Analyses et décryptages

L’aide humaine ne peut suffire à mieux réussir l’éducation inclusive

En application de la loi du 11 février 2005, la scolarisation des élèves en situation de handicap est une mission collective et une obligation nationale. La mise en accessibilité du système éducatif ne peut être que plurielle. L’aide humaine en est une facette. Elle ne peut suffire à mieux réussir l’éducation inclusive, quand bien même les effectifs d’AESH grandissent chaque année. Les besoins sont tels qu’il est urgent de poser une véritable analyse avec les parties prenantes : ARS, Ministère de l’Éducation Nationale.

Le droit à l’éducation à honorer
 
Tous les enfants sont accueillis dans les écoles et les établissements à toutes les étapes de leur parcours scolaire, qu’elles se déroulent dans les classes ordinaires, les structures adaptées, les dispositifs spécialisés de l’Éducation nationale ou au sein des établissements médico-sociaux. La progression indéniable au cours des cinq dernières années du nombre d’enfants porteurs de handicaps inclus à l’école a entraîné une constante augmentation de personnels accompagnants (AESH). Ces accompagnants étaient 125 000, en 2021 (81000 en 2017 soit   35% de plus), pour 400 000 enfants scolarisés en situation de handicap (325 000 en 2017, +15%). Et pourtant, malgré une revalorisation récente de leurs grilles de salaires, ce sont toujours des métiers difficiles, peu reconnus et valorisés, peu formés, peu payés et soumis à obligation de temps partiel. Ce qui explique les difficultés pour trouver des candidat.es pour occuper les postes créés.
 
État défaillant

Les compensations nécessaires pour répondre aux besoins éducatifs particuliers sont multiples. L’État doit garantir le droit à compensation et permettre la mise en œuvre rapide des décisions de la commission des droits et de l’autonomie (CDA) par l’attribution des moyens financiers, matériels et humains nécessaires (pédagogiques, éducatifs, thérapeutiques, rééducatifs, aides techniques et humaines et d’accompagnement) et assurer l’équité de traitement sur l’ensemble du territoire. Ce n’est pas le cas actuellement.
Une réponse a été apportée de manière structurelle face à la forte hausse de besoins à compenser : la création du PIAL (Pôle Inclusif d’Accompagnement Localisé). Aujourd’hui, généralisés sur tous les territoires, il manque d’un cadrage national pour leurs fonctionnements ainsi que malheureusement de personnels dédiés et rémunérés en conséquence. Les PIAL ne font que tenter de gérer une situation de pénurie d’accompagnants dégradant ainsi les conditions de travail des personnels et n’apportant pas aux enfants la compensation à hauteur de la notification. Les PIAL n’ont donc rien résolu des difficultés inhérentes à la mise en œuvre massive du principe d’inclusion à l’école. Les situations de souffrance réelle qu’elle génère touchent à la fois, les enfants, les familles, les professionnels de l’éducation.

AESH, personnel requis pour toutes situations éducatives particulières ?

Tout enfant qui révèle des besoins éducatifs particuliers, ne relève d’une aide humaine en plus de son enseignant.e dans la classe. Or, le nombre de demandes de notification auprès des MDPH est en constante hausse. Le système génère ses propres dérives. Car le manque de personnels complémentaires de l’enseignement est criant, et a des conséquences désastreuses.
C’est l’école maternelle qui en premier lieu, accueille tous les enfants à besoins éducatifs particuliers ou perturbateurs pour lesquels aucun diagnostic n’a encore été posé. Les visites médicales et les dépistages par les médecins scolaires et les infirmier.ères sont des moments importants de l’évaluation des besoins d’accompagnement. L’Éducation nationale doit veiller à la présence de ces personnels indispensables et en nombre suffisant pour accompagner les équipes. Il en est de même pour les personnels de RASED (réseau d’aides composés d’enseignant.es spécialisé.es et de Psy-EN).
 
L’UNSA Éducation agit auprès du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse pour faire prendre conscience de tous les obstacles auxquels se heurtent les professionnels de l’éducation dans la mise en œuvre du principe d’inclusion. Ce sujet doit passer en haut de la pile ! La question est d’une grande complexité, elle ne peut se satisfaire de réponses chiffrées.  L’éducation inclusive doit se réussir en quantité et en qualité, cela passe par le partage des responsabilités, du secteur médico-social et de l’Ecole. Il est nécessaire de consolider et généraliser la formation des personnels, en collectifs inter-métiers pour partager les préoccupations chacun dans ses missions. L’éducation inclusive ce n’est pas seulement une présence à l’école, mais elle doit conjuguer présence, participation, et réussite pour viser une insertion dans la société lorsque les enfants concernés sortiront du système scolaire.

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