Le revenu universel de base, une mesure de transformation ?

Le gouvernement finlandais travaille en ce moment à l’instauration du « revenu universel de base ». Sa mise en place permettrait de verser un forfait de 800 euros à tous les finlandais adultes sans distinction et quels que soient leurs revenus.

Le gouvernement finlandais travaille en ce moment à l’instauration du « revenu universel de base ». Sa mise en place permettrait de verser un forfait de 800 euros à tous les finlandais adultes sans distinction et quels que soient leurs revenus.

Cette allocation pour tous comprendrait l’ensemble des aides sociales que verse actuellement l’État finlandais à ces citoyens. Grâce, entre autres, à cette mesure la Finlande entend lutter contre la pauvreté et le chômage de masse et espère également pouvoir relancer l’activité du pays. 69 % des Finlandais et la plupart des partis politiques soutiennent cette proposition.

C’est à Thomas Paine, anglais de la fin du XVIIIe siècle que l’on doit l’idée du « revenu de base ». Critique de la propriété foncière au nom du droit naturel que détiennent tous les hommes sur la terre, Thomas Paine imagine une indemnisation versée à tous, et financée par une taxe applicable aux propriétaires.

Aujourd’hui, appelée revenu universel de base, ou revenu d’existence, l’idée d’une allocation universelle d’un montant suffisant pour couvrir les besoins essentiels de chaque citoyen sans formalités ni conditions est reprise par plusieurs mouvements citoyens en Europe. En Espagne, le parti Podemos l’a inscrit à son programme. En mars 2015, la mention a un revenu universel a fait une courte apparition dans la liste des réformes présentée par le gouvernement grec Syrizia aux ministres des finances de la zone euro. En suisse, les députés ont été amenés à se prononcer en septembre dernier sur une proposition d’initiative populaire concernant l’instauration un revenu universel pour chaque citoyen : 2.500 francs suisses mensuels pour un adulte, 625 francs par enfant. La proposition a été rejetée cependant.

Hormis, en Alaska, avec le Permanent fund, qui permet de redistribuer également entre tous les citoyens les revenus de la rente minière et pétrolière,  le revenu universel n’a jamais été mis en œuvre. En 2013, la chercheuse Evelyn Forget, qui en a analysé les résultats, a constaté les effets positifs de cette mesure comme la baisse notable des hospitalisations et une augmentation des jeunes à poursuivre des études après le lycée. L’effet sur la « désincitation » au travail a été très faible.

En France, cette idée trouve de l’audience autant auprès de certains libéraux, qui y voient le moyen de limiter drastiquement la protection sociale, que d’anticapitalistes pour qui c’est au contraire une étape supplémentaire vers la socialisation des revenus.

Ces détracteurs sont également de tous bords. Robert Castel, sociologue du travail, voyait dans le revenu de base une « mauvaise utopie » car d’un montant trop faible, il risquait de permettre la rémunération à moindre coût des salariés « déjà partiellement rémunérés par un médiocre revenu de subsistance ». D’autres y voient la généralisation de l’assistanat.

Pour Jeremy Rifkin, économiste américain, le revenu universel est une réponse à la « destruction massive d’emplois que la robotisation et la numérisation sont en passe de provoquer ». Il est donc nécessaire aujourd’hui de séparer les revenus du travail. En donnant à chacun les moyens matériels suffisants pour vivre, cela permet de choisir avec plus de liberté son travail (dont la rémunération viendrait en sus) ou de ne pas travailler. Le revenu universel de base constitue alors une véritable reconnaissance d’autres de valeur que le capitalisme ne reconnaît pas comme le travail associatif, l’engagement…

Pour Bernard Maris, le revenu d’existence faisait partie d’une « utopie salutaire », qui nous oblige à réfléchir à cette question : serions-nous capables de faire société sans le travail ? Pour lui, « le revenu d’existence est, tout simplement, un droit à l’autonomie. »

Il apparaît aujourd’hui que le revenu universel de base doit être intégré dans des débats plus larges sur l’avenir de notre société et de notre rapport au travail comme un des moyens de répondre aux inégalités sociales et la destruction d’emploi…

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Le gouvernement finlandais travaille en ce moment à l’instauration du « revenu universel de base ». Sa mise en place permettrait de verser un forfait de 800 euros à tous les finlandais adultes sans distinction et quels que soient leurs revenus.

