Le socle commun dont l’École a besoin

Entre le 21 septembre et le 12 octobre prochains, les enseignants de primaire et de collège seront consultés sur le projet de socle commun de connaissances, de compétences et de culture proposé par la Conseil supérieur des programmes (CSP). Cette consultation individuelle sera préparée par une demi-journée d’échanges et de réflexion prise sur le temps scolaire.

Le projet du CSP ne répond ni aux urgences de refondation de l’École, ni aux besoins de réussite de tous les élèves, ni aux attentes d’aide et de cohérence des enseignants.
Les syndicats opposés au socle commun se réjouissent du projet du CSP car il ne changera rien aux contenus de la scolarité commune et n’exigera aucune modification des organisations et démarches pédagogiques.
La consultation doit donc, pour nous, être un véritable temps de travail, qui doit faire remonter un message fort d’insatisfaction débouchant sur une réorientation du projet. La DGESCO a élaboré un questionnaire professionnel qui pose des questions essentielles sur le projet du CSP : pertinence, opérationnalité, caractère évaluable des items.
L’UNSA Éducation appelle chacun, à sa place et dans ses fonctions, à se mobiliser pour que cette consultation soit organisée au mieux et débouche sur un socle utile !

Pourquoi un socle commun ?

Rendu illisible par la présentation du LPC, la notion de socle commun s’est noyée dans les méandres d’échanges parfois ésotériques, qui en ont fait oublier l’essentiel : malgré l’excellent travail mené par l’ensemble de ses personnels et en particulier par les enseignants, notre École peine à faire réussir tous les enfants et les jeunes qui lui sont confiées. Pire, elle crée de l’angoisse et de l’échec et renforce les inégalités.

Pourquoi ? La réponse est certainement multiple et complexe. Mais pour l’essentiel, le constat est que notre système scolaire est prioritairement construit sur une conception pyramidale : la formation d’une future élite, et que toute son organisation concours à préparer la réussite de ce petit nombre. Ainsi, si l’on caricature à peine, le programme des concours des grandes écoles donne la norme de ce qui doit être validé par l’obtention du bac S, donc on peut en déduire les programmes du lycée, par voie de conséquence, en découle ceux du collège… et ainsi de suite jusqu’à la petite section de maternelle. Or, nous le savons tous, si cette approche était adaptée et a fait ses preuves pour quelques belles réussites, il ne correspond plus aujourd’hui à la mission d’accueil, de réussite et d’émancipation de l’École, pour tous les enfants et les jeunes.
De plus, on repère facilement que c’est durant la période de la scolarité obligatoire que s’installent les ferments des échecs, les décrochages, les éléments qui conduisent à des orientations subies, des abandons prématurés de scolarité, des sorties du système scolaire sans aucune qualification.
La remédiation ne suffit plus. Il faut changer le système.

Comment ? Là encore pas de recette miracle, ni de discours simpliste… mais des pistes. Trois à construire et décliner.
La première consiste à concevoir une continuité de la scolarité obligatoire et donc à articuler école et collège : c’est l’École du socle commun. C’est le temps des apprentissages et des structurations, des renforcements. Les cycles, le conseil commun et donc la définition même du socle et des programmes qui en découlent donnent du sens à ce temps premier de l’éducation.
La seconde piste privilégie l’acquisition et le développement des compétences. Il ne s’agit en rien de nier la nécessité de connaissances, elles sont partie intégrante des compétences ; qui est une manière de les mobiliser (donc de les posséder et de les maitriser) afin de répondre à des situations. La transversalité, l’interdisciplinarité, l’ouverture sur des partenariats, les projets participent à ces développements.
La troisième piste articule cette acquisition de compétences avec l’évaluation.

Pourquoi le projet de socle du CSP ne convient pas ?
Le projet de définition du socle commun de connaissances, compétences et culture par le CSP est certes un texte intéressant. Mais il repose sur une approche faussé de ce que doit être le socle. Tout d’abord, il distingue connaissances et compétences sans les articuler et s’enferre dans une approche peu claire et opérationnelle de ce qu’est ou pourrait être la culture commune. Ensuite, il déconnecte les acquisitions et l’évaluation. Enfin, il présente une école idéale pour bons élèves : vision alléchante certes, mais peu opératoire pour toutes celles et ceux qui vivent au quotidien la vraie vie des vraies classes.

