La force… des mots justes

Il est des jours où les mots s’imposent. Avec plus ou moins de gravité, d’opportunité, de justesse. Ce 16 décembre, nouvel épisode de « Star wars » oblige, au mot « force » nul n’échappera.

Il est des jours où les mots s’imposent. Avec plus ou moins de gravité, d’opportunité, de justesse. Ce 16 décembre, nouvel épisode de « Star wars » oblige, au mot « force » nul n’échappera.

Etrangeté de l’actualité, ce mot apparaît en cette fin d’année alors que la violence aura été terrible et que le vocabulaire de guerre émaille nos média quotidien. Les « forces de frappe », les « forces de l’ordre », la « force de résister », autant d’usage de ce terme qui disent le malaise, le mal-être de la société dans laquelle nous vivons et sur lesquels, nous avons parfois tant de mal à mettre des mots.

Trop facile en effet de considérer -comme dans la saga de Georges Lucas, rachetée par Disney- notre monde coupé en deux et résumé par le choix simpliste de son côté entre le bon ou l’obscur. Cette vision manichéiste et fausse, portée en tête par des États-Unis persuadés d’incarner l’aspect positif de la force, aura été largement destructrice ces dernières années. Le monde est plus complexe que cela et tous ceux qui tentent de le simplifier en une face claire et une face sombre pourraient dire aux terroristes « je suis ton père… », tant leur responsabilité est grande, même si elle n’est pas la cause de tout.

Lorsqu’il faut dire la complexité du monde et que nos pensées peinent à l’exprimer, il nous reste les mots, les mots forts, les mots justes.

On sait combien ils auront été utiles en ces temps troublés. Nombres d’enseignants, d’animateurs, d’éducateurs, de parents ont permis aux enfants et aux jeunes de dire, d’écrire pour ne pas garder sur le cœur des ressentis trop forts, des poids trop insupportables, des angoisses indicibles.
Les mots, parfois hésitants, souvent touchants, mais toujours justes, ont cette capacité à nous aider à dire et à nous libérer.

Ils ont aussi le pouvoir de nous projeter, de nous permettre d’imaginer demain, de nous inviter à construire un avenir meilleur.

Bien entendu, certains peuvent continuer à se payer de mots, se confondant en promesses de changement qui n’engagent que ceux qui les croient -nos politiciens semblent s’en être joués durant ces dernières semaines d’élection. Ils ne duperont personne très longtemps. Les prenant au mot, les citoyens risquent rapidement de leur demander des comptes. Leur incapacité à sortir de leurs postures, ne ferait alors que renforcer le malaise de la démocratie et les progrès de l’extrémiste identitaire.

La véritable force n’est pas violence et vitupération. Elle n’est ni dans le silence ni dans le mensonge. Elle est dans la recherche des mots humbles, des mots sincères qui cherchent à traduire et à comprendre les sentiments, analyser les causes d’échec, proposer des pistes d’évolutions.

Plus que le manque de vocabulaire, il est parfois inquiétant de constater les confusions de sens, les mots pris pour des autres, l’absence de définition ou la confiscation des mots pour en changer la signification… Or lorsque « les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté » affirme un dicton.

Ce qui est indispensable pour nos dirigeants l’est tout autant, pour tous, dans le quotidien de la vie de tous les jours.

Comme éducateurs, il nous revient de contribuer à rendre aux mots leurs sens et leur pouvoir d’agir sur la transformation du monde. Il nous faut redonner aux mots leur force et permettre à chacune et chacun de regagner, par eux, la liberté de penser et d’agir.

Que la force soit avec toute et tous… la force des mots justes.

 

Denis ADAM, le 16 décembre 2015

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Il est des jours où les mots s’imposent. Avec plus ou moins de gravité, d’opportunité, de justesse. Ce 16 décembre, nouvel épisode de « Star wars » oblige, au mot « force » nul n’échappera.

Etrangeté de l’actualité, ce mot apparaît en cette fin d’année alors que la violence aura été terrible et que le vocabulaire de guerre émaille nos média quotidien. Les « forces de frappe », les « forces de l’ordre », la « force de résister », autant d’usage de ce terme qui disent le malaise, le mal-être de la société dans laquelle nous vivons et sur lesquels, nous avons parfois tant de mal à mettre des mots.

Trop facile en effet de considérer -comme dans la saga de Georges Lucas, rachetée par Disney- notre monde coupé en deux et résumé par le choix simpliste de son côté entre le bon ou l’obscur. Cette vision manichéiste et fausse, portée en tête par des États-Unis persuadés d’incarner l’aspect positif de la force, aura été largement destructrice ces dernières années. Le monde est plus complexe que cela et tous ceux qui tentent de le simplifier en une face claire et une face sombre pourraient dire aux terroristes « je suis ton père… », tant leur responsabilité est grande, même si elle n’est pas la cause de tout.

Lorsqu’il faut dire la complexité du monde et que nos pensées peinent à l’exprimer, il nous reste les mots, les mots forts, les mots justes.

On sait combien ils auront été utiles en ces temps troublés. Nombres d’enseignants, d’animateurs, d’éducateurs, de parents ont permis aux enfants et aux jeunes de dire, d’écrire pour ne pas garder sur le cœur des ressentis trop forts, des poids trop insupportables, des angoisses indicibles.
Les mots, parfois hésitants, souvent touchants, mais toujours justes, ont cette capacité à nous aider à dire et à nous libérer.

Ils ont aussi le pouvoir de nous projeter, de nous permettre d’imaginer demain, de nous inviter à construire un avenir meilleur.

Bien entendu, certains peuvent continuer à se payer de mots, se confondant en promesses de changement qui n’engagent que ceux qui les croient -nos politiciens semblent s’en être joués durant ces dernières semaines d’élection. Ils ne duperont personne très longtemps. Les prenant au mot, les citoyens risquent rapidement de leur demander des comptes. Leur incapacité à sortir de leurs postures, ne ferait alors que renforcer le malaise de la démocratie et les progrès de l’extrémiste identitaire.

La véritable force n’est pas violence et vitupération. Elle n’est ni dans le silence ni dans le mensonge. Elle est dans la recherche des mots humbles, des mots sincères qui cherchent à traduire et à comprendre les sentiments, analyser les causes d’échec, proposer des pistes d’évolutions.

Plus que le manque de vocabulaire, il est parfois inquiétant de constater les confusions de sens, les mots pris pour des autres, l’absence de définition ou la confiscation des mots pour en changer la signification… Or lorsque « les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté » affirme un dicton.

Ce qui est indispensable pour nos dirigeants l’est tout autant, pour tous, dans le quotidien de la vie de tous les jours.

Comme éducateurs, il nous revient de contribuer à rendre aux mots leurs sens et leur pouvoir d’agir sur la transformation du monde. Il nous faut redonner aux mots leur force et permettre à chacune et chacun de regagner, par eux, la liberté de penser et d’agir.

Que la force soit avec toute et tous… la force des mots justes.

 

Denis ADAM, le 16 décembre 2015