Cette allocation pour tous comprendrait l’ensemble des aides sociales que verse actuellement l’État finlandais à ces citoyens. Grâce, entre autres, à cette mesure la Finlande entend lutter contre la pauvreté et le chômage de masse et espère également pouvoir relancer l’activité du pays. 69 % des Finlandais et la plupart des partis politiques soutiennent cette proposition.

C’est à Thomas Paine, anglais de la fin du XVIIIe siècle que l’on doit l’idée du « revenu de base ». Critique de la propriété foncière au nom du droit naturel que détiennent tous les hommes sur la terre, Thomas Paine imagine une indemnisation versée à tous, et financée par une taxe applicable aux propriétaires.

Aujourd’hui, appelée revenu universel de base, ou revenu d’existence, l’idée d’une allocation universelle d’un montant suffisant pour couvrir les besoins essentiels de chaque citoyen sans formalités ni conditions est reprise par plusieurs mouvements citoyens en Europe. En Espagne, le parti Podemos l’a inscrit à son programme. En mars 2015, la mention a un revenu universel a fait une courte apparition dans la liste des réformes présentée par le gouvernement grec Syrizia aux ministres des finances de la zone euro. En suisse, les députés ont été amenés à se prononcer en septembre dernier sur une proposition d’initiative populaire concernant l’instauration un revenu universel pour chaque citoyen : 2.500 francs suisses mensuels pour un adulte, 625 francs par enfant. La proposition a été rejetée cependant.

Hormis, en Alaska, avec le Permanent fund, qui permet de redistribuer également entre tous les citoyens les revenus de la rente minière et pétrolière,  le revenu universel n’a jamais été mis en œuvre. En 2013, la chercheuse Evelyn Forget, qui en a analysé les résultats, a constaté les effets positifs de cette mesure comme la baisse notable des hospitalisations et une augmentation des jeunes à poursuivre des études après le lycée. L’effet sur la « désincitation » au travail a été très faible.

En France, cette idée trouve de l’audience autant auprès de certains libéraux, qui y voient le moyen de limiter drastiquement la protection sociale, que d’anticapitalistes pour qui c’est au contraire une étape supplémentaire vers la socialisation des revenus.

Ces détracteurs sont également de tous bords. Robert Castel, sociologue du travail, voyait dans le revenu de base une « mauvaise utopie » car d’un montant trop faible, il risquait de permettre la rémunération à moindre coût des salariés « déjà partiellement rémunérés par un médiocre revenu de subsistance ». D’autres y voient la généralisation de l’assistanat.

Pour Jeremy Rifkin, économiste américain, le revenu universel est une réponse à la « destruction massive d’emplois que la robotisation et la numérisation sont en passe de provoquer ». Il est donc nécessaire aujourd’hui de séparer les revenus du travail. En donnant à chacun les moyens matériels suffisants pour vivre, cela permet de choisir avec plus de liberté son travail (dont la rémunération viendrait en sus) ou de ne pas travailler. Le revenu universel de base constitue alors une véritable reconnaissance d’autres de valeur que le capitalisme ne reconnaît pas comme le travail associatif, l’engagement…

Pour Bernard Maris, le revenu d’existence faisait partie d’une « utopie salutaire », qui nous oblige à réfléchir à cette question : serions-nous capables de faire société sans le travail ? Pour lui, « le revenu d’existence est, tout simplement, un droit à l’autonomie. »

Il apparaît aujourd’hui que le revenu universel de base doit être intégré dans des débats plus larges sur l’avenir de notre société et de notre rapport au travail comme un des moyens de répondre aux inégalités sociales et la destruction d’emploi…