Le bac pro a 30 ans et des défis restent à relever

Le bac pro a été crée en 1985 par le ministre de l’époque (JP Chevènement). Il avait pour objectif de fournir des ouvriers mieux qualifiés aux entreprises françaises mais aussi d’augmenter le nombre de bacheliers pour atteindre à terme les fameux 80 % d’une classe d’âge (*). Ce bac pro que les élèves passaient deux ans après avoir obtenu un BEP (soit quatre ans après la troisième) s’affichait clairement comme un diplôme permettant l’insertion dans le monde du travail. Les élèves, sélectionnés pour aller en bac pro, constituaient alors une sorte d’ « élite » de l’enseignement professionnel et trouvaient effectivement un emploi assez facilement après leur bac, notamment dans les filières industrielles.


Depuis la réforme de 2009 dite du « bac pro 3 ans », le nombre de bacheliers professionnels a fortement augmenté : on est passé de 119 000 en 2010 à 191 000 en 2014. C’est un point positif ! Malheureusement, la grave crise de l’emploi que connait notre pays depuis 2008, ne permet pas aux entreprises d’absorber l’afflux de ces diplômés. Les bacheliers pro étant, en outre, plus jeunes que leurs prédécesseurs, ils aspirent de plus en plus souvent à continuer leurs études. On estime actuellement à 48 % la proportion de bacheliers professionnels souhaitant poursuivre leurs études (17 % en 2000).

Par ailleurs, la population des élèves choisissant (ou orienté vers…) la voie professionnelle est sociologiquement marquée. Ces lycéens sont très majoritairement issus de familles populaires à revenus faibles. Ils sont donc peu mobiles et peu enclins à s’engager vers des études longues, ne serait-ce que par manque de moyens financiers. Assez logiquement, la poursuite d’étude la plus adaptée à ces profils semble être le BTS. Malheureusement, et même si des efforts ont été réalisés depuis 2014 pour faciliter leur accès, tous les candidats à un BTS titulaires d’un bac pro ne sont pas retenus. De plus, ceux qui intègrent ces filières y réussissent moyennement : 59 % des bacheliers pro obtiennent un BTS contre 84 % des titulaires d’un autre bac. Comme ceux qui s’inscrivent à l’université par défaut échouent à 97 %, il est temps de repenser l’accueil de ces bacheliers dans l’enseignement supérieur.

La ministre de l’Éducation nationale en est, semble-t-il, consciente. « Un jeune bachelier professionnel sur deux souhaite désormais poursuivre ses études. Et c’est là un défi que nous avons à relever ensemble : mieux prendre en compte cette aspiration des jeunes et mieux les préparer aux modalités pédagogiques de l’enseignement supérieur, qui lui aussi doit sans doute mieux adapter sa pédagogie à ces jeunes qu’il accueille de manière croissante« , déclare-t-elle dans son discours du 4 septembre 2015. La problématique est posée. C’est un vaste chantier lié à la mise en place du bac-3/bac+3 sur lequel il va falloir se pencher rapidement. L’UNSA Éducation est prête à faire des propositions pour avancer. Il en va d’une meilleure démocratisation de l’accès aux diplômes de l’enseignement supérieur.


(*) Cet objectif n’a, en fait, pas encore été atteint. On en était à 77,2 % en juin 2015 (39,5 % de bacheliers généraux, 15,5 % de bacheliers technologiques, 22,2 % de bacheliers professionnels).

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Le bac pro a été crée en 1985 par le ministre de l’époque (JP Chevènement). Il avait pour objectif de fournir des ouvriers mieux qualifiés aux entreprises françaises mais aussi d’augmenter le nombre de bacheliers pour atteindre à terme les fameux 80 % d’une classe d’âge (*). Ce bac pro que les élèves passaient deux ans après avoir obtenu un BEP (soit quatre ans après la troisième) s’affichait clairement comme un diplôme permettant l’insertion dans le monde du travail. Les élèves, sélectionnés pour aller en bac pro, constituaient alors une sorte d’ « élite » de l’enseignement professionnel et trouvaient effectivement un emploi assez facilement après leur bac, notamment dans les filières industrielles.


Depuis la réforme de 2009 dite du « bac pro 3 ans », le nombre de bacheliers professionnels a fortement augmenté : on est passé de 119 000 en 2010 à 191 000 en 2014. C’est un point positif ! Malheureusement, la grave crise de l’emploi que connait notre pays depuis 2008, ne permet pas aux entreprises d’absorber l’afflux de ces diplômés. Les bacheliers pro étant, en outre, plus jeunes que leurs prédécesseurs, ils aspirent de plus en plus souvent à continuer leurs études. On estime actuellement à 48 % la proportion de bacheliers professionnels souhaitant poursuivre leurs études (17 % en 2000).

Par ailleurs, la population des élèves choisissant (ou orienté vers…) la voie professionnelle est sociologiquement marquée. Ces lycéens sont très majoritairement issus de familles populaires à revenus faibles. Ils sont donc peu mobiles et peu enclins à s’engager vers des études longues, ne serait-ce que par manque de moyens financiers. Assez logiquement, la poursuite d’étude la plus adaptée à ces profils semble être le BTS. Malheureusement, et même si des efforts ont été réalisés depuis 2014 pour faciliter leur accès, tous les candidats à un BTS titulaires d’un bac pro ne sont pas retenus. De plus, ceux qui intègrent ces filières y réussissent moyennement : 59 % des bacheliers pro obtiennent un BTS contre 84 % des titulaires d’un autre bac. Comme ceux qui s’inscrivent à l’université par défaut échouent à 97 %, il est temps de repenser l’accueil de ces bacheliers dans l’enseignement supérieur.

La ministre de l’Éducation nationale en est, semble-t-il, consciente. « Un jeune bachelier professionnel sur deux souhaite désormais poursuivre ses études. Et c’est là un défi que nous avons à relever ensemble : mieux prendre en compte cette aspiration des jeunes et mieux les préparer aux modalités pédagogiques de l’enseignement supérieur, qui lui aussi doit sans doute mieux adapter sa pédagogie à ces jeunes qu’il accueille de manière croissante« , déclare-t-elle dans son discours du 4 septembre 2015. La problématique est posée. C’est un vaste chantier lié à la mise en place du bac-3/bac+3 sur lequel il va falloir se pencher rapidement. L’UNSA Éducation est prête à faire des propositions pour avancer. Il en va d’une meilleure démocratisation de l’accès aux diplômes de l’enseignement supérieur.


(*) Cet objectif n’a, en fait, pas encore été atteint. On en était à 77,2 % en juin 2015 (39,5 % de bacheliers généraux, 15,5 % de bacheliers technologiques, 22,2 % de bacheliers professionnels).