est important d’impliquer les représentants du personnel et le service de santé au travail dans ces démarches pour bâtir des accords. Celui récemment signé encadrant le télétravail dans les ministères de l’Éducation nationale et de la Jeunesse ainsi que celui des Sports en est un exemple concret (lire ici).
Cependant, il convient de souligner que le bâti scolaire actuel est souvent totalement inadapté aux fortes chaleurs. La climatisation des salles de classe et des bureaux peut sembler une solution envisageable, mais elle soulève des problèmes d’aberration énergétique et d’impact environnemental. Dans ce contexte, des alternatives telles que l’utilisation de brasseurs d’air ou de systèmes de ventilation naturelle, inspirés des pratiques tropicales, pourraient être envisagées. Il faut également remettre au goût du jour des pratiques ancestrales efficaces et durables, notamment lors des rénovations ou réhabilitations de bâtiments existants.
Il est également crucial de prendre en compte ces problématiques dès la conception des nouveaux établissements scolaires. Les architectes et les responsables de projets doivent intégrer des mesures d’adaptation aux fortes chaleurs, telles que l’orientation des bâtiments pour optimiser l’ensoleillement, l’utilisation de matériaux isolants et réfléchissants ayant une inertie importante, la création d’espaces extérieurs ombragés et végétalisés, la mise en place de systèmes de ventilation efficaces. Dans ce but, une collaboration entre les acteurs de l’éducation, les spécialistes de la santé et les experts en architecture est essentielle pour concevoir des infrastructures scolaires et du supérieur adaptées aux défis climatiques actuels et futurs.
Aujourd’hui déjà, demain encore davantage, le travail sous fortes chaleurs dans le monde de l’éducation représente un risque pour les personnels et les jeunes. Des mesures de prévention telles que celles préconisées par l’INRS doivent être mises en place pour éviter les conséquences néfastes sur la santé. De plus, il est important de repenser l’aménagement des locaux scolaires et de prendre en compte ces enjeux dès la conception des nouveaux établissements. Dans ce but, l’UNSA Education participe activement et reste force de proposition au sein du groupe de travail ministériel et des missions parlementaires sur le bâti scolaire. Une approche globale, impliquant tous les acteurs concernés, est nécessaire pour assurer un environnement de travail sûr et confortable, même lors des périodes de fortes chaleurs qui sont amenées à se multiplier.