Ainsi, comme l’analyse le SE-Unsa, « si le projet de nouveau socle commun, définissant l’ensemble des objectifs de connaissances et de compétences que les élèves doivent maîtriser, était présenté comme le Livret Personnel de Compétences ?
Et bien on se rendrait compte rapidement de l’explosion des items (environ 160 !). Bien entendu, cette vision du LPC est une interprétation du socle du CSP, qui ne l’a pas pensé ainsi : les prescriptions ne sont pas évaluables, mais leur formulation diffère assez peu de ce qu’on peut retrouver dans un référentiel d’objectifs.
Cette comparaison formelle avec le socle de 2006 garde son intérêt car elle nous permet de poser aux CSP quelques questions toutes simples, auxquelles nous n’avons pas de réponse actuellement.
● Est-ce qu’on attend que les élèves maîtrisent vraiment tout cela ?
● Est-ce que ces prescriptions ne concernent que ce qui sera enseigné, mais pas forcément garanti ?
● Si tout cela doit être garanti aux élèves et maîtrisé par eux, comment va-t-on faire pour le mesurer ou l’évaluer ?
● Est-ce que cette liste ne s’adresse qu’aux concepteurs des programmes et ne concerne pas directement les élèves, qui auront des exigences autres ?
»

À la lecture de ces questions et de bien d’autres que peut susciter la découverte du document du CSP, on constate bien qu’il est indispensable d’y retravailler et de proposer des pistes pour sa réécriture.

Pour faire évoluer le projet lors de la consultation, il est indispensable de se demander :
– De quoi ont besoin les élèves en primaire et en collège ?
– Autour de quels piliers construire le socle ?
– Comment définir les compétences et les articuler avec les connaissances ?
– Comment les traduite en objectifs atteignables ?
– Comment les lier à leur évaluation ?
– Et quelles évaluations promouvoir ?
– De quoi les enseignants ont besoin pour :
               o Comprendre le socle commun ?
               o Ce qu’on attend d’eux dans sa mise en œuvre ?
               o Décliner le socle en travail du quotidien en clase, en cours ?
               o Mettre en œuvre une évaluation constructive et formative ?
– Comment se servir du socle pour mieux construire une continuité école/collège ?

Ces questionnements concernent les enseignants, mais pas exclusivement. Ils ne seront utiles que si les animateurs (IEN, chefs d’établissements…) jouent le jeu de conduire la réflexion sur les questions essentielles, les points de blocage, les outils indispensables à la mise en place du socle rénové.
Un enjeu d’avenir pour l’École.

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Entre le 21 septembre et le 12 octobre prochains, les enseignants de primaire et de collège seront consultés sur le projet de socle commun de connaissances, de compétences et de culture proposé par la Conseil supérieur des programmes (CSP). Cette consultation individuelle sera préparée par une demi-journée d’échanges et de réflexion prise sur le temps scolaire.

Le projet du CSP ne répond ni aux urgences de refondation de l’École, ni aux besoins de réussite de tous les élèves, ni aux attentes d’aide et de cohérence des enseignants.
Les syndicats opposés au socle commun se réjouissent du projet du CSP car il ne changera rien aux contenus de la scolarité commune et n’exigera aucune modification des organisations et démarches pédagogiques.
La consultation doit donc, pour nous, être un véritable temps de travail, qui doit faire remonter un message fort d’insatisfaction débouchant sur une réorientation du projet. La DGESCO a élaboré un questionnaire professionnel qui pose des questions essentielles sur le projet du CSP : pertinence, opérationnalité, caractère évaluable des items.
L’UNSA Éducation appelle chacun, à sa place et dans ses fonctions, à se mobiliser pour que cette consultation soit organisée au mieux et débouche sur un socle utile !

Pourquoi un socle commun ?

Rendu illisible par la présentation du LPC, la notion de socle commun s’est noyée dans les méandres d’échanges parfois ésotériques, qui en ont fait oublier l’essentiel : malgré l’excellent travail mené par l’ensemble de ses personnels et en particulier par les enseignants, notre École peine à faire réussir tous les enfants et les jeunes qui lui sont confiées. Pire, elle crée de l’angoisse et de l’échec et renforce les inégalités.

Pourquoi ? La réponse est certainement multiple et complexe. Mais pour l’essentiel, le constat est que notre système scolaire est prioritairement construit sur une conception pyramidale : la formation d’une future élite, et que toute son organisation concours à préparer la réussite de ce petit nombre. Ainsi, si l’on caricature à peine, le programme des concours des grandes écoles donne la norme de ce qui doit être validé par l’obtention du bac S, donc on peut en déduire les programmes du lycée, par voie de conséquence, en découle ceux du collège… et ainsi de suite jusqu’à la petite section de maternelle. Or, nous le savons tous, si cette approche était adaptée et a fait ses preuves pour quelques belles réussites, il ne correspond plus aujourd’hui à la mission d’accueil, de réussite et d’émancipation de l’École, pour tous les enfants et les jeunes.
De plus, on repère facilement que c’est durant la période de la scolarité obligatoire que s’installent les ferments des échecs, les décrochages, les éléments qui conduisent à des orientations subies, des abandons prématurés de scolarité, des sorties du système scolaire sans aucune qualification.
La remédiation ne suffit plus. Il faut changer le système.

