Le jour des enfants

Aujourd’hui c’est le premier jour des vacances scolaires pour un peu moins de deux mois. Du coup, les élèves sont redevenus des enfants, des adolescents, des jeunes.

Le vocabulaire courant a retenu l’expression « jour des enfants » pour désigner en pleine semaine, la journée sans école. Elle fut le jeudi, puis le mercredi. Elle n’est plus maintenant que l’après-midi de ce mercredi.

Les enfants y ont-ils perdu du temps à eux pour autant ? Pas sûr.

Car, à bien y réfléchir, désigner par « jour des enfants » une journée sans école correspond souvent davantage à mettre en évidence la nécessité de s’en occuper -et donc de les occuper-, de trouver un mode de garde ou de prendre un temps partiel, de planifier autrement le temps journalier habituellement rythmé par les heures de classe, éventuellement complété par la cantine, la garderie du matin et du soir, l’étude (lorsqu’elle existait encore).

Ainsi le mercredi était jour de centre de loisir pour beaucoup et de multiples activités (sports, musique, voire catéchisme) pour d’autres. Peu de temps libre dans tout cela, si l’on nomme libres les moments sans contrainte durant lesquels on peut choisir ce que l’on veut faire et même décider de ne rien faire.

La réforme des rythmes éducatifs n’aura en ce sens guère modifié les choses. Pour les enfants fréquentant le centre de loisirs, celui-ci est réduit au mercredi après-midi, mais chaque autre soir de la semaine, ils retrouvent diverses animations. Pour les sur-occupés du mercredi, le planning des activités s’est décalé vers les fins de journées scolaires plus courtes. Pour ceux qui ne faisaient rien d’organisé, soit cela continue ainsi les soirs et mercredi après-midi, soit ils participent à certaines activités proposés dans le cadre périscolaire.

Ici ou là, on entend la critique d’activités peu intéressantes, voire « d’un seul temps de garderie ». Est-ce grave ? En fait le véritable risque est double :
– que les activités proposées soient entièrement tournées vers les apprentissages scolaires, comme un complément naturel et indispensable au travail en classe
– que, au cœur de toutes ces propositions pour occuper les enfants, l’essentiel soit oublié,  du temps pour l’enfant.

Le risque existe également pour les périodes de vacances dont « les grandes » d’été. Moins certainement pour ce qui est de prolonger l’année scolaire. On connait tous le sort des cahiers de vacances, toujours commencés, mais rarement terminés (pour ne pas dire vite abandonnés). Quant aux enfants prenant des cours l’été, ils ne sont majoritaires, heureusement.

Pour autant, rien ne garantit que, pour tous, vacances signifiera temps libre, temps sans contrainte, activité de libre choix.

Libérés des obligations scolaires, les élèves redevenus enfants ont besoin de pouvoir jouer et se reposer, faire « marcher » leur imaginaire et développer leurs connaissance du monde qui les entourent, être seul et partager avec d’autres, rencontrer des adultes et rester entre enfants, découvrir des activités nouvelles et prolonger celles qu’ils connaissent déjà et apprécient, de s’occuper et de ne rien faire…

C’est à tout cela –et certainement à bien d’autre chose encore, que sert le temps des vacances. A cette diversité, non imposée, mais choisie selon son envie, son humeur, son entourage, le temps qu’il fait, le lieu où l’on est,…

Cela n’empêche en rien que ce temps soit également éducatif. Car l’Education n’est pas que scolaire. Elle n’est pas faite que de programmes, de contenus, de disciplines. Elle est une démarche d’ouverture, de découverte de soi, des autres, du monde. Elle est une approche faite de curiosité, de rencontres, de choix. Elle est ce temps pour découvrir et pour approfondir, à son rythme, à sa manière, à loisir.

[C’est également ce que, modestement, je tente de mettre en évidence depuis bientôt trois ans en écrivant ce billet, justement, chaque mercredi, y compris durant les vacances.]

Voici donc le temps des vacances. Le temps sans école. En espérant que chaque jour, de ces presque deux mois, sera le jour des enfants.

