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La sobriété énergétique : si loin ou si proche ?

« La sobriété énergétique » : voici une expression que l’on que l'on entend beaucoup ces derniers temps dans les médias, les discours, les réformes, etc. Il convient alors d’essayer d’éclaircir un peu l’idée qui se développe derrière cette notion. Cette dernière est loin d’être simple lorsqu’on saisit à quel point elle concerne un ensemble de problématiques et de bouleversements problématiques et de bouleversements. À l’heure où l’on s’inquiète de savoir nous aurons du gaz et de l’électricité cet hiver, il faut regarder de plus près nos politiques énergétiques et voir comment les faire évoluer drastiquement. Rappelons-le, les énergies fossiles – pétrole, gaz et charbon – représentent toujours 80 % de l’énergie consommée dans le monde.

Par où commencer ? Les énergies fossiles.

Il faut déjà lever tout doute sur cette idée que nous n’avons pas encore tous les moyens d’aller vers une utilisation plus raisonnée des énergies : nous disposons déjà en théorie des moyens pour faire baisser de moitié ces émissions entre maintenant et 2030. La faisabilité n’est donc pas une utopie mais bien réelle.

     Ensuite, avec ces éléments en tête, il faut réduire l’utilisation des énergies fossiles qui sont les plus grandes destructrices de notre environnement. Cela implique d’arrêter notre dépendance à ces énergies, en libérer nos infrastructures et surtout ne pas laisser ces dernières fonctionner au-delà de leur durée de vie initiale. Comme le dit Céline Guivarch dans une interview du Monde[1] , « Si on les utilise (les infrastructures) jusqu’à la fin de leur durée de vie technique, on sature déjà en termes d’émissions le budget qui nous permet de rester sous 1,5 °C d’augmentation de la température du globe ». Il faut donc cesser d’investir encore sur les énergies fossiles qui sont et seront déjà responsables de la dégradation du climat sur du long terme.

     En outre, passer à la sobriété énergétique n’est pas un problème de ressources financières : les pouvoirs publics doivent pouvoir revoir la répartition. Le problème de la « sobriété énergétique » n’est donc pas un manque d’argent mais un défaut d’orientation des flux de capitaux disponibles. Les politiques doivent revoir la répartition des financements afin de permettre cette transition vers des solutions durables et d’éviter le pire.

Enfin, commencer par-là, c’est non seulement s’engager à tenir les objectifs de la France dans la lutte contre le réchauffement climatique mais c’est aussi se préoccuper des inégalités sociales et résoudre de nombreux problèmes de santé.

 

Et si on va plus loin ? Une expression à étages multiples.

S’il s’agit de revoir notre rapport aux ressources fossiles en atteignant l’étape de la sobriété énergétique, pour la communauté d’expert·es et de scientifiques, l’expression va encore plus loin.

     Si l’on cite la définition donnée par le rapport du GIEC[2], la sobriété est « l’ensemble des politiques, des mesures, des pratiques quotidiennes qui permettent d’éviter des demandes d’énergie, de matériaux, de biens, de terre, tout en assurant le bien-être de tous les humains dans les limites planétaires ». Cette expression va donc au-delà des questions politiques et englobe de nombreux paramètres allant du comportement du consommateur, aux gestes des ménages, à l’industrie, à la santé ou encore à la justice sociale. Il s’agit donc d’un effort pour tous et toutes et d’un sujet dont chaque strate de la société doit s’emparer. C’est une définition englobante qui montre qu’à chaque niveau des choses doivent être mises en place.

     La sobriété énergétique implique donc indirectement la réduction de nos dépenses en ressources, mais aussi l’efficacité car le temps compte et il faut agir vite et bien. Ce n’est pas uniquement moins consommer mais consommer mieux pour que tout soit plus durable, comme par exemple aider les ménages financièrement s’ils entreprennent des travaux d’isolation ou de rénovation. Cela peut améliorer la qualité de vie, voire réduire certaines factures au quotidien sur le moyen terme. Il faut sortir de cette image de la sobriété contraignante, qui ne montre qu’une voie, celle de la décroissance et de la privation. La sobriété peut être positive.

     L’image négative que l’on peut en avoir peut faire peur à la population. Cette sobriété nous oblige à repenser nos modes de vie, les objets que nous utilisons, à nous interroger sur nos pratiques et changer nos habitudes. Ces changements requièrent des politiques volontaristes pour permettre d’enclencher les investissements, les aides, mais aussi pour s’assurer que personne n’est laissé sur le chemin.

La sobriété énergétique implique donc de sortir de l’individualisme pour impliquer chacun·e dans un mouvement collectif. Chacun·e doit prendre part à cette grande transformation car elle donne un rôle fort au collectif : notre projet syndical vise à réussir l’urgente transition écologique pour construire un monde plus juste et solidaire mettant l’humain et son environnement au cœur.

Pour aller plus loin :
Sobriété énergétique et élargissement du forfait mobilité durable : l’UNSA, votre alliée du quotidien

Les revendications de l’UNSA Fonction Publique  dans ce domaine

 

[1] Céline Guivarch, Le Monde « On continue à trop investir dans les énergies fossiles », 20 août 2022.

[2] Le rapport du Giec https://www.vie-publique.fr/en-bref/284713-nouveau-rapport-du-giec-des-solutions-face-au-rechauffement-climatique

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