Comment ? Là encore pas de recette miracle, ni de discours simpliste… mais des pistes. Trois à construire et décliner.
La première consiste à concevoir une continuité de la scolarité obligatoire et donc à articuler école et collège : c’est l’École du socle commun. C’est le temps des apprentissages et des structurations, des renforcements. Les cycles, le conseil commun et donc la définition même du socle et des programmes qui en découlent donnent du sens à ce temps premier de l’éducation.
La seconde piste privilégie l’acquisition et le développement des compétences. Il ne s’agit en rien de nier la nécessité de connaissances, elles sont partie intégrante des compétences ; qui est une manière de les mobiliser (donc de les posséder et de les maitriser) afin de répondre à des situations. La transversalité, l’interdisciplinarité, l’ouverture sur des partenariats, les projets participent à ces développements.
La troisième piste articule cette acquisition de compétences avec l’évaluation.

Pourquoi le projet de socle du CSP ne convient pas ?
Le projet de définition du socle commun de connaissances, compétences et culture par le CSP est certes un texte intéressant. Mais il repose sur une approche faussé de ce que doit être le socle. Tout d’abord, il distingue connaissances et compétences sans les articuler et s’enferre dans une approche peu claire et opérationnelle de ce qu’est ou pourrait être la culture commune. Ensuite, il déconnecte les acquisitions et l’évaluation. Enfin, il présente une école idéale pour bons élèves : vision alléchante certes, mais peu opératoire pour toutes celles et ceux qui vivent au quotidien la vraie vie des vraies classes.

Ainsi, comme l’analyse le SE-Unsa, « si le projet de nouveau socle commun, définissant l’ensemble des objectifs de connaissances et de compétences que les élèves doivent maîtriser, était présenté comme le Livret Personnel de Compétences ?
Et bien on se rendrait compte rapidement de l’explosion des items (environ 160 !). Bien entendu, cette vision du LPC est une interprétation du socle du CSP, qui ne l’a pas pensé ainsi : les prescriptions ne sont pas évaluables, mais leur formulation diffère assez peu de ce qu’on peut retrouver dans un référentiel d’objectifs.
Cette comparaison formelle avec le socle de 2006 garde son intérêt car elle nous permet de poser aux CSP quelques questions toutes simples, auxquelles nous n’avons pas de réponse actuellement.
● Est-ce qu’on attend que les élèves maîtrisent vraiment tout cela ?
● Est-ce que ces prescriptions ne concernent que ce qui sera enseigné, mais pas forcément garanti ?
● Si tout cela doit être garanti aux élèves et maîtrisé par eux, comment va-t-on faire pour le mesurer ou l’évaluer ?
● Est-ce que cette liste ne s’adresse qu’aux concepteurs des programmes et ne concerne pas directement les élèves, qui auront des exigences autres ?
»

À la lecture de ces questions et de bien d’autres que peut susciter la découverte du document du CSP, on constate bien qu’il est indispensable d’y retravailler et de proposer des pistes pour sa réécriture.

Pour faire évoluer le projet lors de la consultation, il est indispensable de se demander :
– De quoi ont besoin les élèves en primaire et en collège ?
– Autour de quels piliers construire le socle ?
– Comment définir les compétences et les articuler avec les connaissances ?
– Comment les traduite en objectifs atteignables ?
– Comment les lier à leur évaluation ?
– Et quelles évaluations promouvoir ?
– De quoi les enseignants ont besoin pour :
               o Comprendre le socle commun ?
               o Ce qu’on attend d’eux dans sa mise en œuvre ?
               o Décliner le socle en travail du quotidien en clase, en cours ?
               o Mettre en œuvre une évaluation constructive et formative ?
– Comment se servir du socle pour mieux construire une continuité école/collège ?

Ces questionnements concernent les enseignants, mais pas exclusivement. Ils ne seront utiles que si les animateurs (IEN, chefs d’établissements…) jouent le jeu de conduire la réflexion sur les questions essentielles, les points de blocage, les outils indispensables à la mise en place du socle rénové.
Un enjeu d’avenir pour l’École.