 

Denis ADAM, le 6 juillet 2016
 

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Aujourd’hui c’est le premier jour des vacances scolaires pour un peu moins de deux mois. Du coup, les élèves sont redevenus des enfants, des adolescents, des jeunes.

Le vocabulaire courant a retenu l’expression « jour des enfants » pour désigner en pleine semaine, la journée sans école. Elle fut le jeudi, puis le mercredi. Elle n’est plus maintenant que l’après-midi de ce mercredi.

Les enfants y ont-ils perdu du temps à eux pour autant ? Pas sûr.

Car, à bien y réfléchir, désigner par « jour des enfants » une journée sans école correspond souvent davantage à mettre en évidence la nécessité de s’en occuper -et donc de les occuper-, de trouver un mode de garde ou de prendre un temps partiel, de planifier autrement le temps journalier habituellement rythmé par les heures de classe, éventuellement complété par la cantine, la garderie du matin et du soir, l’étude (lorsqu’elle existait encore).

Ainsi le mercredi était jour de centre de loisir pour beaucoup et de multiples activités (sports, musique, voire catéchisme) pour d’autres. Peu de temps libre dans tout cela, si l’on nomme libres les moments sans contrainte durant lesquels on peut choisir ce que l’on veut faire et même décider de ne rien faire.

La réforme des rythmes éducatifs n’aura en ce sens guère modifié les choses. Pour les enfants fréquentant le centre de loisirs, celui-ci est réduit au mercredi après-midi, mais chaque autre soir de la semaine, ils retrouvent diverses animations. Pour les sur-occupés du mercredi, le planning des activités s’est décalé vers les fins de journées scolaires plus courtes. Pour ceux qui ne faisaient rien d’organisé, soit cela continue ainsi les soirs et mercredi après-midi, soit ils participent à certaines activités proposés dans le cadre périscolaire.

Ici ou là, on entend la critique d’activités peu intéressantes, voire « d’un seul temps de garderie ». Est-ce grave ? En fait le véritable risque est double :
– que les activités proposées soient entièrement tournées vers les apprentissages scolaires, comme un complément naturel et indispensable au travail en classe
– que, au cœur de toutes ces propositions pour occuper les enfants, l’essentiel soit oublié,  du temps pour l’enfant.

Le risque existe également pour les périodes de vacances dont « les grandes » d’été. Moins certainement pour ce qui est de prolonger l’année scolaire. On connait tous le sort des cahiers de vacances, toujours commencés, mais rarement terminés (pour ne pas dire vite abandonnés). Quant aux enfants prenant des cours l’été, ils ne sont majoritaires, heureusement.

Pour autant, rien ne garantit que, pour tous, vacances signifiera temps libre, temps sans contrainte, activité de libre choix.

Libérés des obligations scolaires, les élèves redevenus enfants ont besoin de pouvoir jouer et se reposer, faire « marcher » leur imaginaire et développer leurs connaissance du monde qui les entourent, être seul et partager avec d’autres, rencontrer des adultes et rester entre enfants, découvrir des activités nouvelles et prolonger celles qu’ils connaissent déjà et apprécient, de s’occuper et de ne rien faire…

C’est à tout cela –et certainement à bien d’autre chose encore, que sert le temps des vacances. A cette diversité, non imposée, mais choisie selon son envie, son humeur, son entourage, le temps qu’il fait, le lieu où l’on est,…

Cela n’empêche en rien que ce temps soit également éducatif. Car l’Education n’est pas que scolaire. Elle n’est pas faite que de programmes, de contenus, de disciplines. Elle est une démarche d’ouverture, de découverte de soi, des autres, du monde. Elle est une approche faite de curiosité, de rencontres, de choix. Elle est ce temps pour découvrir et pour approfondir, à son rythme, à sa manière, à loisir.

[C’est également ce que, modestement, je tente de mettre en évidence depuis bientôt trois ans en écrivant ce billet, justement, chaque mercredi, y compris durant les vacances.]

Voici donc le temps des vacances. Le temps sans école. En espérant que chaque jour, de ces presque deux mois, sera le jour des enfants.

 

Denis ADAM, le 6 juillet 2016