Le numérique ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt

Avec la “continuité pédagogique” et encore maintenant avec une scolarisation morcelée et hybride, on assiste à une focalisation généralisée sur le numérique dans tous les commentaires, analyses, revendications… 

Alors oui, certes, les questions autour des outils, des équipements des familles, de la capacité des enseignants et des élèves à prendre en main les logiciels… sont  réelles et importantes mais réclamer plus ou moins de numérique, de formation, d’outils efficaces et adaptés ne doit pas faire perdre de vue les réelles questions de fond que la crise en cours met en lumière. 

Ce qui se passe en ce moment remet en question notre École bien au delà du numérique. Quand un professeur est physiquement en classe, avec des élèves physiquement présents, dans une situation habituelle, il ne voit pas forcément ce qui lui a sauté aux yeux “à distance” et qui pourtant n’est pas nouveau. Ce n’est pas parce que le corps d’un élève est assis sur une chaise de la salle de classe qu’il est présent à ce qui s’y passe par exemple, il peut être tout aussi absent que celui dont on n’a pas eu de nouvelles pendant le confinement. De même, les inégalités qui se seraient creusées à cause du manque d’équipement des familles défavorisées sont déjà à l’oeuvre en situation ordinaire et il est plus que probable que le manque d’accompagnement des élèves par leurs parents et l’éloignement de la culture de l’école pèsent bien plus lourd que l’absence d’ordinateur et de connexion.

Bien sûr que les enseignants se sont interrogés à propos des outils à utiliser, des stratégies à mettre en oeuvre pour garder ou renouer le contact, sur la façon d’adapter leur enseignement pour que cela puisse fonctionner, au moins un peu, à distance, mais en fait ce qu’ils ont vraiment réinterrogé c’est :  

  • Qu’est-ce-qui est vraiment central et essentiel dans ce qui se joue à l’école ?
  • Comment motiver, accompagner et évaluer les élèves ?
  • Comment articuler groupes et individus ?
  • Comment créer un lien pédagogique et le maintenir ?
  • Comment gérer les différents temps et les différents espaces ?
  • Comment articuler travail en groupe et travail personnel ?
  • Comment trouver, choisir et utiliser des ressources pédagogiques efficacement ?
  • Comment ne pas aggraver les inégalités ?
  • Comment favoriser l’autonomie et la prise d’initiative ?
  • Comment associer les familles ?

Ces questions ne sont pas spécifiquement liées au numérique, même s’il peut rentrer en ligne de compte dans toutes ces questions, il n’en est ni l’Alpha ni l’Oméga ! Ces questions ont ressurgi à cause du caractère inédit de la situation mais on devrait en fait se les poser et reposer sans cesse, c’est sur CES questions qu’il nous faut avancer pour améliorer l’École au bénéfice de tous les élèves et de notre société. 

Alors ne nous trompons pas, ne nous laissons pas aveugler par la perspective des “États généraux du numérique éducatif” annoncés par le ministre, ni par ceux qui réclament à corps et à cris un “retour à l’humain et moins d’écrans”. Le numérique est là, il fait partie de notre contexte et de notre société, il n’est pas à opposer à l’humain puisque ce sont des humains qui le font et s’en servent, il n’est pas non plus LE problème ou LA solution à quoi que ce soit, il est juste là disponible pour ce que nous choisissons d’en faire individuellement et collectivement… veillons à ce qu’il ne soit pas l’arbre qui cache la forêt !

Image par Gerd Altmann de Pixabay

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Alors oui, certes, les questions autour des outils, des équipements des familles, de la capacité des enseignants et des élèves à prendre en main les logiciels… sont  réelles et importantes mais réclamer plus ou moins de numérique, de formation, d’outils efficaces et adaptés ne doit pas faire perdre de vue les réelles questions de fond que la crise en cours met en lumière. 

Ce qui se passe en ce moment remet en question notre École bien au delà du numérique. Quand un professeur est physiquement en classe, avec des élèves physiquement présents, dans une situation habituelle, il ne voit pas forcément ce qui lui a sauté aux yeux “à distance” et qui pourtant n’est pas nouveau. Ce n’est pas parce que le corps d’un élève est assis sur une chaise de la salle de classe qu’il est présent à ce qui s’y passe par exemple, il peut être tout aussi absent que celui dont on n’a pas eu de nouvelles pendant le confinement. De même, les inégalités qui se seraient creusées à cause du manque d’équipement des familles défavorisées sont déjà à l’oeuvre en situation ordinaire et il est plus que probable que le manque d’accompagnement des élèves par leurs parents et l’éloignement de la culture de l’école pèsent bien plus lourd que l’absence d’ordinateur et de connexion.

Bien sûr que les enseignants se sont interrogés à propos des outils à utiliser, des stratégies à mettre en oeuvre pour garder ou renouer le contact, sur la façon d’adapter leur enseignement pour que cela puisse fonctionner, au moins un peu, à distance, mais en fait ce qu’ils ont vraiment réinterrogé c’est :  

Ces questions ne sont pas spécifiquement liées au numérique, même s’il peut rentrer en ligne de compte dans toutes ces questions, il n’en est ni l’Alpha ni l’Oméga ! Ces questions ont ressurgi à cause du caractère inédit de la situation mais on devrait en fait se les poser et reposer sans cesse, c’est sur CES questions qu’il nous faut avancer pour améliorer l’École au bénéfice de tous les élèves et de notre société. 

Alors ne nous trompons pas, ne nous laissons pas aveugler par la perspective des “États généraux du numérique éducatif” annoncés par le ministre, ni par ceux qui réclament à corps et à cris un “retour à l’humain et moins d’écrans”. Le numérique est là, il fait partie de notre contexte et de notre société, il n’est pas à opposer à l’humain puisque ce sont des humains qui le font et s’en servent, il n’est pas non plus LE problème ou LA solution à quoi que ce soit, il est juste là disponible pour ce que nous choisissons d’en faire individuellement et collectivement… veillons à ce qu’il ne soit pas l’arbre qui cache la forêt !

Image par Gerd Altmann de Pixabay