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La semaine en 4 jours, je tente ou pas ?

Le gouvernement a lancé une expérimentation qui teste une organisation du travail sur quatre jours pour les agents de la fonction publique. Avoir un avis éclairé et prendre sa décision en connaissance de cause, l’Unsa Éducation vous aide.

Une sémantique importante : semaine « en » et non « de 4 jours »

Le projet de la semaine de travail de quatre jours telle que mis en place par le gouvernement prévoit pour les fonctionnaires une réorganisation du temps de travail, sans réduire le volume annuel de 1607 heures. Concrètement, cela signifie que les fonctionnaires travailleront le même nombre d’heures, mais réparties sur quatre jours au lieu de cinq.

Pour qui ?

Cette nouvelle organisation du travail concernera tous les agents publics (stagiaires, titulaires et contractuels) mais ne s’appliquera pas aux professions disposant d’obligations réglementaires de service (ORS), telles que les enseignants, ou jouissant d’une certaine autonomie pour effectuer leurs missions, comme les assistantes sociales ou les personnels d’encadrement.

Des aspects positifs évidents

L’expérimentation de la semaine en 4 jours présente des avantages qui apparaissent évidents pour tous :

  • Un meilleur équilibre vie professionnelle/vie Personnelle : vous pourriez bénéficier d’une meilleure répartition entre votre vie professionnelle et votre vie privée.
  • Améliorer l’attractivité de la fonction publique. Une réduction de la durée hebdomadaire de travail pourrait significativement rehausser l’attrait de la fonction publique, offrant ainsi une solution partielle aux défis de recrutement actuels et peut-être aussi en les fidélisant.
  • Améliorer la productivité. Des études anglaises (1) et islandaises (2) suggèrent que des semaines de travail plus courtes, comme une semaine en 4 jours, peuvent mener à une augmentation de la productivité. Les employés, plus reposés et concentrés pendant leurs heures de travail produiraient davantage.
  • Des économies pour tous. La diminution d’un jour de travail limiterait notamment les frais et temps de déplacement, de parking. Les locaux de travail seraient rentabilisés car l’espace par jour pourrait être contraint, le besoin en surface diminuerait donc. En outre, l’employeur ferait en conséquence des économies sur l’électricité, le chauffage …

Des effets positifs à nuancer

S’il est facile d’imaginer les avancées que représente la semaine en 4 jours, vous devez garder à l’esprit qu’elle comporte également des contreparties à prendre en compte dont

  • L’intensification du travail : la concentration des heures de travail sur quatre jours pourrait accroître la charge de travail quotidienne, entraînant une augmentation du stress et de la fatigue, chacun a une résistance différente.
  • L’impact possible sur la vie sociale : des journées de travail plus longues pourraient limiter le temps disponible pour les activités sociales et familiales quotidiennes les concentrant que sur une seule journée. Un nouveau rythme est donc à trouver pour vous et votre entourage.
  • Les conséquences possibles sur la santé : un allongement des heures de travail journalières est associé à des risques accrus pour la santé, tels que des troubles cardiovasculaires et psychologiques, pouvant mener à une usure professionnelle prématurée selon certaines recherches scientifiques (3).
  • Les difficultés probables de garde d’enfants : les horaires étendus pourraient ne pas correspondre aux heures d’ouverture des structures d’accueil pour enfants, compliquant l’organisation familiale. Ceci peut également engendrer des coûts supplémentaires à prendre en compte. La nécessité de s’informer au préalable est essentielle pour éviter les mauvaises surprises.

Parmi les autres impacts de la semaine en 4 jours, on peut citer également une optimisation non souhaitée des espaces de travail, réduisant les bureaux pour économiser des coûts ou n’affectant plus un bureau par agent cette mesure se combinant avec le télétravail, pendant de l’avantage énoncé ci-dessus.

Des sentiments d’inégalités accrues entre les personnels peuvent également surgir. Certains pouvant ne pas bénéficier équitablement de la mesure ou bénéficiant d’un jour non travaillé qu’ils n’auront pas choisi au contraire de son collègue. Enfin, la semaine en quatre jours pourrait remettre en question le télétravail, réduisant sa pratique et impactant les accords existants. En outre, il pourrait aussi avoir une modification du nombre de jours de congés référencés, le jour libéré étant comptabilisé comme jour non contraint, en dehors de toute relation hiérarchique.

La semaine en 4 jours présente donc son lot d’avantages et d’inconvénients. Cependant, il est essentiel que la réalité soit présentée avec nuance, loin de l’idéalisation excessive présentée par le gouvernement.

Des garanties pour l’agent surveillées par l’UNSA Éducation

Pour l’UNSA Éducation, il est important que les agents puissent choisir leurs modalités de travail au regard de leur rythme familial ou personnel. L’Unsa Éducation et ses syndicats resteront vigilants à ce qu’aucune pression de quelque nature que ce soit ne puisse s’exercer. La décision de l’agent doit être libre et éclairée et son choix respecté. Le droit d’option relatif à la modalité du travail en 4 jours doit être immédiat et garanti. Comme doit l’être le droit de retour si l’agent souhaite revenir à la semaine de travail de cinq jours.

Enfin, l’UNSA Éducation demande une communication transparente et sans ambages. Il est impératif que les annonces soient claires et explicites. Seule une communication honnête permettra de prendre des décisions éclairées et de maintenir un environnement de travail sain et respectueux des besoins de chacun.

contact : fp@unsa-education.org

  • Une étude menée par Jean-Emmanuel de Neve, professeur associé à l’Université d’Oxford, a observé les employés de British Telecom travaillant quatre jours par semaine. Les résultats ont montré que les employés étaient plus heureux et plus productifs, avec une amélioration notable dans la qualité des appels et la satisfaction des clients
  • Entre 2015 et 2019, environ 2500 Islandais ont participé à des expériences pour évaluer l’effet d’une semaine de travail plus courte sur la productivité. La réduction de la semaine de travail de 40 heures à 35 ou 36 heures n’a entraîné aucune baisse de productivité, tandis que le bien-être des travailleurs s’est amélioré, notamment en termes de stress perçu et d’épuisement professionnel
  • BANNAI A, TAMAKOSHI A -The association between long working hours and health: a systematic review of epidemiological evidence. Scand J Work Environ Health. 2014 ; 40 (1) : 5-18

 

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